Que peut-on reprocher à ce pays qui a sacrifié un million et demi de ses meilleurs enfants pour se libérer du joug colonial et qui, en outre, a donné asile à tous les damnés de la terre ?
L’Algérie est une puissance régionale. C’est Sarkozy qui a utilisé cette expression la première fois puis François Hollande et Laurent Fabius l’actuel ministre des Affaires étrangères français qui, lui, n’a fait que la reprendre à son compte dans le cadre du conflit malien.
Du moins le conflit qui oppose aujourd’hui le pouvoir central de Bamako aux islamistes qui occupent le nord de son territoire. En fait, notre pays a depuis toujours suscité, à tort ou à raison, des craintes. Les Marocains qui n’ont jamais été tendres avec nous, n’avaient-ils pas déclaré il y a vingt ans que nous étions «les Prussiens» de l’Afrique du Nord ?
Mais bien avant cette sortie intempestive du souverain chérifien, un ministre du continent dont nous tairons le nom et le pays, avait mis en garde la délégation qu’il conduisait à la Foire internationale d’Alger : «Méfiez-vous, leur avait-il soufflé à l’oreille, ce pays monte et peut être un danger un jour.»

Si être une puissance régionale est un compliment, nous nous félicitons de l’intérêt qu’on nous porte et des efforts considérables qui ont été consentis par les dirigeants et le peuple de ce pays pour en arriver là mais au contraire si c’est un reproche, alors nous posons la question crûment : que peut-on nous reprocher ? Que peut-on reprocher à ce pays qui a sacrifié un million et demi de ses meilleurs enfants pour se libérer du joug colonial et qui, en outre, a donné asile à tous les damnés de la terre, à tous les mouvements de libération, qui les a aidés financièrement, politiquement et qui les a assistés jusqu’après leur indépendance ?
Rien bien au contraire, l’Algérie a toujours porté très haut et très fort la voix des peuples opprimés. Et en cela elle a été fidèle de bout en bout à la mémoire de ses martyrs et au serment de Novembre. L’Algérie ne s’est pas faite toute seule et personne ne lui a fait de cadeaux. Elle a sué sang et eau pour mettre ce pays sur les rails après qu’on eut incendié ses bibliothèques, détruit ses ponts, incendié ses forêts, dépeuplé ses campagnes et interné ses populations dans des camps de regroupement. L’occupant et ses supplétifs n’ont laissé que des larmes et des ruines.
Des ruines sur lesquelles il fallait tout rebâtir, tout repenser et des défis majeurs qu’il fallait, coûte que coûte, relever. Et si le travail de 50 ans a porté ses fruits, l’Algérie s’honore aujourd’hui non pas d’être une puissance régionale qui est une vision toute relative, mais d’être un pays libre en parfaite harmonie avec son histoire. Et cela, à l’évidence, on ne peut pas nous le pardonner.
I.Z