Essais nucléaires en Algérie : D’ex-militaires français appellent à la levée du Secret-défense

Essais nucléaires en Algérie : D’ex-militaires français appellent à la levée du Secret-défense

Des anciens militaires françaisdu camp tristement célèbre d’In Amguel, dans la wilaya de Tamanrasset, montent au créneau pour réclamer de l’Etat français «la levée du Secret-défense» qui a couvert le crime que constituent les essais nucléaires de la France, en Algérie.

Ces anciens militaires estiment qu’«il s’agit d’une affaire d’Etat qui a touché Algériens et Français, victimes innocentes d’une raison d’Etat qui, près de cinquante ans après l’événement, n’a plus aucune justification.»

Les rédacteurs de cet appel appellent le président français, Nicolas Sarkozy, mais aussi les deux représentations nationales algérienne et française, «afin que soit établie, des deux côtés de la Méditerranée, la liste des personnes, civils et anciens militaires, qui ont été soumises aux retombées de l’explosion du 1er mai 1962.»

Les rédacteurs de cet appel estiment que «la nation française a le devoir de dresser, le bilan sanitaire des victimes, en ouvrant au public ses archives civiles et militaires.»

Cet appel des anciens du camp d’In Amguel, signé par Louis Bulibon, Raymond Sené, récusent, par ailleurs, les propos du ministre français de la Défense, Hervé Morin, publiés dans «Le Parisien» daté du 16 février dernier, selon lesquels «les doses reçues lors de ces essais étaient faibles», car, estiment-ils, «totalement déconnectés de notre expérience vécue».

Les rédacteurs de cet appel interpellent l’Etat français sur le lourd tribut payé, lors des criminels essais nucléaires qui ont été perpétrés le 1er mai 1962, équivalent à quatre fois la bombe d’Hiroshima.

«Nous attestons pour en avoir été les témoins comme scientifiques du contingent, que ces essais dits ‘code Beryl’, perpétués sous la montagne du Tan Affela à In Ekker, la troupe, les civils et les populations locales présentes sur le terrain ont été lourdement irradiés et contaminés par les retombées de poussières radioactives».

«Mesurée dans notre laboratoire, ajoutent ces militaires, la durée de passage du nuage radioactif, au plus fort de la contamination, a été de vingt minutes, période au cours de laquelle nos instruments de mesure ont été saturés par l’intensité du rayonnement des particules retenues sur nos filtres à air.»

Et ces derniers de préciser: «Pendant les semaines, les mois suivant le tir Beryl non confiné, les militaires, y compris ceux qui n’étaient pas considérés comme étant en zone contrôlée, les populations locales, ont été l’objet de contaminations chroniques provenant des poussières chargées de produits radioactifs transportées par les fréquents vents de sable.»

«Les relevés des mesures que nous effectuions régulièrement sur les filtres de contrôle atmosphérique, témoignent les rédacteurs de cet appel qui donne froid dans le dos, pourraient en témoigner que l’intensité a été très forte».

«Il est impensable, regrettent-ils, que ces données techniques n’aient point été archivées.»

Ces soldats ayant vécu le désastre d’In Ekker affirment encore que «le 1er mai 1962 et dans les jours qui ont suivi, des centaines, voire peut-être plusieurs milliers d’individus, dont des femmes et des enfants algériens, ont reçu des doses radioactives très handicapantes, voire mortelles pour certains d’entre eux.»