Etat d’urgence, risque sécuritaire et autres,L’interdiction des marches en question

Etat d’urgence, risque sécuritaire et autres,L’interdiction des marches en question

Les dernières émeutes qui ont secoué l’Algérie la semaine dernière ont démontré l’absence totale de l’encadrement de la société civile.

Une absence justifiée par certains par la limitation de l’expression au niveau notamment de la télévision algérienne, d’autres réclament la levée de l’état d’urgence maintenu depuis 19 ans et de l’interdiction des marches dans la capitale depuis la marche de 2001 qui a eu lieu suite aux événements qui ont secoué la Kabylie. D’autre part, des jeunes tiennent à s’exprimer pacifiquement à Alger.

Dans ce cadre, le Rassemblement pour la démocratie et la culture (RCD) a adressé une demande d’autorisation aux services du ministère de l’Intérieur pour organiser une marche à Alger mardi prochain, afin de donner un prolongement constructif à «la colère de la rue». Cette demande a été rejetée par le ministère de l’Intérieur sans donner d’explication. C’est en tout cas ce qui a été indiqué par le RCD dans un communiqué rendu public sur le site du parti jeudi dernier.

L’Intérieur refuse la marche du RCD

A ce propos, le parti de Saïd Sadi a expliqué qu’«après 24 heures de tergiversations, le ministère de l’Intérieur vient d’opposer, sans la moindre explication, un refus catégorique à la demande d’autorisation de marche du RCD».

La même source ajoute : «Déplorer les violences de manifestants après avoir infiltré des délinquants dans leurs rangs ; refuser les manifestations pacifiques à l’opposition et la faire accuser par ses relais de démission ou d’abandon ; fermer la scène politique et médiatique et espérer la stabilité participent à la fois de la peur et de l’irresponsabilité».

En réponse à ce refus, le RCD réunira aujourd’hui un conseil national au cours duquel il évaluera la situation. Il sera question aussi d’étudier «les réponses à adopter (…)».

Il est à souligner que le RCD avait également demandé la programmation d’un débat général à l’Assemblée populaire nationale, mais sans suite, alors que l’APN a décidé de reporter ses activités afin que des députés puissent participer à l’apaisement de la «colère des jeunes».

Le MSP demande un «débat national»

Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui a tenu mercredi dernier une réunion de son bureau exécutif national, a indiqué dans un communiqué final que les dernières protestations «interpellent le gouvernement au même titre que le peuple, les partis politiques et les syndicats, pour en tirer les enseignements et prendre les mesures économiques et socio-politiques adéquates à même d’éviter qu’elles ne se reproduisent».

Dans ce cadre, le parti de Bouguerra Soltani, membre de l’alliance présidentielle, a appelé les autorités publiques à «ouvrir le champ médiatique aux partis et aux organisations afin de leur permettre de contribuer au débat national de sensibilisation».

A ce propos, le bureau exécutif du MSP a examiné «le projet d’initiative politique à soumettre au débat national dès que le bureau national en informera les parties concernées, dans le courant de la semaine prochaine, en vue de tirer les enseignements des derniers évènements».

Il est à rappeler que dans son discours, le MSP a appelé à plusieurs reprises la levée de l’état d’urgence.

Des jeunes veulent organiser des marches pacifiques

Par ailleurs, de jeunes universitaires et autres ont tenté une marche à Alger. Ils se sont retrouvés jeudi dernier à la place du 1er Mai encerclés par les forces de l’ordre.

Il était 12h30 quand des jeunes ont commencé a tourné autour de l’horloge face à l’entrée de l’hôpital Mustapha-Pacha.

Un rassemblement qui s’est tenu en réponse à un appel lancé sur Facebook. L’objectif de la manifestation pacifique était d’«exiger le changement, la liberté, l’ouverture et le respect». Dans la foule, un officier de police tente de leur expliquer : «Les rassemblements sont interdits, dispersez-vous».

Les jeunes répondaient : «On n’est pas des casseurs, on est là pour nous exprimer pacifiquement». Encerclé par les forces de l’ordre, un initiateur du rassemblement fait un discours avant de lever le sit-in. Il y a une semaine, le SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem, avait parlé d’une initiative de son parti pour être à l’écoute des jeunes et des citoyens.

Deux jours après il déclarera sur les ondes de la Radio nationale : «Les marches ne sont pas interdites à l’intérieur du pays. A Alger, il y a des réserves à cause du risque terroriste. Mais ceux qui veulent organiser des rassemblements dans les salles n’ont qu’à demander des autorisations».

Il faut rappeler que l’état d’urgence a été décrété en Algérie en 1992. Cette état d’urgence est vu par certains partis comme «une fermeture à l’expression politique» même si le pouvoir avance le risque sécuritaire. En trois jours d’émeutes il y a eu cinq morts et 1000 personnes ont été arrêtées.