Cela fait très longtemps que le complexe sportif du 5-Juillet bouffe des budgets sans jamais rien pouvoir nous offrir que des spectacles désolants de terrain crevé
Si tout cela arrive c’est parce que, à aucun moment, l’Etat n’a pris ses responsabilités pour punir les fautifs.
Si la pelouse du stade du 5-Juillet ressemblait à un champ de pomme de terre ravagé par des cochons affamés plus qu’à un terrain de football, ce n’est pas un hasard. D’abord, si cela fait partie de nos moeurs de ne plus rien savoir faire, pourquoi voudrait-on que, dans la gestion d’un complexe sportif, on fasse mieux qu’ailleurs? Ensuite, c’est depuis des dizaines d’années que ce stade est souvent fermé pour impraticabilité de sa pelouse, pour dire que l’histoire remonte à loin.
A longtemps! Et, justement, cela fait très longtemps que le complexe sportif du 5-Juillet bouffe des budgets sans jamais rien pouvoir nous offrir que des spectacles désolants de terrain crevé. Il est temps que le ministère de tutelle évalue les coûts réels de ce stade pour qu’on sache s’il faut continuer à l’entretenir, ou plutôt à entretenir l’illusion qu’un jour il ressemblera aux autres stades du monde, ou bien s’il faut tout simplement le détruire et passer à autre chose. On nous dit que, à elle seule, la hollandaise Queens Grass a touché, en 2008, la coquette somme de 11 milliards de centimes pour refaire la pelouse du stade. A combien monterait alors le budget total avalé par ce terrain? Et pourquoi donc? Pour une suite de trous, de flaques et de sillons? Non, merci!
Si tout cela arrive c’est parce que, à aucun moment, l’Etat n’a pris ses responsabilités pour punir les fautifs car, qu’on le veuille ou pas, il y a une énormité de gestion dans cette affaire. L’impunité, qui a sévi depuis toujours, a encouragé d’abord, les incapables à s’ériger à la tête d’entreprises importantes et, ensuite, elle les a poussés à verser dans l’inconscience et l’irresponsabilité. On ne gère pas un stade du 5-Juillet comme on l’a fait depuis les vingt dernières années où l’Equipe nationale a souvent besoin d’aller ailleurs pour jouer ses rencontres. On ne gère pas un stade du 5-Juillet lorsqu’on n’est pas capable d’obtenir, ne serait-ce que pour une rencontre, un gazon digne de ce nom. Certes, la direction de ce stade n’est pas faite de jardiniers, heureusement d’ailleurs, mais il est, en principe, des résultats pour lesquels un gestionnaire est nommé. Or, quel autre résultat pour un stade de football demanderait-on aujourd’hui que d’assurer les conditions pour spectacles corrects?
Ce que nous avons vu, ce mercredi, est désolant. Il est consternant. Déprimant même! Il aurait mieux valu inviter les deux équipes à jouer sur la plage de Zéralda ou au stade matico du village d’Ath Azouane. Il ne fait pas de doute que l’impunité, qui a détruit le beau stade du 5-Juillet, est celle-là même qui a détruit le reste: l’université, l’hôpital, la rue, la politique, la société… Bref, l’impunité a détruit la nation chez nous!
La sanction a ceci de positif: elle donne à réfléchir à beaucoup avant qu’ils ne foncent n’importe où et n’importe comment. Si les gens était comptables de leurs résultats, comme cela se passe partout ailleurs, on aurait eu moins de bêtises du genre stade du 5-Juillet de ce mercredi. Et que l’on ne nous parle pas de pluie, de grâce, car tous, nous avons assisté, dans des stades ailleurs à des rencontres sous une pluie plus forte encore sans que cela ne donne lieu à une telle catastrophe sur le terrain. Il n’y a qu’ici que la pluie troue le terrain.
A quand donc cette attitude des responsables qui ne veulent demander des comptes à personne dans ce pays? Jusqu’à quand continuera-t-on à se moquer impunément du peuple, comme on s’est moqué des millions de supporters ce mercredi.
Il est temps que le ministère de tutelle s’occupe sérieusement de ce problème et il est temps aussi que l’on décide si le stade du 5-Juillet doit continuer à servir de stade de foot ou si l’on doit le donner en location à quelque fellah pour y semer de la pomme de terre. Avec les temps qui courent, au moins ce sera plus rentable pour les gens. La honte!