ESS : Aussi pathétique que surréaliste

ESS : Aussi pathétique que surréaliste

Suite au mouvement de grève déclenché par les joueurs, on est en droit de se demander si l’ESS n’offre pas une image déplorable aux yeux du monde sportif. A  trois jours du match retour contre le Simba de Tanzanie pour le compte de la Coupe de la CAF, un match qui, rappelons-le, peut  leur permettre de poursuivre l’aventure africaine, les joueurs sétifiens ont décidé de boycotter l’entraînement. Ils exigent le paiement intégral de leurs arriérés financiers. Les camarades de Delhoum ont ainsi refusé de s’entraîner. Une action préméditée et surtout prévisible. Les joueurs ayant à maintes reprises avertis la direction du club. De toutes les façons, ce que vit le club des Hauts Plateaux est aussi pathétique que surréaliste.

Le club à l’agonie !

Ceux qui suivent de près le quotidien du club sétifien vous diront que l’état de crise dans lequel se trouve la direction sétifienne était finalement prévisible. Plusieurs indicateurs étaient au rouge depuis maintenant des mois et les résultats purement techniques, qui sont excellents, cachent mal un profond malaise financier. Ce n’est que parce que les joueurs ont consenti à maintes reprises à faire des sacrifices que cette crise n’a pas surgi plus tôt et cela aurait été un mal pour un bien. Les conséquences seront graves et surtout irréversibles car on se trouve en phase de dénouement en ce qui concerne les compétitions dans lesquelles est engagée l’ESS.

C’était pratiquement inévitable

LG Algérie

Les joueurs de l’ESS, le leader de la L1 professionnelle, se sont mis en grève, il y a maintenant deux jours. Ils ont refusé de s’entraîner mardi et mercredi en raison des retards répétés dans le versement de leurs salaires et de certaines primes de match. Dans l’immédiat, l’équipe de l’ESS pourrait ne pas se présenter lors du match contre le Simba, ce vendredi. Si la décision de jouer cette rencontre est quand même prise, l’équipe sera privée de ses titulaires.

Plusieurs salaires impayés

Les joueurs n’ont pas perçu plusieurs salaires et surtout n’ont pas de certitude d’être payés d’ici au 30 juin, date officielle de la fin de saison. L’ESS est dans une situation financière très délicate.  «L’Entente possède une histoire et fait partie du patrimoine de la région et du pays. Ce qui aurait dû être une chance pour le club n’a finalement été d’aucune utilité», a expliqué Serrar.  La décision de geler les activités du club ayant été prise, jusqu’à nouvel ordre, aucune des catégories que compte le club ne jouera de match officiel ou amical.

Tout a commencé au mois de janvier

Les principaux responsables de l’APC, de la daïra et de la wilaya avaient invité, au mois de janvier dernier, les chefs d’entreprises qui prospèrent dans la wilaya de Sétif. Onze d’entre eux feront honneur à cette invitation et il était convenu que chacun d’eux versent, au compte de l’ESS, la somme de 300 millions de centimes. Les chefs d’entreprises émettront une seule condition. Ils ont exigé que Serrar et Hammar s’acquittent de la même somme. Qu’à cela ne tienne, les deux responsables du club donneront aussitôt l’exemple.

Six sur treize, le mauvais compte !

Six seulement des onze chefs d’entreprises auxquels il faut ajouter Hammar et Serrar tiendront leur promesse. Enfin, ce n’est pas exactement le cas pour trois d’entre eux. Ces derniers auront tôt fait de trouver divers subterfuges pour que les chèques qu’ils ont émis ne bénéficient pas à l’ESS. Au final, les caisses du club ne seront renflouées que par une somme qui dépasse de peu le milliard de centimes alors qu’elles devaient l’être, selon les promesses faites au wali, par près du quadruple de ce montant.

De la démagogie, en veux-tu-en-voilà !

Et pourtant, ils en ont tenu des beaux discours ces soi-disant bailleurs de fonds, en présence du wali de Sétif et sur les ondes de radio Hidhab. «L’ESS est la deuxième mère», dira l’un, avant de se faire transparent pour très longtemps. «Nous les Sétifiens, nous marchons au nif !», ajoutera  l’autre, tout en ne tenant pas sa promesse d’aider le club. Bien sûr, toute cette mauvaise foi des uns et des autres ne saurait cacher qu’il y a eu, quelque part, disfonctionnement au niveau des structures mêmes du club.

Les petits mécènes ignorés

Force est de reconnaître que Serrar et Hammar, les deux principaux responsables sétifiens, se sont démenés comme ils ont pu pour alimenter les caisses du club. Ce qu’on peut leur reprocher est le changement de vision en ce qui concerne les sources de financement. En effet, cette saison, manifestement, on a compté, du côté de la direction du club, sur les gros investisseurs en délaissant totalement les habituels petits bailleurs de fonds. Ces derniers sont des petits entrepreneurs locaux qui n’hésitaient pas à mettre la main à la poche pour donner des sommes, certes, modestes, mais loin d’être négligeables.

Une trentaine de panneaux publicitaires ont disparu

Ce virage à 180 degrés qui a été pris par la direction du club se traduit par la disparition de près d’une trentaine de panneaux publicitaires sur le pourtour du terrain du stade du 8-Mai. Ils laisseront la place à une dizaine de panneaux portant les logos de grosses entreprises. La morale de la célèbre fable de La Fontaine «La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf» s’applique, on ne peut mieux, au grand club de Sétif.

Les membres du staff atterrés

Il est certain que Geiger et ses adjoins ont, comme on dit, les mains liées devant cette situation. Ils sont manifestement atterrés par tout ce qui arrive. Bien sûr, aucun commentaire ne sera fait et Geiger et son équipe ne peuvent qu’attendre quelle tournure prendront les événements. A n’en pas douter, si l’équipe finit par jouer le match contre le Simba, elle ne le fera pas dans le meilleur état d’esprit et cela ne peut jouer qu’en faveur des Tanzaniens.

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Delhoum : «Nous sommes arrivésà un point de non-retour»

Aucun joueur de l’effectif sétifien n’a voulu faire la moindre déclaration en ce qui concerne le mouvement de grève entamé depuis lundi. Ils nous diront que seul leur représentant, Delhoum, a le droit de parler en leur nom. Nous nous sommes tout naturellement rapprochés du capitaine sétifien qui nous a accordé l’entretien qui suit.

Vous avez entamé un mouvement de grève la veille d’un match de Coupe d’Afrique.

Un commentaire…

Ecoutez, si nous en sommes arrivés à cette solution extrême, c’est qu’il n’y en avait aucune devant nous. Comme on dit chez nous, «le couteau est arrivé à l’os». Nous avons essayé de trouver un accord à l’amiable avec la direction du club, en vain.

Est-ce que vous avez pris cette décision sur un coup de tête ?

Pas du tout. Elle est mûrement réfléchie. Elle a été prise à l’unanimité et aucun des joueurs ne s’y est opposé. Par ailleurs, la direction du club était avertie depuis des semaines. La dernière fois où nous avons lancé notre ultimatum, c’était à notre arrivée à Dar Essalam. Pas le moindre geste d’apaisement n’a été fait, nous avons le sentiment que nous n’avions rien à espérer.

Ne pensez-vous pas que vous auriez dû temporiser, tout au moins après le match face au Simba ?

Cela n’aurait rien changé et ce serait reculé pour mieux sauter. Sans entrer dans la vie privée des uns et des autres, nos familles souffrent du fait que nous n’avons perçu aucun salaire depuis longtemps.

Il est possible que vous soyez régularisés dans les toutes prochaines heures. Ne croyez-vous pas que c’est une erreur que de refuser de vous entraîner ?

Nous sommes des professionnels et si il y a, comme vous dites un dénouement heureux très bientôt, nous avons les capacités de nous qualifier  face au Simba, même si la préparation de ce match a été perturbée.

Cette façon de faire pourrait priver l’ESS et ses supporters de titres qui sont à votre portée. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?

Nous ne nous sommes que des joueurs professionnels qui ont des devoirs, certes, mais aussi des droits. Les titres dont vous parlez ne peuvent être conquis avec de fausses promesses. Nous avons le sentiment d’avoir bien fait notre travail jusque-là et nous ne comprenons pas pourquoi nous ne sommes pas rémunérés pour cela. Que chacun assume ses responsabilités. En ce qui nous concerne, nous avons la conscience tranquille.

Et si on vous demandait de transmettre un message à vos supporters ?

Chacun d’entre nous a reçu des dizaines de messages d’encouragements de la part des supporters, même si ces derniers regrettent que l’avenir du club soit en danger. Nos supporters savent pertinemment que les joueurs qui composent l’effectif sont issus de bonne famille et qui ont fait les sacrifices nécessaires pour porter très haut les couleurs du club. Malheureusement, la décision finale ne nous appartient pas.

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ESS-Simba : l’affiche du jour, selon la CAF

On pouvait lire sur le site officiel de la CAF que le match qui opposera ce vendredi l’ESS au Simba est l’affiche de cette journée de Coupe d’Afrique. Cette rencontre, si elle se joue, mettra aux prises deux équipes qui caracolent en tête de leurs championnats respectifs.

Les juniors éliminés

Les juniors sétifiens ont été éliminés en demi-finale de la Coupe d’Algérie. Ils ont été battus par leurs homologues de l’ASO (2-1) à Baraki. C’est Guenfoud qui a inscrit le seul but sétifien.

Les internationaux hors du coup

Trois des joueurs alignés par le staff sétifien venaient tout juste de participer au dernier tournoi de l’UNAF. Il s’agit de Bezzaz, Chenni et Saïghi qui, manifestement, n’ont pas eu le rendement qu’on attendait d’eux. En petite forme physique, ils n’ont pas été d’une grande utilité à leur équipe.

Moubani : «Nous avons été victimes de l’arbitrage»

«Avant toute chose, je me dois de reconnaître que l’ASO mérite sa qualification. Mes joueurs ont fait de gros efforts au cours de cette rencontre et leur déception est grande. L’arbitre a peut-être faussé le verdict de ce match en nous refusant un but valable suite à une soi-disant faute sur le gardien de l’ASO.»