La première Dame du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, n’a pas du tout été tendre hier envers le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, qui gère mal le dossier relatif au marché informel.
Selon elle, ce dernier devait d’abord s’attaquer aux «gros poissons », à savoir les lobbies, les hommes d’affaires et les propriétaires de containers, avant de s’attaquer aux simples citoyens.
«L’opération de l’éradication du commerce informel, qui a été lancée ces derniers jours au niveau des différentes localités de la capitale, permettra, certes, d’assurer une meilleure organisation du secteur, mais les pouvoirs publics, devaient d’abord penser à trouver des solutions à tous ces futurs chômeurs», a déclaré Louisa Hanoune, hier, lors de son intervention, à l’occasion de la réunion des cadres du parti de la wilaya d’Alger, à la bibliothèque communale d’El Harrach.
Ainsi, la SG du PT estime que l’éradication des marchés informels aura des conséquences «ravageuses » puisque le chômage ne fera qu’accentuer les fléaux sociaux. «Oui, il faut mettre un terme à ce phénomène (le commerce informel).
Mais, quelles sont les occupations de rechange ?», s’est-elle interrogée. Dans ce sens, l’oratrice a mis en garde contre la propagation de l’insécurité qui fait, déjà, des ravages dans les grandes villes du pays. Elle a aussi qualifié les 100 locaux à usage professionnel et artisanal, appelés communément les locaux du président de la République, de « mascarade » car ceux-ci, a-t-elle soutenu, n’ont servi à rien.
Sur un autre chapitre, la patronne du Parti des travailleurs n’est pas allée par trente-six chemins pour critiquer la démarche du premier responsable du secteur du commerce concernant l’autre dossier inhérent au démantèlement tarifaire.
Le report du démantèlement tarifaire à 2020, a-t-elle dit, va faire gagner à l’Algérie 8 milliards de dollars mais il va, cependant, faire perdre à cette dernière beaucoup d’argent car celle-ci n’a pas restitué les droits douaniers sur tous les produits disponibles dans le pays. Pour elle, les déclarations de Mustapha Benbada sont contradictoires.
D’un côté, a-t-elle enchaîné, il précise que le report dudit démantèlement aura beaucoup d’avantages pour l’Algérie, et d’un autre il s’impatiente pour que notre pays adhère à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Toujours dans le même ordre d’idées, Louisa Hanoune a estimé que le dossier lié à l’OMC ainsi que celui de l’éradication du commerce informel ont une relation directe avec les prochaines élections locales.
LES ÉLECTIONS LOCALES NE REPRÉSENTENT PAS UNE PRIORITÉ
À ce propos, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a souligné que les prochaines élections locales ne représentent pas une priorité pour sa formation politique. Pour étayer ses propos, l’intervenante a indiqué que les élections locales revêtent une importance dans les pays où les élus jouissent de prérogatives et où «l’homme égale une voix». Elle a, en outre, fait remarquer que les prochaines joutes électorales n’ont pas été à l’ordre du jour de la rencontre d’hier.
Dans ce contexte, Louisa Hanoune a précisé que le PT est un parti de militants et non un parti électoraliste. «Notre parti ne fait pas du commerce et n’ouvre pas, ainsi, ses portes aux personnes qui veulent l’utiliser comme instrument pour s’enrichir », a-t-elle déclaré. Et de poursuivre : «Le PT a toujours été présent sur la scène politique».
En revanche, la même oratrice a relevé que les préparatifs pour les élections du 29 novembre prochain vont bon train, et ce, a-t-elle poursuivi, bien que la participation ou non à ce rendez-vous n’a pas encore été tranchée. «Nous avons commencé les préparatifs en prévision d’une éventuelle participation. Ceci dit, cette question n’a pas encore été tranchée», a-t-elle expliqué.
Par ailleurs, la première Dame du PT a demandé la révision des lois relatives, respectivement, aux élections et aux partis, mais elle s’est dite néanmoins contre à ce que le taux des 7% concernant les suffrages exprimés soit amené à 5 % car, selon ses dires, ce taux va permettre de «polluer» encore la scène politique qui a été déjà inondée par un nombre pléthorique de partis.
«La plupart de ces partis sont des associations, des ONG et des clubs privés qui n’ont aucun programme politique digne de ce nom», a-t-elle dit. Toujours dans le même sens, Louisa Hanoune a souligné qu’ « un parti qui n’a pas d’idéologie n’est pas un parti», allusion faite à Amar Ghoul, le désormais président du Taj (Tadjamou Amel El Jazaïr) qui a récemment déclaré que «la guerre des idéologies a disparu avec la chute du mur du Berlin».
Sur un autre plan, l’oratrice est revenue sur le dernier rapport de la Commission nationale consultative de la promotion et la protection des Droits de l’homme (CNCPPDH) de Farouk Ksentini qui tire la sonnette d’alarme sur la situation peu reluisante des droits de l’homme en Algérie sur le plan politique et social. «Nous sommes d’accords avec Farouk Ksentini qui soutient aussi que l’APN ne jouit d’aucune crédibilité car 20 % seulement des députés ont été élus par le peuple», a-t-elle déclaré.
Quant au dossier des disparus, la patronne du PT refuse à ce que ceux-ci soient traités comme des terroristes. «Plusieurs d’entre eux sont des victimes de la tragédie nationale», a-t-elle laissé entendre. C’est pourquoi, elle préconise de «clore» ce dossier afin de tourner la page.
SOUTIEN À NEZZAR …..
Après le FLN, le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, le président de la CNCPPDH et tant d’autres responsables, c’est au tour de Louisa Hanoune d’exprimer son soutien au Général à la retraite, Khaled Nezzar.
Cependant, la première Dame du PT a précisé que son parti «défend la souveraineté du pays et ne défend pas Nezzar en tant que personne». «Nous refusons à ce que la Suisse s’immisce dans les affaires internes de notre pays!», a-t-elle tonné. Sur le plan international, la même intervenante a rappelé que ce qui se passe en Syrie rentre dans le cadre du plan du GMO qui vise a détruire le pays sur la base de considérations tribalistes.
Soufiane Dadi
