Les forces marocaines ont utilisé du matériel militaire espagnol pour déloger les 20 000 Sahraouis qui protestaient pacifiquement dans le camp de toile de Gdeim Izik, dans les abords d’Al Ayoune. Des organisations civiles dont la Fédération nationale des associations de soutien au Sahara occidental ont déposé, cette fin de semaine, une plainte auprès du ministère de l’Industrie
, appuyée d’une vidéo sur la prise d’assaut de ce camp de protestation, le 8 novembre 2010, qui apporte «la preuve de l’utilisation par le Maroc de véhicules militaires de grande mobilité qu’il avait achetés à l’Espagne en 2008 et en 2009». La plainte interpelle le gouvernement Zapatero sur la suspension immédiate des contrats d’exportation de matériel militaire espagnol vers le Maroc.
Le contrat en question comporte, en effet, une clause sur l’interdiction d’utilisation de ces armes de guerre au Sahara occidental. «Bien que pleinement informé de l’usage de ces armes par les autorités marocaines pour réprimer les populations sahraouies, le gouvernement espagnol n’a pas fait valoir, dans le cas du Maroc, les conditionnalités qui accompagnent les ventes de matériel de guerre à l’étranger.»
Le gouvernement socialiste espagnol a fait fi de cette clause dans ses ventes d’armes à Israël qui ont servi durant l’invasion de Ghaza par l’Etat hébreu, selon certaines organisations humanitaires. Le rapport annuel présenté par le ministère de l’Industrie au Congrès des députés, situe en bonne place le Maroc et Israël parmi les pays importateurs de matériel militaire espagnol.
Campagne contre l’accord de pêche Maroc-UE
Ce n’est pas là encore le seul motif de protestations des organisations civiles en Espagne contre les «complots» entre Madrid et Rabat.
La presse espagnole a annoncé, hier, une série de démarches entreprises par les associations de soutien à la cause sahraouie et des organisations humanitaires et écologiques internationales auprès du Secrétariat espagnol au Commerce extérieur pour dénoncer l’Accord de pêche UE-Maroc dont la prorogation est, actuellement, débattue par les experts à Bruxelles.
«Cet accord qui est illégal, immoral et injuste constitue une violation flagrante du droit international, car le Sahara occidental est un territoire non autonome sous occupation militaire étrangère et qu’en plus le produit de pêche ne bénéficie pas aux populations sahraouies», estiment ces mêmes ONG.
Le Secrétariat d’Etat au Commerce s’est limité à répondre à ce propos que «la Commission européenne s»est toujours efforcée de respecter la légalité internationale» dans les négociations sur l’Accord de pêche avec le Maroc.
Les membres des organisations écologiques internationales ont tenu à mettre en garde l’Espagne, qui a obtenu 100 des 120 licences d’exploitations délovées par Rabat, sur la surexploitation des ressources maritimes sahraouies par les chalutiers européens qui mettent gravement en péril le milieu naturel marin du Sahara occidental.
H.