Etats généraux du sport algérien: Des recommandations dans les tiroirs du MJS

Etats généraux du sport algérien: Des recommandations dans les tiroirs du MJS

Kamel Mohamed

Etats généraux du sport algérien: Des recommandations dans les tiroirs du MJS

  Le ministère de la Jeunesse et des Sports a organisé, le week-end dernier à Alger, les états généraux du sport ou ce qui est communément appelé les assises du sport national en Algérie. C’était l’occasion de réunir les experts et autres spécialistes pour faire le diagnostic du sport d’élite en Algérie et corriger les erreurs commises depuis des années. Toutefois, les états généraux du sport algérien pourraient connaître le même sort que le symposium sur la relance du football national, organisé par la FAF en décembre 2017.

La FAF a attendu une longue année pour remettre au MJS une copie des recommandations du symposium. La FAF aura perdu toute une année pour le faire. Une cérémonie solennelle a été organisée en décembre dernier, soit une année après, au siège du ministère de la Jeunesse et des Sports pour que le président de la FAF remette au ministre un document contenant les recommandations du symposium. Cela se passe à l’ère des nouvelles technologies de la communication, sachant que ces recommandations auraient pu être transmises au MJS en un clic. En ce sens, au lieu d’établir un bilan exhaustif d’une année d’application des recommandations du symposium, la FAF et le MJS ont fait dans le folklore en organisant une cérémonie de remise des recommandations. Il faut reconnaître que sur le terrain, le symposium sur la relance du football national n’a pas mis fin ou atténué la violence dans les stades et n’a pas relancé le professionnalisme ou relevé le niveau du football national dont la situation a empiré sur tous les plans, notamment en matière de gestion et de corruption.

Les états généraux du football risquent de connaître le même sort, sauf que ceux-là continueront d’être organisés au niveau des wilayas et des régions. Le MJS a cru innover en inversant la pyramide, c’est-à-dire tenir les états généraux au niveau central puis les décentraliser en organisant des réunions régionales. Or, le mal du sport en Algérie est diagnostiqué depuis une belle lurette. Les anciens champions qui ont honoré l’Algérie au niveau mondial et continental ont été formés au niveau de la base, dans des associations sportives, l’école ou l’université. Les Moussa, le regretté Soltani (boxe), Morceli, Boulmerka, Guerni, Benida Merrah, Makhloufi (athlétisme), Iles, Kebbab (natation) avaient bénéficié d’un encadrement à la base avant de devenir champions et pouvaient former d’autres champions si des imposteurs n’avaient pas infesté le sport algérien. Si la pratique de l’athlétisme est généralisée à toutes les régions du pays, notamment dans les spécialités du fond et du demi-fond, les autres disciplines sportives sont l’apanage de certaines régions. Dans les années 1980 et 1990, il y avait des pôles de développement spécifiques à certaines spécialités.

Pour la boxe, il y avait des pôles de développement à Oran, Béjaïa et Boudouaou, la gymnastique à Saïda, Tlemcen et Aïn Témouchent, l’haltérophilie à Barika (Batna), le basket-ball à Boufarik et Annaba, le volley-ball à Médéa, le cyclisme à Blida et le karaté à l’Ouest, notamment la ville de Sidi Bel-Abbes qui a enfanté le champion du monde Reda Benkaddour, alors que le handball était développé dans toutes les régions, au même titre que le football. Le MJS n’avait pas vraiment besoin d’organiser les états généraux du sport, mais il fallait revenir aux fondamentaux du sport en Algérie en relançant les anciens pôles de développement tout en donnant davantage de moyens aux clubs et associations sportives formateurs au niveau de la base.  C’est ainsi que l’on pourra construire une élite à même de représenter les couleurs nationales dans les compétitions mondiales. Mais c’est le contraire qui se produit actuellement avec l’abandon du sport scolaire et universitaire, alors que les clubs qui étaient multidisciplinaires sont devenus des clubs de football budgétivores. L’Algérie n’arrive plus à organiser un championnat de handball ou de volley-ball quand on sait que les arbitres de volley ne sont pas payés, alors que leur indemnité est modique, 1.500 DA par match.

En somme, le sport algérien a signé son acte de décès depuis qu’une nouvelle race de dirigeants a investi les différentes disciplines sportives, non pas pour les développer, mais pour participer à des compétitions internationales et bénéficier de voyages et de prises en charge aux frais de l’Etat. C’est ce qui s’était passé lors des derniers jeux Olympiques à Rio de Janeiro quand les accompagnateurs étaient plus nombreux que les athlètes.