Essai de la Audi R8 V10

Essai de la Audi R8 V10

La nouvelle Audi R8 V10 est plutôt bien dotée, puisque cette voiture d’exception dont l’esprit est directement issu du savoir-faire d’Audi en compétition est aussi une vitrine de tout ce qui se fait de mieux dans les technologies de pointe en matière de conception automobile.

C’est donc avec l’impatience mêlée d’émotion d’un enfant le matin de noël que j’acceptais l’invitation d’Audi à passer une journée entière sur un circuit automobile (et dans ses environs)[2] pour tester la dernière née de la gamme : l’Audi R8 V10, un monstre de 525 ch qui atteint 330 km/h en pointe (uniquement sur circuit, sur certaines autoroutes allemandes et sur Playstation bien sûr).

La passion n’a pas d’âge, juste un prix…

Ne faisant pas partie du club des privilégiés pouvant s’offrir des voitures à plus de 150.000 euros, je me retrouvai un peu comme un extra-terrestre parmi une brochette de VIP propriétaires de Porsche, Lamborghini, Ferrari et Bentley (et souvent même les 4 à la fois) dont le seul budget auto doit correspondre au PIB annuel du Burkina Faso.

Le tout dans une grande simplicité et une ambiance bon enfant, car d’une part les riches entre eux n’ont plus grand chose à prouver, et d’autre part tout le monde était là pour la même raison : la passion de la belle mécanique et des sensations fortes.

Et côté sensations fortes, nous avons été servis : Audi fait les choses en grand, et, n’étant pas habitué de ce genre de journée particulière, j’ai été étonné par l’ambiance relax et surtout la confiance absolue des instructeurs de la marque, qui dès notre arrivée et après seulement un court briefing sur le programme qui nous attendait, nous ont directement laissé nous installer au volant de l’une des… 15 Audi R8 présentes pour notre plaisir.

L’Audi R8 V10 comme si vous y étiez.

La journée était organisée en 4 ateliers : exercices de maîtrise de la bête sur une portion hors circuit spécifique avec obstacles aléatoires à éviter, chaussée glissante (gel) provoquant pratiquement systématiquement un tête à queue si vous n’étiez pas totalement concentré (faire un double-salto au volant d’un tel monstre est un privilège que je n’oublierai pas de sitôt), puis une présentation détaillée de la voiture en salle de conférence par un pilote consultant Audi, avec moult schémas techniques, plans de coupe et animations 3D.

Un brief passionnant sur la technique et surtout la dynamique d’une voiture, les transferts de masse, l’équilibre du châssis et d’autres considérations pour geek automobile.

Ensuite, retour sur le circuit pour quelques tours au volant, accompagné d’un pilote instructeur qui après nous avoir montré les repères de trajectoires nous laisse pousser la belle dans ses retranchements (« allez, gaz, à fond, faites cracher les 500 ch ! C’est à vous, faites-vous plaisir… »).

Enfin, après le déjeuner (sans vin ni aucune boisson alcoolisée, ce qui n’est apparemment pas toujours le cas dans ce genre de journée), le clou de la journée, enfin pour moi en tout cas : une balade d’une vingtaine de kilomètres au volant de la R8 V10 en toute liberté sur les départementales de la région avoisinant le circuit.

Rien de tel que de se retrouver en conditions réelles dans la circulation pour juger les qualités d’une auto et sa capacité à se fondre naturellement dans le trafic.

Au volant d’une R8 sur les routes de campagne

Dans cet exercice précisément, l’Audi R8 est d’une facilité déconcertante : docile, extrêmement confortable pour une super-sportive de cette catégorie, elle se laisse mener du bout des doigts comme n’importe-quelle auto, dans un silence de grosse berline, juste bercé par le doux ronronnement du V10 qui répond à la moindre de vos sollicitations sans aucune latence.

Ajoutez à cela une position de conduite simplement parfaite dans les semi-baquets habillés, comme tout l’intérieur, d’un fin cuir Nappa cousu main, une sono Bang & Olufsen 12 HP pour un habitacle strictement 2 places, et obtenez cette sensation unique de léviter dans un truc absolument exceptionnel, une véritable invitation au voyage.

Découvrir les routes d’Europe au volant de ce type de vaisseau doit être une expérience exceptionnelle.

Ca c’était pour le côté pépère : le confort de l’Audi R8 aurait presque tendance à vous faire oublier que vous avez sous le pied une cavalerie de plus de 500 chevaux, ce qui classe cette voiture dans les supercars d’exception : les voitures de série dépassant les 500 chevaux et 300 km/h en pointe ne sont en effet pas légion en ce bas monde (ailleurs, je ne sais pas).

Des accélérations et des sensations de… moto

Et justement, quand vous enfoncez la pédale d’accélérateur, vous entrez directement dans une autre dimension : j’ai eu tout le loisir de pousser la bête jusqu’en zone rouge (à plus de 8000 tours) et l’accélération est simplement époustouflante, vous collant littéralement au siège, avec en prime un coup du lapin à chaque changement de rapport à l’aide de la boîte R Tronic à palettes au volant, façon Formule 1.

Les montées en régime sont hallucinantes : vous quittez la douceur feutrée d’une conduite tranquille pour entrer dans un monde de brutalité absolue.

Les sensations procurées par ce type d’auto sont celles que l’on connait généralement uniquement au guidon d’une moto de forte cylindrée, avec lesquelles les voitures de la catégorie de l’Audi R8 V10 sont les seules à pouvoir rivaliser en performances, puisqu’elles permettent de passer de 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes et de 0 à 200 km/h en moins de 13 secondes.

Une question de coffre et de rapport poids-puissance (le châssis-coque de l’Audi R8 est directement issu de la compétition et réalisé intégralement en aluminium).

Le tout dans des conditions de sécurité optimales, pour peu que vous possédiez quand même quelque expérience dans le domptage de ce type de fauve, car Audi a mis tout son savoir faire au service de cette sécurité : technologie Quattro (quatre roues motrices permanentes), aides au pilotage diverses (anti-patinage, etc…) et surtout un freinage peut-être encore plus impressionnant que l’accélération : quand vous enfoncez la pédale vous êtes littéralement collé à la route (et à votre ceinture de sécurité), le tout dans une stabilité imperturbable, à condition de savoir quand même bien tenir votre volant.

Acoustique chic

Un mot sur le son du moteur, qui constitue une symphonie à lui tout seul, exprimant à la fois puissance et qualité de conception à la mode Audi : le feulement du V10, qui rappelle là aussi davantage celui d’une moto que celui d’une supercar dès que l’on monte dans les tours, est totalement envoûtant, et pour cause, puisqu’il a été travaillé spécifiquement par une équipe d’acousticiens Audi, qui interviennent d’ailleurs sur chaque son émis par les tous modèles de la gamme.

Si les clignotants ou la fermeture des portières d’une Audi produisent ces bruits ce n’est pas par hasard, mais le fruit de longues études acoustiques, dont le résultat doit impérativement évoquer la qualité et la sérénité.

L’audi R8, une voiture extraordinaire pour un usage ordinaire

Avec la R8, que ce soit le modèle V8 déjà disponible depuis une paire d’années ou le V10 qui vient d’arriver sur le marché, Audi a réussi le pari que seul Porsche tenait jusqu’à présent avec la 911 : proposer une voiture d’exception dont le confort, la fiabilité et la facilité de conduite la rendent également utilisable au quotidien.

D’ailleurs, comme une Smart, c’est une stricte deux places, mais son coffre est plus grand que celui d’une Smart.

J’ai fait plusieurs vidéos au fil de la journée avec mon Creative Vado et mon appareil-photo compact, que j’ai confiés régulièrement à mes courageux passagers du moment (autres invités et instructeurs) afin qu’ils puissent immortaliser ces moments exceptionnels quand j’étais moi-même au volant.

Voici un montage des meilleurs moments, notamment les derniers tours de circuit à un rythme assez élevé, quand nous avions l’engin bien en main.