Les 600 salariés de l’usine Michelin Algérie sont en chômage technique depuis le 4 juillet dernier
Le gouvernement algérien entend faire valoir son veto dans l’affaire Michelin. Cette décision intervient alors que l’entreprise française a failli être cédée à un prix ridiculement bas au magnat algérien de l’agroalimentaire, Issad Rebrab.
Dans l’affaire Michelin, le gouvernement algérien ne lâche pas prise. En effet, et à en croire les dernières déclarations du ministre du Développement industriel et de la Promotion de l’investissement, Amara Benyounès, l’Etat algérien est résolu à faire valoir son droit de préemption dans ce dossier.
Cette décision intervient alors que l’entreprise française, implantée à Bachdjarah (El Harrach), à Alger, a failli être cédée à un prix ridiculement bas, voire bradée, au profit du magnat algérien de l’agroalimentaire, Issad Rebrab. Les déclarations de Benyounès en marge de la première réunion du Comité mixte économique franco-algérien (Comefa) tenue le 28 novembre dernier, sont claires à ce propos.

Ainsi, le haut responsable algérien et à la faveur d’une interview qu’il a accordée au magazine Jeune Afrique, a clairement fait savoir que «l’Etat exercera son droit sans léser le partenaire français qui pourra prétendre comme le stipule la loi à une majoration de 10% du prix fixé». L’on rappelle que le patron de Cevital, Issad Rebrab, avait acquis, en juin 2013, 65% des parts de l’entreprise pour 1,5 milliard de DA, lors de la session effectuée à son profit par l’entreprise de pneumatiques française.
Le gouvernement algérien aura néanmoins vite réagi en bloquant la mise en vente effective de la filiale du géant du pneu à El Harrach. Et c’est l’entreprise (Michelin) elle-même qui n’aura pas tardé à émettre un communiqué stipulant le gel de toute opération de vente: «Il n’y a ni acheteur ni vendeur» y était-il mentionné… Les 600 salariés de l’usine Michelin Algérie sont en chômage technique depuis le 4 juillet dernier du fait de l’arrêt de la production prévu par le plan de rachat de l’entreprise par le groupe agroalimentaire privé Cevital.
Mais les conditions de départ restent floues et la contestation des salariés est toujours vivace. Finalement et à la suite des affirmations du patron de l’industrie algérienne, force est de croire que Michelin Algérie ne sera pas vendue comme un pneu à Issad Rebrab. Rappelons que les soucis des travailleurs de l’usine Michelin de Bachdjarah ont commencé vers 2008-2009, lorsque le ressac de la crise financière qui avait secoué l’Europe commençait à se faire sentir. L’usine est malheureusement actuellement en cessation d’activité.
Gageons que le site Michelin d’Alger, d’une superficie de quelque 28 ha en plein Alger ne sera pas pris pour une bouchée de pain.
L’intervention d’Amara Benyounès à propos de l’usine Michelin intervient donc au moment où le patronat français (Medef) salue la volonté politique de l’Algérie à assainir le climat des affaires, notamment à l’occasion de la toute dernière escale à Paris du ministre algérien. Benyounès était dans l’Hexagone à la veille du dernier week-end. Il était alors accompagné du ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Tous deux devaient prendre part à la première réunion du comité mixte économique France-Algérie (Comefa). Benyounès a assuré que son département et l’ensemble des autorités algériennes «travaillaient à toujours améliorer le climat des affaires de façon à favoriser l’investissement et les partenariats».
Notons que Benyounès avait, en marge de la réunion avec le Medef, rencontré en banlieue parisienne des responsables du constructeur automobile français Renault pour, notamment passer en revue le projet de l’usine de la marque au Losange dont le premier coup de pioche a été donné en septembre dernier à Oued Tlélat, près d’Oran.