Espagne : des haragas algériens, dont des enfants, secourus aux Baléares

Espagne : des haragas algériens, dont des enfants, secourus aux Baléares
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Les traversées périlleuses de la Méditerranée se poursuivent en ce début de mois de septembre, avec de nouvelles arrivées de migrants sur les côtes espagnoles. En l’espace de quelques heures, près d’une trentaine de personnes, dont des Algériens, ont été secourues ou interceptées aux abords des îles Baléares, confirmant une intensification des départs clandestins depuis l’Afrique du Nord.

En fin d’après-midi, une embarcation à moteur transportant sept migrants algériens a accosté sur les plages d’Ibiza, à Playa d’en Bossa. Selon Cadena SER, une chaîne de radio espagnole généraliste nationale, l’alerte a été donnée par le service de sauvetage maritime local, avant l’intervention de la Police municipale puis de la Police nationale espagnole, qui a pris en charge les passagers. Selon les premières constatations, certains d’entre eux pourraient être mineurs.

Au même moment, deux autres embarcations ont été signalées dans les eaux de Formentera. La première, repérée à 12,5 milles nautiques au sud-ouest de l’île, transportait 16 migrants d’origine maghrébine. L’opération de secours, coordonnée à 18 h 18 par le Service maritime provincial de la Guardia Civil et Salvamento Marítimo, a permis de ramener l’ensemble des occupants à terre. Quelques heures plus tôt, une autre petite embarcation en difficulté avait déjà été secourue, avec six passagers, également d’origine maghrébine, interceptés à environ une mille au sud de Formentera.

En l’espace de quelques heures, ce sont donc 29 personnes qui ont été recensées, confirmant l’importance de la route migratoire qui relie les côtes algériennes et maghrébines aux îles Baléares. Ces arrivées, bien que régulières chaque été, soulignent une fois de plus les risques encourus par les candidats à l’exil et les difficultés croissantes auxquelles sont confrontées les autorités espagnoles dans la gestion de ces flux.

Les traversées clandestines vers l’Espagne : une pression migratoire persistante

Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, l’année 2025 marque un tournant dans la répartition des flux migratoires vers l’Espagne. Alors que la route des Canaries connaît un net ralentissement, les îles Baléares deviennent un point d’arrivée privilégié. Durant le premier semestre 2025, environ 3 000 migrants ont débarqué dans cet archipel méditerranéen, soit une hausse spectaculaire de 170 % par rapport à la même période de 2024. Cette tendance s’est confirmée au mois d’août : entre le 1er et le 15, les autorités ont enregistré 4 323 arrivées irrégulières, une augmentation de 77 % en glissement annuel.

Ces chiffres révèlent une pression migratoire inattendue dans une zone jusqu’alors moins exposée. La majorité des embarcations repérées partent directement des côtes algériennes, profitant d’une mer plus clémente en été et de distances plus courtes que celles vers les Canaries. Les interventions de la Guardia Civil et de Salvamento Marítimo se multiplient, souvent à quelques milles nautiques seulement des côtes d’Ibiza ou de Formentera. Plusieurs embarcations transportaient des mineurs, confirmant le caractère désespéré de ces traversées.

Une dynamique nationale contrastée et des pertes humaines record

À l’échelle de l’Espagne, les statistiques dressent un tableau plus nuancé. En 2024, le pays avait enregistré 63 970 arrivées irrégulières, dont 46 843 rien qu’aux Canaries, un record absolu. Mais au cours des premiers mois de 2025, la tendance s’est inversée : la route canarienne a connu une baisse de 34,4 %, avec 10 882 migrants recensés entre janvier et mi-mai, contre près de 16 600 l’année précédente à la même période.

En parallèle, les côtes méditerranéennes, incluant l’Andalousie et les Baléares, voient leur fréquentation croître légèrement. Pour les cinq premiers mois de 2025, 3 377 personnes ont été enregistrées sur cette route, soit une hausse de 2,2 %. Cela confirme une redistribution des flux migratoires, où les îles Baléares deviennent une nouvelle porte d’entrée de plus en plus utilisée.

Cependant, ces mouvements humains ont un coût dramatique. Selon l’ONG Caminando Fronteras, pas moins de 10 457 migrants ont trouvé la mort ou disparu en mer en 2024, soit le bilan le plus lourd jamais observé. Ces chiffres rappellent que chaque traversée demeure périlleuse, malgré le renforcement des dispositifs de surveillance et de sauvetage en Méditerranée et dans l’Atlantique.