Eradication des marchés informels : Chronique d’un échec annoncé

Eradication des marchés informels : Chronique d’un échec annoncé
informel-660×330

Eradiqués pour un temps, les marchés de l’informel réapparaissent avec force. Le paysage urbain est infesté de ces étals dans les rues où les produits de tous genre sont exposés.

Par Farid Larbaoui :

Le comble fait que ces marchés sont hétéroclites où tout se vend. Des articles scolaires, les ustensiles de cuisine, des tapis et sacs, du linge maison et des denrées alimentaires dont la qualité et la provenance sont suspectes. Mais rien n’empêche que les consommateurs viennent de tous les coins d’Algérie pour s’approvisionner. Les services de contrôle du ministère du commerce ont jusque-là, établi des comptes rendus selon lesquels il existe prés de 4000 intervenants dans ces marchés.

Une explosion sans pareil de ces marchés est observée depuis l’été dernier selon les mêmes sources. Pis encore, il a été enregistré par les brigades de contrôle quelque 53 nouveaux sites de l’informel qui dominent même sur les hauteurs de la ville. Mais les vrais indices parlent de 75.000 marchés selon les données du ministère du commerce alors que l’UGCAA a jeté un pavé dans la mare en précisant que 300.000 marchés informels sont à dénombrer. Quoi qu’il en soit une catégorie de  » gros commerçants  » ont jeté les bases de ce vaste trafic en se déployant vers des pays comme la Chine, la Turquie et Taiwan profitant du peu de contrôle sur ces produits qui se déversent continuellement sur nos rues.

Pourtant les autorités ont depuis 2012 lancé des campagnes d’éradication de ces marchés avec un bilan plus au moins satisfaisant. Mais il semble que les pouvoirs publics sont dépassés par le foisonnement de ces marchés qui s’apparentent comme une véritable plaie, menaçant la santé des consommateurs. Les étals sont même négociés par des bandes bien organisées qui jaugent les personnes aptes à vendre.

Des marchés comme Bab El Oued est le plus indiqué car il reste impossible à déloger les jeunes vendeurs de rue qui refusent d’aller ailleurs. Ces sites qui défigurent le tissu urbain de nos villes prennent un tournant inquiétant. Les articles proposés font engranger une manne assez florissante pour des commerçants peu scrupuleux et avides de gains faciles. Les dépenses des ménages s’orientent vers ces marchés pour flairer des articles à petits prix. Or cette année, il semble les petites économies de l’algérien moyen valsent entre l’achat du mouton de l’Aïd et les fournitures scolaires.

Face à l’enfièvrement des achats en cette période, le commerce informel est l’alternative qui renseigne encore une fois sur le semi-échec des pouvoirs publics à radier définitivement cette économie souterraine. Si l’Etat avait promis depuis quelques temps à créer partout des espaces commerciaux de proximité qui pourraient absorber le gros des marchands informels, c’est que la démarche elle-même a été contrariée par des projets parcimonieux qui ne se comptent que par dizaines.

Sur les 1000 marchés de proximité promis, seuls quelques uns ont été réalisés et là encore, les locaux correctement aménagés n’attirent pas bon nombre des commerçants informels. Une décision qui reste finalement tributaire de beaucoup d’efforts dans la réorganisation du commerce en Algérie. Les importateurs qui restent la source appropriée de cette pratique qui gangrène un pan de l’économie nationale sont mis à l’index mais ils échappent ainsi au contrôle systématique, sachant que les étals des marchés illicites sont leurs points de chute. C’est à ce niveau que les autorités doivent sévir.