L’attentat de Charlie Hebdo qui avait suscité l »émotion, notamment chez les dessinateurs tunisiens, est toujours au coeur de l’actualité. Ainsi, six romanciers, dont certains de renom, ont décidé de boycotter le gala d’une société littéraire américaine pour protester contre son choix d’attribuer une récompense pour la liberté d’expression au magazine satirique français Charlie Hebdo.
L’auteur australien Peter Carey, le Canadien Michael Ondaatje, le Britannique Taiye Selasi ainsi que les Américains Francine Prose, Teju Cole et Rachel Kushner ne participeront pas au gala annuel du PEN American Center, qui doit se tenir le 5 mai, a révélé le New York Times dimanche. Le premier, qui a remporté deux fois le prestigieux Booker Prize, a expliqué au quotidien américain qu’en décidant d’attribuer cette récompense, le PEN allait au-delà de son rôle traditionnel de défense de la liberté d’expression contre la censure gouvernementale. Ces écrivains ont fait part de leur décision ce week-end, un mois après l’annonce par la société de sa volonté de rendre hommage à Charlie Hebdo. De son côté, la romancière Rachel Kushner a dénoncé l’ »intolérance culturelle » de Charlie Hebdo et sa promotion « d’une sorte de vision laïque forcée ». « Ces dernières années, le magazine a multiplié les provocations racistes et islamophobes », avait également écrit Teju Cole dans un article paru peu après les
événements dans le New Yorker.
« Il y a eu beaucoup d’échanges animés sur

les réseaux sociaux ce matin et cela peut être sain mais pour nous, PEN est une grande maison et il y a beaucoup de chambres pour les opinions divergentes », a tempéré Suzanne Nossel, directrice générale de la société, ajoutant qu’elle « respecte les convictions » des frondeurs. Le PEN American Center s’attendait « à un certain degré de controverse » lors de sa décision le mois dernier, mais pas à cette « intensité », a-t-elle déploré.
Plus tôt, la société avait répondu sur son blog qu’elle ne pensait pas que Charlie Hebdo avait l’intention « d’ostraciser ou d’insulter les musulmans, mais plutôt de rejeter avec force la tentative d’une petite minorité d’extrémistes de poser des limites à la liberté d’expression ». « Nous serons désolés de ne pas voir ceux qui ont choisi de ne pas assister au gala », qui attend quelque 800 écrivains, éditeurs et soutiens.
l B. S.