Il y a deux jours, le président sétifien nous parlait des projets qu’il avait concernant le recrutement et aussi sa volonté de construire une équipe encore plus forte, en vue d’un bon parcours en Coupe d’Afrique. Sa position changera du tout au tout, 24 heures plus tard. En effet, hier après-midi, il surprendra tout son monde en affirmant qu’il démissionnera de son poste, le 30 mai prochain.
Il se contentera de nous dire qu’il dévoilera les raisons de son retrait très prochainement. «Juste avant mon départ, j’organiserai une assemblée du conseil d’administration. Vous ne me verrez plus à l’ESS après le 30 mai», s’est contenté d’affirmer le président de la société Black Eagle qui gère les affaires de l’ESS… Affaire à suivre…
Hammar «Cette fois, c’est fini, j’arrête !»
Invité hier matin de la chaîne Echourouk TV, le président Hassan Hammar a profité de l’occasion pour vider son sac, évoquant la crise financière qui secoue la maison sétifienne. D’ailleurs, il a clairement annoncé son départ, lui qui a pourtant fait face à de nombreux problèmes depuis l’entame de la saison. En plus de la forte attente de la galerie sétifienne qui veut maintenant voir l’Aigle noir dominer l’Afrique, Hassan Hammar affirme aussi qu’il est en train de subir de terribles pressions de toutes parts.
L’urgence, payer les joueurs
A l’instar de Serrar, le président sétifien a affirmé que le club a besoin de pas moins de six milliards de centimes pour assurer une bonne gestion de l’Entente lors de l’intersaison, en payant notamment les arriérés des joueurs, tout en évitant un divorce entre la direction et le groupe de joueurs. Tout le monde a en mémoire le bras de fer entre Rachid Salhi et Hemmar, il y a quelques mois de cela. En prêtant pas moins de 2,3 milliards à Hemmar, avant l’entame de la saison, Rachid Salhi n’avait nullement apprécié les déclarations du président sétifien qui a affirmé n’avoir reçu aucune aide. C’est ainsi qu’il a exigé qu’on lui rende son argent dans les meilleurs délais. Un conflit entre les deux hommes qui avait poussé Abdelhakim Serrar à intervenir et calmer les esprits. Les choses se sont tassées depuis.
Hammar a conclu son intervention en rassurant les joueurs sur leurs arriérés, car ils seront payés jusqu’au dernier centime, avant son départ.
Des problèmes «relationnels» à n’en plus finir !
Il évoquera aussi des problèmes relationnels avec certains dirigeants. Tout le monde a en mémoire les échanges aigres-doux qu’il a eus avec le président de la société Black Eagle, Hakim Serrar. Malgré le doublé Coupe-championnat, arraché de haute lutte par le club phare des Hauts Plateaux, Hassan Hammar affirme : «Je ne peux plus gérer cette terrible pression, je dois prendre du recul, car je dois me reposer surtout que ma mission devient très dure à assumer. Je me retire de mon poste de président de l’Entente.» Si les amoureux de l’Aigle noir sont en train de rêver d’une consécration au niveau africain, Hassan Hammar, quant à lui, s’est dit dépité par la situation actuelle que traverse le club, affirmant clairement que l’avenir est loin d’être serein. En plus de ses soucis personnels, le président Hassan Hammar est revenu sur la situation financière catastrophique que traverse l’Entente ces derniers temps, ce qui ne permet guère à la direction de régler les arriérés des joueurs.
Benhamou «Conquérir l’Afrique maintenant»
«C’est exceptionnel de pouvoir vivre ça. On sentait qu’il y avait toute une ville derrière nous. Gagner le doublé est quelque chose d’exceptionnel. Celui-ci est particulier car cela faisait 44 ans que le club attendait ça. C’est fantastique de vivre cela, même s’il m’est arrivé de gagner des titres, notamment en catégorie jeunes, celui-ci restera toujours dans mon cœur. Aujourd’hui, on a envie de conquérir l’Afrique. C’est dur bien évidemment car on ne retient que le vainqueur mais bon, il y en a beaucoup qui ont gagné la Coupe d’Afrique. Ils peuvent bien nous laisser la prochaine (rires). Dès le départ, je sentais qu’il y avait un bon coup à jouer pour l’Entente. Bien sûr, gagner le doublé était au-delà de toutes les espérances. Il s’agit maintenant de remettre le bleu de chauffe car le plus dur commence».
1968, 2012… Quand l’histoire se répète
L’ESS vient de remporter le doublé Coupe/Championnat. Cela ne lui était pas arrivé depuis 44 ans. En effet, la dernière année où les Sétifiens se sont adjugés les deux couronnes nationales, ce fut en 1968. Les similitudes ne s’arrêtent pas là, loin s’en faut. Etrangement, ces deux saisons présentent d’étonnantes ressemblances.
La victoire en coupe s’est jouée aux prolongations…
Les Sétifiens ont gagné la Coupe d’Algérie à huit reprises. 6 fois, la victoire a été obtenue durant les 90 minutes réglementaires. L’ESS a dû attendre les prolongations pour gagner la finale à deux reprises. C’était en 1968, contre le NAHD et en 2012 contre le CRB… C’est-à-dire les deux seules saisons où les Sétifiens ont gagné le doublé Coupe/Championnat.
… et le championnat sur un but… a priori anecdotique !
Les titres de champion gagnés en 1987, 2007 et 2009 par l’ESS le furent par un écart de points sur les poursuivants. Les seules années où l’on a dû avoir recours à la différence de buts, c’était en 1968… et en 2012 ! Plus encore, il a fallu tenir compte du goal-average entre le champion et son poursuivant. En 1968, Mattem avait inscrit un but dans les temps morts contre le MCO lors du match aller, alors que l’ESS menait 2-0. Personne ne savait alors que c’était ce but qui allait offrir le titre aux Sétifiens.
44 ans après… bis repetita
En 2012, Djabou réduira la marque dans les temps additionnels, alors que son équipe était menée 2-0. C’était lors de la phase aller et l’adversaire des Sétifiens était la JSMB. Cette dernière sera privée de titre à cause justement de ce but qui pèsera lourd au goal-average entre les deux équipes. 44 ans après, l’histoire venait de balbutier… Au grand bonheur des Sétifiens.
Le doublé Coupe/Championnat de l’ESS : un accident ?
Il est certain que ceux qui ne donnaient pas cher de la peau des Sétifiens en début de saison se sont trompés sur toute la ligne.
Ils doivent, pour se racheter, faire leur mea culpa. Aucun d’eux n’avait prévu que l’ESS serait champion d’Algérie ni, encore moins, gagner la coupe.
Leurs analyses étaient donc erronées. Ils se sont donc lourdement trompés. On peut toujours plaider qu’on ne pensait pas que la défense béjaouie se saborderait à ce point, à quelques encablures du championnat, ou que tel ou tel joueur se révélerait être disons «influençable», mais, honnêtement, cela ne suffirait pas à expliquer la défaillance.
Des projets d’avenir,plein la tête !
Cela dit, surgira aussitôt une question que l’on ne peut manquer de se poser : Sétif et le doublé Coupe-Championnat, accident ou révolution ? Accident pour cause de naufrage béjaoui, inconstance du CRB et défaut de rigueur usmiste ou révolution parce que, cette année, l’ESS cueille les fruits d’une politique de développement méthodique et habile ?
Les promoteurs et défenseurs de l’ESS mettent en avant la stratégie de développement du club sétifien dirigé par le prudent Hakim Serrar. Ce dernier ne veut pas s’arrêter en si bon chemin et des projets, il en a. D’abord bâtir un vrai centre de formation au sein du club capable de sortir les futurs grands joueurs de l’ESS, ensuite se donner les moyens de posséder un grand complexe sportif. L’urgence cependant est de faire venir des joueurs prometteurs et accompagner sportivement la construction du club sur les fondations décrites ci-dessus.
A quoi ça tient, un destin ?
L’ESS ne sera sans doute pas le club d’une saison de rêve et qui ne devrait son succès qu’aux boulettes de certains joueurs de clubs concurrents. On verra ce qu’il en sera en Ligue des Champions, surtout si le petit prodige, Abdelmoumen Djabou, reste du côté des Hauts Plateaux et en dépit du probable départ de certains cadres de l’équipe. Très certainement, ce doublé est aussi l’œuvre d’un entraîneur, Alain Geiger, qui est arrivé au club presque par accident. A quoi ça tient un destin ?
Sétif en rêvait, Sétif l’a fait !
Le doublé Coupe/Championnat… Une dizaine de jours après avoir remporté contre le CRB la 8e Coupe d’Algérie de son histoire, Sétif a été sacrée champion d’Algérie de football samedi, à l’issue de sa victoire contre le CSC lors de l’avant-dernière journée de championnat. Les joueurs de l’entraîneur, Alain Geiger, décrochent ainsi le deuxième doublé de l’histoire du club, après celui réalisé en 1968. Il s’agit du cinquième titre de champion d’Algérie obtenu par Sétif. Cette dernière retrouvera la Ligue des champions d’Afrique la saison prochaine et il ne s’agira pas pour elle de faire de la figuration.