Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense, dévoile les orientations budgétaires de la Défense américaine. Un budget de 496 milliards de dollars.
Même s’ils garderont la capacité de se battre sur deux fronts à la fois, les Etats-Unis n’ont plus l’intention de s’impliquer dans des conflits longs et coûteux comme en Irak et en Afghanistan.
A l’origine de la révision de la stratégie militaire US : la diminution du budget des forces armées de 1000 milliards de dollars sur 10 ans conformément à la loi sur le budget fédéral adoptée en 2011 par le Congrès et la vision du président Obama des tâches du Pentagone : plus jamais de guerre d’occupation et nécessité de remporter une victoire rapide dans une guerre, puis, avec des renforts, anéantir, en cas de second conflit, l’ennemi.
Selon Chuck Hagel le budget du Pentagone qui a doublé depuis 2011, va connaître une baisse durable. Principale victime de cette coupe drastique en attendant d’autres : l’armée de terre. Ses effectifs seront réduits dans les prochaines années de 520.000 actuellement à 440.000-450.000 hommes en 2017, le chiffre le plus bas depuis 1940. Elle comptait 6 millions de soldats pendant la Seconde Guerre mondiale, 1,6 million pendant la guerre de Corée et du Vietnam et 566.000 hommes en 2011.
La Garde nationale (355.000 pour la composante terrestre) et la réserve (205.000 hommes) perdront 20.000 et 10.000 soldats. Le corps des Marines perdra lui aussi 10.000 pax pour revenir à 182.000 hommes. Seules les forces spéciales connaitront une augmentation : plus de 3.700 hommes pour arriver à 69.700. « Nous n’allons plus dimensionner nos effectifs pour des opérations de stabilisation, une armée de cette taille est trop grande par rapport aux besoins de notre stratégie de défense.
Ce corps sera toujours capable de se battre sur deux fronts à la fois mais ne pourra plus entrer dans une longue guerre d’occupation », explique le vétéran de la guerre du Vietnam. Décodé, les Etats-Unis qui ont compris que les conflits interétatiques majeurs appartiennent au passé, veulent aujourd’hui un format plus resserré de leur armée et surtout capable de vaincre d’une façon décisive. Au niveau des moyens et des programmes d’armement, la fin du futur engin blindé, Ground Combat Vehicle censé remplacé les Strykers. La flotte d’hélicoptères de l’US Army va baisser de 25% et celle de la Garde nationale de 8%. Les programmes phares de l’Air Force, comme le chasseur F-35, le futur bombardier à long rayon d’action ou le futur avion-ravitailleur KC-46 sont préservés.
Le rythme d’achats de F-35 va être ralenti : 24 exemplaires en moins d’ici 2019. Les 326 avions d’attaque au sol A-10 achetés en grand nombre pendant la guerre froide pour lutter contre les chars soviétiques, vont être retirés du service. L’avion-espion U2 va être remplacé par des drones d’observation Global Hawk, capables de poursuivre leur mission sans interruption pendant plus de 24 heures. L’Air Force devra ralentir ses achats de drones Reaper et limiter à 55 (contre 65) le nombre de patrouilles de combat. La marine, elle, maintiendra ses 11 porte-avions. La moitié sera « mise de côté » dans l’attente de leur modernisation. Une décision devra être prise en 2016 sur le retrait du service de l’USS George-Washington ou son envoi dans un chantier naval pour une refonte à mi-vie. En jeu : six milliards de dollars. Elle achètera chaque année deux destroyers et deux sous-marins d’attaque. « Notre armée restera conséquente en volume.
Et elle sera rapide. Elle sera performante. Elle sera moderne. Elle sera préparée », déclare Hagel. Et de préciser : « Les forces d’opération spéciales vont être restructurées pour gérer promptement les opérations de contre-terrorisme et les conflits régionaux ». Selon le général à la retraite Pavel Zolotarev, directeur adjoint de l’Institut des Etats-Unis et du Canada, la nouvelle posture US après l’Irak et l’Afghanistan se traduira par des préparations minutieuses des conflits et des guerres préliminaires avec des moyens non armés, notamment l’information.
Djamel Boukrine