Les premiers états généraux de la société civile algérienne se sont ouverts, hier à Alger, en présence d’un millier de participants de divers horizons professionnels, sous le signe d’un nouveau système de gouvernance basé sur le principe de la libre parole.
C’est un véritable exercice de démocratie participative dédié à une écoute authentique et directe de toutes les franges de la société que le Palais des nations a connu hier à la faveur de l’ouverture des travaux des états généraux de la société civile.
Cet événement inédit dans l’histoire de l’Algérie indépendante auquel sont conviés plus de 1 100 participants représentant des organisations syndicales et patronales, des groupements socioprofessionnels, des associations de jeunesse, des sociétés savantes, des cercles de réflexion, et des représentants du monde de la culture et des médias, se déroulera sur trois jours et sous forme de cinq ateliers.
Il s’agit d’un rendezvous indispensable afin de relancer les activités des organisations sociales et syndicales et rendre sa vitalité et sa pertinence à la société civile qui a été tant limitée à être un porte-voix du pouvoir en laissant en marge les préoccupations et les aspirations des populations.
La volonté à mettre fin à cet état de fait a été parfaitement exprimée par le président de la République, initiateur de ces assises de la société civile. «Le président de la République m’a demandé de transmettre à l’ensemble des participants son sentiment intime de soutien et d’écoute.
Il entend, en particulier, libérer la parole de la société civile dans l’ordre d’un nouveau système de gouvernance pour dire que nous sommes dans une approche de la base vers le sommet», a affirmé le président du Conseil national économique et social (Cnes), Mohamed Seghir Babès, lors de l’allocution d’ouverture. «Le Président nous a offert l’opportunité d’ouvrir le débat sur des questions fondamentales en faisant participer toutes les potentialités nationales en toute transparence et liberté d’expression», a souligné Babes.
«Il s’agit d’un nouveau modèle de gouvernance qui nous est ainsi proposé», a résumé en substance Mohamed Seghir Babès le message du Président. Il dira, par ailleurs, que « c’est une déclinaison du «Printemps arabe » que nous vivons à ciel ouvert et en temps réel.
Un exercice inédit de la démocratie participative où la liberté d’expression et le débat contradictoire seront le socle sur lesquels s’arcboutera les recommandations des ateliers.
Il convient de signaler que durant ce premier jour, aucun officiel algérien de haut rang n’a pris part aux travaux comme pour laisser, symboliquement, la société civile à ses responsabilités. Toutefois, un bon nombre de personnalités étrangères ont répondu favorablement à l’invitation du Cnes.
Jean Paul Carteron, président de Crans-Montana à qualifié ces premières assises de la société civile d’initiative extraordinaire, unique et historique, avant d’affirmer qu’il s’agit d’un événement qui traduit parfaitement la ferme volonté du président de la République à ouvrir le débat autour de la société civile.
Par ailleurs, il a tenu à mettre en évidence les fractures sociales provoquées par la crise économique mondiale, aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays émergents et ses influences sur le déclenchement des soulèvements populaires de part le monde.
«Étant donné que l’économie a été complètement déconnectée du territoire et de la réalité humaine, tous les pays du monde sans aucune exclusion vont être frappés, à des degrés différents, par des révolutions », a mis en garde Jean-Paul Carteron qui recommande de mettre en urgence l’économie au service des populations et non un apanage d’un groupuscule anonyme.
Antonio Marzano, président du Conseil d’administration de l’Association internationale des Conseils économiques et sociaux et des institutions similaires (Aicesis), a soutenu de son côté, que «la démocratie n’est guère une formule qu’on peut importer et faire réfléchir sur une autre société. Chaque peuple est appelé à suivre son propre parcours pour atteindre cette visée».
Un processus démocratique, poursuit-il, doit être généré d’un débat et d’une maturité sociale dont la contribution de la société civile, avec toute sa diversité et ses spécifiques, est primordiale. Le président de l’Aicesis qui voit dans le Printemps arabe, un signe d’espoir pour tout pays aspirant à un meilleur avenir, a martelé que «ces états généraux de la société civile peuvent être constitués en instrument efficace pour définir la démarche à suivre pour s’acheminer vers davantage de démocratie en Algérie».
Dans le même contexte, Michel Kamano, président de l’Union des conseils économiques et sociaux et institutions similaires d’Afrique (Ucesa) a mis l’accent dans son intervention sur la problématique de la gouvernance en Afrique et sur ses retombées sur la gestion économique et sociale qui l’estime en déphasage avec les attentes des populations.
Hamid Mohandi