Censée animer régulièrement la scène nationale, la classe politique algérienne, notamment les partis d’opposition, a pris, ces derniers temps, un pli, pour le moins incompréhensible, pour ne presque jamais réagir, y compris quand de sérieux événements surviennent.
Les rares partis qui réagissent le font, souvent, après insistance de la presse nationale soucieuse de leur tendre le micro.
Le journaliste chargé de les contacter doit, en outre, redoubler de patience avant d’avoir au bout du fil leurs chargés de communication respectifs, les chefs de partis étant, pour la plupart, rarement joignables. Nous l’avons vérifié à plusieurs reprises à nos dépens. Cela à la faveur des récents événements concernant respectivement le retour en grande pompe de l’ancien ministre de l’Énergie et des Mines, Chakib Khelil, le scandale Panama Papers impliquant notamment le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslem Bouchouareb, ou encore les photos illustrant l’état de santé dégradée du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Si pour les deux premiers événements, nous avons eu droit à quelques réactions, plutôt timides, de la part de quelques partis politiques, il n’en est point pour le dernier relatif aux photos du Président qui a pourtant provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les colonnes de plusieurs médias nationaux et étrangers. L’état de santé du Président intéresse-t-il moins les partis politiques que l’opinion publique, laquelle s’inquiète, légitimement, de l’avenir immédiat du pays ? N’est-ce pas une aubaine à saisir par notamment les partis de l’opposition pour se rapprocher davantage de la société, en se montrant à l’écoute de ses préoccupations, de ses angoisses du moment ? Certes, le contexte actuel est particulièrement difficile pour une opposition qui fait face à un verrouillage sans précédent de la vie politique, mais force est d’admettre que l’activité politique d’un parti ne doit pas se limiter à la diffusion sporadique de communiqués et à des réponses à des questions posées par les représentants des médias, ou encore à des réunions et autres raouts exclusivement réservés aux militants. Il s’agit aussi et surtout d’être constamment présent et réactif à tous les événements.
Ce sont même les rudiments du travail politique, sur lesquels avaient pourtant insisté tous les acteurs ayant pris part au dernier sommet qui avait réuni, le 30 mars dernier à Zéralda, les partis et les personnalités conglomérés dans l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (Icso), issue du sommet “historique” dit “Mazafran I”, tenu le 10 juin 2014. Toute une feuille de route y avait été d’ailleurs élaborée. Néanmoins, l’opposition est depuis restée aphone. Ne dit-on pas que “la nature a horreur du vide !”.