Les erreurs d’écritures sont multiples et variées
«Ils continuent à délivrer, sans se relire, des actes et des papiers administratifs comportant des fautes graves», a affirmé un cadre exerçant dans le tribunal d’Oran.
«Je dois vérifier ici même, avant de quitter ce service, la véracité de l’écriture apportée sur l’extrait d’acte de naissance que je viens de me faire délivrer», a affirmé le jeune Samir ajoutant qu’«une petite erreur peut me causer d’interminables casse-tête et d’intenses tracasseries, notamment avec la justice». L’administration chargée de l’état civil continue à «terroriser» les populations locales en leur causant autant d’ennuis et de démêlés lors des rectifications des erreurs commises. En 2012, quelque 24.409 demandes de corrections d’écriture ont été déposées auprès du tribunal. Ce chiffre est en constante hausse puisqu’il était de 15.334 cas en 2011.
La justice a procédé aux rectifications de pas moins 27.033 erreurs par voie administrative et 738 cas par décision juridique. «A chaque fois que l’on se fait délivrer des documents administratifs, ces derniers comportent des erreurs graves», a indiqué un cadre du tribunal d’Oran.
Les erreurs d’écriture sont multiples et variées. Anouar, qui du sexe masculin, s’est retrouvé inscrit au sexe féminin tandis que Sarah a été inscrite au prénom de Salah. Tout récemment, une erreur monumentale a été commise sur le livret de famille d’un citoyen qui a crié au scandale.
En effet, un agent d’administration n’a pas trouvé de mieux à faire que d’inscrire le nouveau-né à la date de 2016 alors qu’il est venu au monde le mois de janvier 2013. Plus grave encore, les erreurs concernent les actes de naissance portés sur les registres rédigés à la main et en langue française. Cela sans compter les erreurs portées sur les patronymes.
Des enfants d’une même famille se retrouvent chacun avec des noms de famille différents tandis que les jugements prononcés ne concernent qu’une seule personne. Pour deux frères inscrits différemment, chacun doit formuler sa demande, telle est l’exigence usuelle des services administratifs de la justice. Et la tracasserie commence. La correction du nom au niveau de la justice n’est pas systématique, cela peut prendre du temps, des jours, voire des mois.
Une fois la correction faite, la personne concernée doit se rendre à l’état civil pour l’application en vue de la confirmation de l’acte corrigé par les services judiciaires.
A ce niveau, l’opération peut facilement traîner pendant plusieurs mois. Les services d’état civil, notamment ceux des secteurs urbains, sont pointés du doigt, aussi bien par les populations que par les services de la justice. «Ils continuent à délivrer, sans se relire, des actes et des papiers administratifs comportant des fautes graves», a affirmé un cadre exerçant dans le tribunal d’Oran. Et celui-ci de s’interroger sur un ton sec: «Mais sur quelles bases recrutent-ils ces agents qui pénalisent des dizaines de citoyens. Ont-ils un minimum d’instruction?».