Etats-Unis – Russie, prolongation des discussions à Genève

Etats-Unis – Russie, prolongation des discussions à Genève

Le deuxième round de négociations entre Russes et Américains sur l’avenir des accords START 1 de désarmement nucléaire s’est prolongé mercredi à Genève en début d’après-midi dans la plus stricte confidentialité.

Vers 11H15 GMT, « les discussions n’étaient pas terminées », a indiqué à l’AFP une source diplomatique russe. Elles devaient se conclure vers 10H00 GMT à la mission russe, avait indiqué précédemment cette source, qui n’a pas souhaité commenter cette prolongation.

Les deux missions étaient injoignables vers 12H00 GMT pour donner plus de précisions.

Réunis depuis lundi à Genève, Russes et Américains ont observé durant ces trois jours le mutisme le plus strict sur le contenu des discussions devant prolonger le Traité de réduction des armes stratégiques de 1991 (START 1), qui a conduit à amputer d’un tiers les arsenaux nucléaires russes et américains et arrive à échéance le 5 décembre.

Déjà, lors du premier tour de discussions organisé à Moscou les 19 et 20 mai, les commentaires avaient été laconiques, la partie russe se contentant de l’estimer « constructif » et même « réussi ».

Les deux parties se sont manifestement entendues pour réserver les annonces aux chefs d’Etat russe et américain, Dmitri Medvedev et Barack Obama qui doivent se rencontrer dans un peu plus d’un mois.

Le Kremlin a fait savoir mardi qu’il n’excluait pas un accord de principe d’ici la visite du président Obama, attendu du 6 au 8 juillet à Moscou, tout en reconnaissant qu’ »un processus compliqué de négociations (était) en cours ».

Les complications viennent notamment, selon les observateurs, de la question du projet américain de bouclier antimissile en Europe officiellement destiné à faire rempart contre une éventuelle attaque iranienne mais que Moscou perçoit comme une menace.

La Russie voudrait intégrer le sujet dans les pourparlers sur START 1 consacrés en principe au plafonnement des ogives nucléaires des deux pays. Un cadre jugé inapproprié par la Maison Blanche.

Cette dernière ne serait en revanche pas contre le principe d’abandonner ce projet « considéré inefficace par les experts et très coûteux », explique un spécialiste français du désarmement du Centre de politique de sécurité à Genève.

Une issue sur le thème devrait, selon lui, pouvoir ainsi se dessiner, Barack Obama proposant par exemple une « évaluation commune du risque » avec la Russie permettant de repousser aux « calendes grecques » le projet soutenu par les Républicains.

Mais en attendant la résolution de cette question, le temps presse pour trouver un accord sur START 1 d’ici la fin de l’année comme promis par les deux pays.

D’autant que les questions techniques ne manquent pas pour cet accord laissé en désuétude durant l’administration Bush en froid avec la Russie.

Moscou voudrait notamment que la réduction des ogives ne comprenne pas seulement les têtes déployées mais aussi celles mises en réserve et que les vérifications soient agréées par les deux parties.

L’ampleur elle-même du plafonnement n’est pas claire de même que son délai d’application, certains experts parlant d’une limitation à quelque 1.000/1.500 ogives (contre 1.700 à 2.200 prévu dans l’accord SORT de 2002 ayant succédé à START 1).

En tout état de cause, l’engagement politique fort des deux parties marquant la relance de leurs relations indique qu’elles feront « tout leur possible pour y arriver d’ici la fin de l’année », explique encore le spécialiste qui a requis l’anonymat.

Elles pourraient opter, selon lui, pour « un accord intermédiaire » ouvrant la voie à une négociation plus approfondie.