Le président de la République a enfin réagi aux événements qui secouent le pays. Près d’un mois après la révolte des jeunes, Abdelaziz Bouteflika a enfin jugé bon de lâcher quelques phrases au peuple qui, en réalité, ne font que nous inquiéter d’avantage. Que nous a dit le Président ?
Le Chef de l’Etat estime que l’état d’urgence, insaturé depuis près de 20 ans, n’a jamais entravé les libertés politiques, syndicales ou d’association. Il a raison.
L’étouffement de la classe politique et de la société civile n’a jamais été le fruit des restrictions qu’imposerait l’état d’urgence. En réalité, la scène politique est tellement nauséabonde qu’elle n’a même pas besoin de régime militaire pour s’étouffer d’elle-même. La société civile de même. Et personne ne viendra contredire le fait que la quasi majorité des associations algériennes sont soit des attroupements familiaux ou des entités juridiques qui ne comptent qu’un Président et un Trésorier. Où réside le problème alors ? Les raisons sont à chercher des deux côtés.
D’une part, l’Etat, le Régime ou le Système ne veut pas, pour des raisons de survie et de contrôle, laisser émerger une classe d’hommes politiques ou d’acteurs publiques intègres, libres de penser et autonomes qui ne traîneraient pas des casseroles derrières elles, d’où ses tentatives de tuer toutes initiatives sincères quelque soit son niveau d’action, serait-ce même dans l’élevage du poulet. Cette attitude sclérosée a fini par s’ancrer aussi bien dans l’Etat que chez les Algériens. Résultats : Tout le monde pense qu’agir pour le pays est quelque chose de ringard et que mieux vaut entamer une carrière d’affairiste que de s’attarder à vouloir s’engager pour la société.
De l’autre côté, on retrouve les bonnes volontés qui s’auto-suffisent à elles-mêmes. C’est-à-dire ces Algériens honnêtes, pleins de bonne volonté et d’idées mais qui refusent d’agir et d’occuper le terrain, parce que le résultat serait scellé d’avance. Ce défaitisme est aussi blâmable que les techniques soviétiques qu’utilise l’Etat qui ne veut qu’éterniser son système pour des raisons évidentes de profits et d’avantage.
Sincèrement, état d’urgence ou pas, en Algérie le pourrissement est tellement profond qu’il faudrait au minimum faire trois voyages vers le passé pour rectifier le tir. Mais vous me direz que ça a toujours été comme ça…
Hicham A.