Après le traumatisme provoqué par les suppressions d’emplois du groupe PSA, Paris pourrait ne pas autoriser le projet de Renault de construire une usine en Algérie. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a indiqué à Alger quels étaient les modalités pour la réussite de ce projet : ne pas exporter les modèles Renault vers la France. Ce dont ne veut pas entendre l’Algérie.
L’implantation d’une usine Renault en Algérie se précise. Si tout se passe au mieux, les négociations entre le constructeur français et le gouvernement algérien devraient s’achever avant fin 2012. Le contrat sera probablement signé lors de la visite d’État que le président français François Hollande devrait effectuer en Algérie avant la fin de l’année. Dimanche à Alger, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré que l’Algérie et la France préparaient un partenariat de grande dimension qui devrait être conclu lors cette visite du président français.
La construction d’une usine Renault en Algérie fait partie des grands projets en discussion dans le cadre de ce partenariat. Mais l’annonce par le groupe PSA de la suppression de 8.000 emplois pourrait toutefois impacter négativement le projet Renault en Algérie. Hostile aux délocalisations industrielles, le gouvernement français pose ses conditions.. alors que jusque ici, les responsables politiques français avaient affirmé que l’implantation de Renault en Algérie était une affaire purement économique.
Un projet menacé
Laurent Fabius a en effet averti que si ce projet constituait « une menace pour la France, le gouvernement dira non ». « Est-ce que l’investissement de Renault en Algérie va servir le pays ? Dans ce cas, c’est du gagnant-gagnant. Si c’est un investissement pour concurrencer les produits fabriqués en France, c’est non. Si c’est du gagnant-gagnant, c’est oui. Si c’est une menace pour la France, c’est non », a-t-il dit. Comprendre : les voitures qui seront fabriquées en Algérie seront destinées au marché local et ne pourront pas être exportées en France. Or, l’Algérie veut des véhicules de qualité européenne qu’elle pourra exporter, justement vers les pays de l’Union européenne (UE), avec lesquels une zone de libre-échange entrera en vigueur en 2020.
Le ministre algérien de l’Industrie, Mohamed Benmeradi, l’a déjà dit : l’Algérie ne se contentera pas seulement de produire des véhicules destinés au marché local. Alger envisage aussi d’exporter une partie de sa production. « Renault ne peut pas renoncer à son projet en Algérie au risque de perdre un marché où il vend plus de 70.000 véhicules par an et investit massivement dans le service après-vente et la distribution », explique une source proche du dossier. En 2011, l’Algérie a importé 400.000 véhicules pour quatre milliards de dollars, contre 300.000 unités en 2010.