Les militants de l’extrême gauche indépendantiste de Catalogne ont repoussé à samedi 2 janvier leur décision sur la formation d’un gouvernement séparatiste qui avance vers la sécession de cette riche région du nord-est de l’Espagne.
Après plusieurs tours de scrutin, l’assemblée générale de la Candidature d’unité populaire (CUP) s’est terminée dans l’impasse dimanche soir.
La moitié des militants, avec 1.515 voix, a voté pour laisser le président régional sortant, Artur Mas, un conservateur controversé, former le prochain gouvernement.
L’autre moitié a rejeté cette option par 1.515 voix également.
La décision finale devra être prise par le conseil politique de cette petite formation anticapitaliste, antieuropéenne et anti-Otan.
Le conseil est formé de 60 représentants des assemblées territoriales et des groupes politiques et syndicaux qui composent la CUP.
Artur Mas a besoin d’au moins deux des 10 députés de la CUP pour être investi par le Parlement et mettre en oeuvre son programme de sécession. Si un gouvernement n’est pas formé d’ici le 9 janvier, de nouvelles élections régionales devront être convoquées, les quatrièmes depuis 2010.
« Les chiffres sont diaboliques mais au-delà des chiffres, nous sommes face au défi de débattre et trouver des solutions à partir de ce résultat », a déclaré à la presse le chef du groupe parlementaire de la CUP, Antonio Baños.
Les formations indépendantistes ont obtenu la majorité des sièges au Parlement régional le 27 septembre dernier. Leurs députés ont adopté une résolution proclamant le début d’une processus de séparation de l’Espagne en 18 mois et l’insoumission de cette région de 7,5 millions d’habitants à l’Etat espagnol.
Mais la coalition dirigée par Artur Mas, « Ensemble pour le oui », (62 députés), et la CUP ont été incapables de surmonter leurs différences idéologiques pour former un gouvernement.
La gauche anticapitaliste a demandé en vain qu’on lui présente un autre candidat pour diriger l’exécutif. Elle reproche à Artur Mas sa politique d’austérité et les scandales de corruption qui éclaboussent son parti CDC.
« Ensemble pour le oui a encore la possibilité de faire une nouvelle proposition, de comprendre que celle qu’elle a mise sur la table n’a pas l’appui de la majorité », a déclaré le numéro 2 de la CUP, Anna Gabriel.
Pour tenter d’amadouer les anticapitalistes, la coalition avait proposé cette semaine un plan de 270 millions d’euros de mesures sociales pour les enfants défavorisés, pour freiner les expulsions de propriétaires incapables de payer les traites de leur logement et bloquer des privatisations.
Si le conseil politique de la CUP finit par accepter la candidature d’Artur Mas, celui-ci pourrait être investi dans les premiers jours de janvier et reprendre sa lutte avec Madrid, où tous les partis sont opposés à la sécession de la Catalogne.
Même Podemos, la gauche radicale de Pablo Iglesias, ne souhaite pas l’indépendance. Mais c’est le seul à avoir accepté que les Catalans se prononcent sur leur avenir par referendum, comme l’ont fait les Québecois au Canada et les Ecossais au Royaume Uni. Dans les deux cas, ils ont rejeté le sécession.
La prise de position de Podemos lui a valu un succès retentissant en Catalogne lors des élections législatives du 20 décembre.
Mais elle est inacceptable pour le Parti socialiste qui exige qu’il y renonce avant de tenter de former avec lui un gouvernement de coalition, et empêcher le conservateur Mariano Rajoy de se succéder à lui-même.