En Virginie, les partisans des ar- mes à feu n’ont jamais été aus- si heureux et ces Américains n’hésitent pas à «faire valoir leur droit» d’exhiber leur arme en public.
Dans une pizzeria de Falls Church, dans la banlieue de Washington, des membres de la ligue d’auto-défense de Virginie (VCDL) célèbrent, l’arme à la ceinture, l’adoption prochaine d’une mesure libéralisant le port d’armes dans les bars et restaurants de cet Etat de la côte Est.
«Posséder une arme devient de plus en plus populaire», assure Philip Van Cleave, président de la VCDL, un semi-automatique de calibre 40 à la ceinture.
La crainte de voir l’administration Obama modifier la législation sur les armes dans un sens restrictif, qui a dopé les ventes après l’élection du premier président noir, a fait place au soulagement: «Jusqu’ici, il n’a rien fait qui justifie qu’on s’inquiète», affirme à l’AFP M. Van Cleave.
L’administration démocrate a même donné son feu vert au port d’armes dans les parcs nationaux et dans les trains (dans ses bagages).
Quant à la Cour suprême, après avoir autorisé les armes de poing à Washington, elle envisage d’étendre ce droit aux rares Etats ou communes où il est limité.
«C’est Obama qui a fait le plus pour nous dans l’histoire récente», affirme John Pierce, co-fondateur du réseau internet Opencarry. org, qui milite pour le droit de porter une arme de façon visible. Aux EtatsUnis, où circulent 200 millions d’armes pour 300 millions d’habitants, seulement sept Etats interdisent de porter une arme chargée en public.
En Virginie, Etat très libéral en la matière, l’arme doit se porter visible, à moins de ne pas avoir un permis pour la dissimuler, mais dans les bars et restaurants qui servent de l’alcool, on est obligé de montrer son équipement.
Cette mesure devrait pourtant bientôt changer, permettant au consommateur de porter un revolver sous le veston.
«Porter une arme est un droit constitutionnel et il faut l’utiliser, sinon on va nous le retirer», affirme Rose Brahin, une retraitée de 64 ans, un revolver dans son holster et un badge sur la poitrine: «Les armes sauvent des vies».
Des drames comme la fusillade de Virginia Tech où un étudiant déséquilibré a tué 31 personnes en 2007, n’ébranlent pas ses convictions: «si tous les étudiants avaient eu une arme sur le campus, il y aurait eu moins de morts».
«Je porte une arme visible pour montrer mon soutien au deuxième amendement qui garantit notre droit d’avoir une arme», affirme Elizabeth Webb, 23 ans, étudiante, un 38 Smith and Wesson à la taille.
Comme les autres personnes interrogées, elle ne s’en est jamais servie mais se dit prête au pire: «il est de notre responsabilité de nous défendre dans le cas d’une attaque», dit-elle, ajoutant qu’elle a regretté une seule fois de ne pas avoir d’arme lorsqu’un individu, en France, l’a importunée dans un train.
«Les gens ne remarquent même plus» l’arme à la ceinture, assure Ray Fary, 53 ans, «c’est un accessoire comme un autre, comme un téléphone».
Certains se sont pourtant émus récemment en Virginie et en Californie en manifestant devant des cafés Starbucks pour enjoindre, en vain, la chaîne à ne pas servir de consommateurs armés. «Je ne trouve pas qu’avoir un voisin, un revolver à la ceinture à la table d’à côté soit le meilleur moyen de prendre tranquillement un café», regrette Jill Lucas, de Protest Easy Guns, une association contre la libéralisation des armes.
Une inquiétude partagée en Virginie par les chefs de la police qui voient dans le feu vert aux armes dissimulées dans les bars «la recette d’une catastrophe».
Par Virginie Montet de l’AFP