Donald Trump a signé vendredi un décret interdisant aux immigrés arrivés clandestinement aux Etats-Unis d’y demander l’asile, mais le texte a été aussitôt contesté en justice. A compter de samedi, les demandes d’asile ne pourront être formulées que par des étrangers dont l’arrivée a été enregistrée aux postes frontières. Les mouvements de défense des droits des immigrés reprochent à l’administration américaine d’avoir délibérément ralenti le traitement des entrées aux points de passage, ce qui contraint les prétendant au statut de réfugié à attendre des jours voire des semaines pour formuler leurs demandes. «Je viens de signer le décret sur l’asile – très important. Les gens peuvent venir mais ils doivent le faire par les points d’entrée», a déclaré le président des Etats-Unis, s’adressant à la presse avant de partir pour Paris, où il doit participer aux commémorations de l’armistice de 1918.
D’autres mesures restreignant le droit d’asile avaient été annoncée jeudi. Trump a fait de la lutte contre l’immigration l’un des thèmes-phare des élections de mi-mandat qui se sont déroulées mardi. A quelques jours du scrutin, il a notamment fait appel à l’armée pour assurer la sécurité à la frontière sud des Etats-Unis, vers laquelle se dirigent plusieurs milliers de marcheurs partis d’Amérique centrale. Le décret qu’il a signé vendredi sera en vigueur pendant 90 jours, à moins qu’un accord sur le renvoi de demandeurs d’asile ne soit conclu avant la fin de ce délais avec le Mexique. Des négociations en ce sens ont eu lieu cette année avec les autorités mexicaines, mais rien n’indique qu’un tel accord puisse être conclu.
AVERTISSEMENT DU HCR
Trois mouvements de défense des droits civiques ont saisi le tribunal fédéral de San Francisco pour contester le décret et réclamer une injonction suspensive. «La nouvelle interdiction d’asile du président Trump est illégale. Ni le président ni les membres de son gouvernement ne peuvent outrepasser les dispositions claires de la loi américaine, or c’est exactement ce qu’ils tentent de faire», s’indigne Omar Jadwat, de l’Union américaine des libertés civiles, dans un communiqué. Le Haut Commissariat de l’Onu aux réfugiés (HCR) a quant à lui invité les Etats-Unis à veiller à ce que toute personne fuyant la violence ou la persécution, qui a besoin de la protection du statut de réfugié, puisse le recevoir rapidement et «sans entrave», conformément au droit international. «La sécurité nationale et l’accueil digne des réfugiés et des demandeurs d’asile ne s’excluent pas l’un l’autre, mais se renforcent mutuellement», ajoute-t-il dans un communiqué.
Selon Stephen Yale-Loehr, professeur à la Cornell Law School, les autorités américaines pourraient avoir du mal à justifier les problèmes de sécurité nationale invoqués à l’appui de ce décret. «Le droit international nous oblige par ailleurs à ne pas renvoyer des personnes dans un pays où elles craignent d’être persécutées», a-t-il souligné. L’administration Trump a déjà pris plusieurs mesures draconiennes contre l’immigration, mais la justice américaine a rejeté le «Travel Ban» que le président avait décrété l’an dernier pour empêcher les immigrés en provenance de pays majoritairement musulmans d’entrer sur le territoire américain. L’abrogation du programme lancé par Barack Obama pour empêcher l’expulsion des centaines de milliers d’immigrés arrivés clandestinement aux Etats-Unis alors qu’ils étaient mineurs a également été récusée jeudi par une cour d’appel fédérale de Californie. Avant de prendre l’avion pour Paris, où il assistera aux cérémonies de commémoration du 11-Novembre, Donald Trump s’est félicité de cette décision, qui permettra selon lui à son gouvernement de saisir la Cour suprême, où les juges conservateurs sont nettement majoritaires.