Essais nucléaires en Algérie : la France doit lever le «secret-défense»

Essais nucléaires en Algérie : la France doit lever le «secret-défense»

La France doit faire «preuve de transparence» sur ses essais nucléaires dans le Sahara algérien, entre 1960 et 1966, en levant le «secret-défense» concernant toutes les archives sur ces expérimentations, a notamment affirmé samedi à Alger un chercheur algérien, Ammar Mansouri.

«Il est temps que le gouvernement français fasse preuve de transparence sur les essais nucléaires au Sahara algérien et ses conséquences dramatiques sur les populations et l’environnement», a déclaré ce chercheur du Centre de recherche nucléaire d’Alger au cours d’une conférence-débat. Plusieurs civils ayant vécu dans la zone saharienne sont venus y témoigner de leurs handicaps à vie.

L’avocate Fatima Benbraham a assimilé ces essais à «un crime contre l’humanité» et «un crime d’Etat» car «la France a sciemment affirmé que toute vie était absente de la zone, au mépris des populations sédentaires et nomades».

La première bombe atomique française a explosé le 13 février 1960 près de Reggane.

M. Mansouri a notamment demandé «la levée du secret-défense sur toutes les archives concernant ces expérimentations afin qu’elles servent de document de référence aux chercheurs et experts, condition sine qua non pour toute discussion avec la partie française sur ce dossier».

«Contrairement à la thèse officielle française, il y a eu 57 explosions et non 17, car il a eu quarante essais complémentaires, avec dispersion de plutonium notamment» sur les sites de Reggane et celui de In M’guel, a affirmé M. Mansouri.

«Les conséquences de ces essais sont ressenties sur des générations», a-til dit, citant en exemple différents cancers, des problèmes cardiovasculaires ou ophtalmologiques.

Une oncologue ajoutera à cette liste des troubles de croissance, des malformations ou anomalies chez la descendance. Pour lui, il est nécessaire aujourd’hui de «récupérer et stocker les matériaux contaminés, parfois enfouis sous une mince couche de sable» et «mettre en place un système de surveillance sophistiqué des sites comme cela existe en Polynésie».

«Il faut aussi construire des hôpitaux spécialisés dans la région, engager des études épidémiologiques sur les populations du sud ainsi qu’une réflexion sur des réparations globales par la France», a encore déclaré M. Mansouri