Etat de santé de Bouteflika : l’agenda de la présidentielle perturbé

Etat de santé de Bouteflika : l’agenda de la présidentielle perturbé
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Y aurait-il eu tout ce bruit autour de la maladie du président Bouteflika s’il était soigné en Algérie ?

Si son cas était bénin, pourquoi n’avoir pas diffusé des images montrant le chef de l’Etat signant un décret instituant le 22 octobre « journée nationale de la presse », après nous avoir informé qu’il avait adressé des messages aux finalistes de la Coupe d’Algérie de football et aux travailleurs à l’occasion du 1er mai et, plus encore, selon le chef du gouvernement, que le chef de l’Etat « suit journellement les activités du gouvernement » ! Mieux, nous apprend le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci « l’état de santé du président, qui était déjà annoncé comme étant bon, se confirme aujourd’hui, fort heureusement (…) Il est en bonne santé, il va rentrer bientôt en Algérie, pour l’instant il est encore en France pour quelques jours de convalescence ». Si c’est le cas, pourquoi tant de nervosité dans la communication officielle à l’endroit de ceux qui se posent des questions sur l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika.

En fait, il n’y a pas que la presse, dont c’est le rôle, qui s’interroge. A Alger, dans les cafés, dans la rue et dans le bus (je le prends pratiquement tous les jours) les gens parlent. L’hospitalisation d’Abdelaziz Bouteflika est dans toutes les bouches. Il y a ceux qui souhaitent son retour et ceux, assez nombreux du reste, qui sont critiques, n’hésitant pas, avec leurs mots, à pointer le fait que des centaines de malades du cancer manifestent régulièrement avec leurs médecins traitant pour disposer d’appareil de chimiothérapie en nombre suffisant, et ce, faute de prise en charge à l’étranger. Car c’est cela l’Algérie : des cancéreux doivent attendre des semaines, parfois des mois, pour subir des séances de chimio. Dans son édition de mercredi 22 mai, le journal El –Khabar, titrait que « des malades sont entrain de mourir alors que le gouvernement observe en spectateur » ! Deux milliards d’euros, ou plus, vont être consacrés au financement de la construction de la « grande mosquée » d’Alger ! Combien en faut-il pour acheter des appareils de chimiothérapie ? Ce sont ces problèmes (et d’autres) que révèle au grand jour l’hospitalisation du chef de l’Etat.

Au lieu d’incriminer les médias quand ce n’est pas un journal qui est suspendu pour avoir écrit, selon Liberté, que le président est rentré au pays et qu’il serait plongé dans un coma profond, les autorités devraient se demander pourquoi des journaux, de simples gens et des partis s’interrogent légitimement sur la santé du chef de l’Etat. Car, au jour d’aujourd’hui, excepté les cercles proches du pouvoir et les autorités françaises, personne ne sait de quoi il en retourne. Et ce n’est pas les contre-feu allumés par le pouvoir et dans lesquels excelle la chaine de télé En-Nahar, qui diffuse en boucle les réactions de gens dans la rue critiquant ceux qui se posent de questions sur l’état de santé de Bouteflika, ou le fait d’invoquer le secret médical, qui va faire taire les spéculations et les rumeurs.

LG Algérie

En réalité, la nervosité manifestée par les autorités à l’égard des médias et des quelques fuites parues dans la presse, s’explique sans doute par le fait que l’AVC dont a été victime le président a dû quelque part perturber un agenda politique soigneusement huilé ayant pour objectif, dans la perspective de l’élection présidentielle, la reconduction du système politique actuel moyennant quelques aménagements constitutionnels formels comme la création d’un poste de vice-président. Un agenda que les éternels postulants à la succession de Bouteflika auraient certainement accepté comme ils l’avaient fait lors des scrutins présidentiels précédents.

H.Z.