Espagne : la chasse aux sans-papiers reprend – 3 000 Algériens risquent l’expulsion

Espagne : la chasse aux sans-papiers reprend – 3 000 Algériens risquent l’expulsion

Des adolescents et des personnes âgées ont été ramenés manu militari de la péninsule ibérique pour être jetés au port de Ghazaouet, et ce, paraît- il, à cause de la crise économique qui touche ce pays, qui, pourtant, rappelons-le, a été l’unique pays européen à ne pas fermer son consulat durant la décennie noire aux Algériens, contrairement aux Etats-Unis et la France.

28 Avril 2013, La nouvelle république



Ce n’est pas la première fois que des sans-papiers algériens sont menottés et embarqués de force dans des bateaux et des avions à destination des différents ports et aéroports de l’ouest du pays, sans que les responsables concernés par ce grave problème au niveau central ne lèvent le petit doigt.

La procédure de régularisation des étrangers suivant le décret royal 299/2000 du 18 février (JO de l’Etat espagnol du 19 /02/2000) a vu 52 centres ouvrir leurs portes aux étrangers, mais le choix a été porté essentiellement sur les ressortissants d’Amérique latine, des pays de l’Est et sur la communauté marocaine, une loterie des plus inégales, aux détriment des Algériens, qui, pourtant, sont présents en force sur le territoire ibérique.

Course d’endurance et d’orientation, la procédure de régularisation de plus de 180 000 étrangers ne concernait, en fin de compte, que 135 000 personnes. Les algériens se trouvant au niveau du campement de «Calamacanno »(centre), qui réclament toujours l’asile politique, ont vu à maintes reprises leur requête rejetée par les différents délégués du gouvernorat à Ceuta et Melilla.

Les responsables du ministère de l’Intérieur espagnol restent déterminés : «Le concept de faux réfugiés (algériens) soupçonnés de venir profiter de la prospérité espagnole malgré la crise économique qui frappe en plein fouet ce pays, sous couvert d’asile politique, ne sera plus admis dans le cadre des différentes régularisations qui ont été conduites dans ce pays.»

Pour la délégation et les sous-délégations du gouvernement et des services administratifs reparties à travers le territoire espagnol (bureau des étrangers), au nombre de 57 collèges, la décision finale revient à la direction générale d’ordonnancement des migrations, dont le siège est à Madrid, qui accorde ou refuse les demandes de régularisation. En 2001, un avis favorable a vu 2 006 dossiers accordés sur 5 396 déposés par des algériens.

La régularisation des dossiers, une procédure extraordinaire ayant pour but la normalisation de la situation des étrangers qui se sont implantés illégalement en Espagne, sans qu’il soit nécessaire pour eux d’obtenir un visa d’entrée dans ce pays ou d’en être exemptés, aura profité plus à la communauté marocaine qu’aux Algériens.

Contactés par nos soins, des Algériens en situation irrégulière à Alicante (sud de l’Espagne), où on note une forte concentration de la communauté algérienne venant principalement de l’ouest algérien, sont conscients de la menace d’expulsion qui les attend à chaque coin de rue ; les services de l’immigration ne badinent pas avec la loi, qui prend effet à partir des délais fixés et formulés par les gouvernements successifs d’Aznar et Mariano Rajoy, et quelque 3 000 Algériens ont été reconduits vers les frontières.

Pourtant, l’Espagne, qui maintient avec l’Algérie des relations économiques et commerciales solides, d’une importance non négligeable, a ouvert une campagne de chasse aux Algériens, dans l’indifférence totale de nos responsables.

Manseur Si Mohamed