Franc, sans langue de bois, provocateur parfois, Hassan Hammar, le président de l’ESS, est revenu longuement sur l’intersaison mouvementée du champion d’Algérie en titre. Il parle de tout, des flops et des bons coups, sans ambages. Entretien.
Vous avez effectué votre recrutement en fonction des besoins émis par l’ancien entraîneur, Alain Geiger ; estimez-vous avoir réussi à avoir tous les joueurs que vous cibliez ?
Il vrai qu’Alain Geiger a émis quelques besoins la saison dernière. Il a demandé entre autres à ce que nous recrutions un gardien de but, un renfort dans l’axe de la défense, à gauche… ce qui est logique dans l’absolu du moment que, devant, nous n’étions quand même pas bien lotis. On marquait trois à quatre buts à chaque matchs, mais, à l’opposé, on en encaissait au moins deux. On a donc misé sur ce mercato pour nous renforcer en conséquence mais, en parallèle, nous avons fait en sorte de conserver l’ossature du groupe. En gros, on a retenu les joueurs qu’on voulait et avons laissé partir les autres. De ce fait, j’estime que notre mercato est réussi à 90%
A 10% près, des regrets sans doute ?
Oui, je regrette beaucoup Djabou. J’aurais aimé le voir rester pour au moins une saison supplémentaire. C’est un joueur sans égal qui apportait beaucoup à l’équipe. Sinon, je suis assez satisfait du recrutement qu’on a effectué. A droite, on a fait venir Ziti, qui est quand même un joueur confirmé. Il a l’expérience et le talent nécessaires. A gauche, Lagraâ fera l’affaire. C’est un joueur d’avenir. Cela pour dire que le départ de Hachoud et Benmoussa ne risque pas de se faire sentir. Loin s’en faut.
Seuls douze joueurs de l’effectif de la saison écoulée ont été maintenus ; ne pensez-vous pas qu’un minimum de stabilité devait être de mise pour un groupe qui a remporté le doublé ?
Si l’on voit les choses sous cet angle, on peut effectivement penser que c’est bête de changer à 60% un groupe couronné de doublé, mais il faut aussi savoir que, de ce groupe, seuls 14 ou 15 joueurs ont été utilisés de manière régulière. Cela pour vous dire que, parmi les joueurs qui nous ont quittés cet été, il y en a qui n’ont joué qu’une seule mi-temps de toute la saison ! Seuls donc trois ou quatre joueurs qui ont pris part au doublé sont partis alors qu’on aurait aimé les conserver. Il est logique que l’on regrette Djabou, Benmoussa, Hachoud et Diss.
Djabou, Benmoussa, Hachoud et Diss ? Vous venez d’affirmer pourtant que vous ne regrettiez que Djabou…
Il est clair qu’on aurait aimé les avoir avec nous. Diss, par exemple, a été exemplaire sur le terrain, et en dehors, lors des quatre saisons qu’il a passées à Sétif. C’est un chouette gars à qui je souhaite beaucoup de réussite dans la suite de sa carrière. Cela aurait été bien de les avoir avec nous, mais on était dans l’incapacité de retenir un joueur comme Hachoud qui a posé des conditions exagérées. Imaginez qu’on s’était pliés à ses exigences et qu’on lui ait versé six mois de salaires cash ? Les quinze autres joueurs réclameront la même avance et, dans ce cas, on serait appelés à réunir un budget de 30 milliards pour satisfaire tout le monde, ce qui était impossible. Du coup, le départ de Hachoud peut être interprété comme un mal pour un bien.
Etes-vous satisfait du recrutement, d’autant que ça négociait serré à chaque fois ?
Beaucoup a été dit à ce sujet. Certains ont même essayé de semer la zizanie. Ils ont colporté de fausses informations sur nous, ce qui a fait que les joueurs que nous ciblions étaient un peu réticents. Mais après pourparlers, ils ont vite changé d’avis et ont fait montre de plus d’enthousiasme pour signer chez nous.
Est-ce à dire que vous accusez certaines parties de sabotage ?
Oui. Je le dis et je le répète, certaines personnes malintentionnées ont tout fait pour nous mettre dans bâtons dans les roues. Sinon, comment expliquer que des joueurs comme Chalali, Kachi et Demba, qui ne savent même comment se rendre au 8-Mai-45 soient à l’entrée de la banque avec qui nous traitons le lendemain de leur signature. Il est clair qu’on les a manipulés. On s’était mis d’accord pour qu’ils encaissent leurs chèques 48 heures après la signature, mais ils ont été conduits à la banque à peine quelques heures après.
Comment avez-vous réglé le problème ?
On a pu contenir le malaise difficilement. J’ai fait en sorte de ramener de l’argent liquide et régler tout le monde cash. Ainsi, j’ai pu découvrir quelqu’un qui se prenait pour un crack en son genre. C’est à croire qu’après lui, c’est le déluge !
Vous faites allusion à Kachi, sans doute…
Oui. Ce garçon était allé loin dans ses propos.
Est-il vrai qu’il vous a traités de personnes indignes de confiance ?
Oui. Il nous a dit textuellement qu’il n’avait pas confiance et qu’on lui avait rapporté que nos anciens joueurs n’étaient pas payés et, de ce fait, il voulait une avance de huit mois cash, alors que son argent était prêt. Je l’ai écouté parler. Je lui ai demandé de patienter le temps de régler les autres joueurs et on en parlera. J’ai donc payé Chalali, Demba et Khedaïra. Son tour venu, je lui ai dit que je ne l’accepterai pas dans mon équipe même gratuitement. Chez nous, on fonctionne au feeling. Il n’a pas sa place à l’Entente. Il a tout fait
pour revenir, mais moi, je lui ai mis une croix dessus. Pas plus tard qu’hier (vendredi, ndlr) le coach m’a dit qu’il l’avait appelé et qu’il voulait revenir…
Et quelle a été votre réponse ?
J’ai dit à Velud que je ne le reprendrai pas, même s’il devait me faire gagner la Coupe d’Afrique !
Pour la première fois, le club n’a pas contracté de crédits pour recruter… Et pourquoi ?
C’est vrai. Avant, on contractait quelque six à sept milliards à cette période de la saison pour recruter. Mais cette année on a réussi à payer les nouveaux avec notre propre argent. Et là, je voudrais saluer l’engagement et les sacrifices des anciens qui ont accepté d’attendre les cinq milliards de l’APC pour être payés. Ils ont fait preuve de beaucoup de patience et c’est tout à leur honneur. De notre côté, nous avons tenu nos engagements.
Au moins cinq jeunes du cru sont partis signer à l’USMA cet été en dépit de l’opposition de la direction, comment traitez-vous ce dossier ?
On s’y est opposés dans un premier temps mais, face aux offres alléchantes de l’USMA, ces joueurs ont fini par partir. On ne pouvait pas les retenir dès lors que cela va à contre-sens de notre politique de formation. Chez nous, on forme les jeunes, mais on ne les paye pas. A l’USMA, on leur a promis des primes et c’est normal qu’ils
disent oui. Mais sachez bien que l’Entente va demander des indemnités de formation. Nous avons déjà saisi qui de droit.
Parlons de l’Assemblée générale, pourquoi ne s’est-elle pas tenue à ce jour ?
On attend la fin du cycle olympique. Mais encore, pourquoi ceux qui insistent aujourd’hui pour que je tienne l’AG et l’AGE ne se sont pas manifestés lorsque Serrar avait démissionné de son poste ? A cette époque, c’est moi qui avais pris mes responsabilités et accepté ce cadeau empoisonné. Ceux qui parlent d’AG Elective doivent d’abord être membres et qu’ils aient les compétences pour gérer un club comme l’Entente, après, ils pourront se l’ouvrir !
Quand comptez-vous la tenir ?
Le bilan financier a été déposé chez le commissaire aux comptes et dès qu’il sera prêt, on provoquera l’AG.
Allez-vous briguer un nouveau mandat ?
Oui. Et je défierai ceux qui ont des vues sur le poste d’avoir les compétences pour apporter plus que ce que j’apporte à l’Entente actuellement. Je sais qu’il arrivera le jour où je serai amené à quitter la table, mais, pour le moment, j’y suis j’y reste car je n’aime pas les complots derrière le dos.