Essais nucléaires en Algérie : des soldats ont servi de cobayes

Essais nucléaires en Algérie : des soldats ont servi de cobayes

Des soldats ont été exposés délibérément aux essais nucléaires menés par la France dans les années 1960 en Algérie pour « étudier les effets physiologiques et psychologiques produits sur l’homme par l’arme atomique », selon un rapport militaire révélé par Le Parisien de mardi 16 février.

Ce « rapport confidentiel » intitulé « La genèse de l’organisation et les expérimentations au Sahara » aurait été rédigé « par un ou des militaires anonymes » et « daterait de 1998 », après l’abandon définitif des essais, selon le quotidien. Un extrait, reproduit en fac-similé par le journal, porte sur « Gerboise verte », le nom de code du dernier tir atmosphérique du 25 avril 1961. Cette expérimentation « devait permettre [d’]étudier les effets physiologiques et psychologiques produits sur l’homme par l’arme atomique, afin d’obtenir les éléments nécessaires à la préparation physique et à la formation morale du combattant moderne », écrit le rapport.

Dans un entretien, le ministre de la défense, Hervé Morin, dit ne pas avoir connaissance de ce rapport. Rappelant l’adoption, le 22 décembre 2009, d’une loi sur l’indemnisation des victimes des essais nucléaires, il indique avoir « demandé à [ses] services d »d’ouvrir les placards’, afin que chaque personne qui se pense victime des essais puisse avoir connaissance de ses relevés dosimétriques ou des éléments de dosimétrie d’ambiance ». « Cela étant, les doses reçues lors de ces essais étaient très faibles », assure-t-il.

La France a procédé à 210 tirs, depuis le premier au Sahara en 1960 jusqu’à l’ultime expérimentation de 1996 en Polynésie française. Des milliers de vétérans des essais nucléaires, persuadés d’avoir été contaminés par la radioactivité, se battent pour la reconnaissance de leur préjudice.

En savoir plus :

L’Observatoire des armes nucléaires françaises

Selon Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération, spécialiste des questions militaires, qui tient le blog Secret défense, ces faits réapparaissent aujourd’hui alors qu’ils avaient été dévoilés « avec force détails » dès février 1998 par un journaliste du Nouvel Observateur.

Le Monde.fr, avec AFP