Eradication des marchés informels à Alger, Quelles perspectives pour les non-résidants de la capitale ?

Eradication des marchés informels à Alger, Quelles perspectives pour les non-résidants de la capitale ?
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Pas de place pour les commerçants résidant en dehors de la capitale. Quelques jours après le démantèlement des marchés informels au niveau d’Alger, de nombreux vendeurs se retrouvent dans l’incommodité. Des milliers de commerçants informels ne savent plus quoi faire, ni à quel saint se vouer et réclament des solutions.

Certes, les pouvoirs publics ont promis d’apporter des solutions, mais combien seront-ils touchés par ces mesures ? Tous les commerçants qui travaillent dans l’informel, ou seulement ceux issus de la localité ? Les mariés avec des enfants ? Que feront les célibataires ? Autant de questions sont posées par ces vendeurs venus de différentes régions du pays à la capitale « parce c’est ici qu’on peut vendre » disent-ils. Sur le terrain, les employés de Net Com et d’Asrout sont encore sur place pour le nettoyage. Toutes les baraques sont détruites au bazar Ali-Mellah à Sidi M’hamed. Plusieurs jeunes bavardent, font des va-et-vient, certains semblent un peu perdus. C’est le cas de Fayçal, la cinquantaine, qui a travaillé plus de 20 ans dans ce marché. « A ma connaissance, les agents de l’APC et ceux de la wilaya ont effectué quatre ou cinq recensements. On nous envoie des convocations auxquelles nous répondons présents, on nous demande de fournir des dossiers et de patienter. Mais rien n’a été fait, sauf pour certains ». Se trouver du jour au lendemain dans la rue, avec trois enfants en bas âge, « n’est pas une chose aisée », a-t-il souligné. Un autre, plus jeune, a fait savoir que « tous les responsables qui se sont relayés ont entrepris la même démarche mais rien n’a été fait pour le moment ». Sur le chantier, le premier responsable de la commune Le président de l’APC, Lakhdar Bourouina inspecte les lieux. Il a indiqué que les dossiers des commerçants informels recensés seront étudiés au cas par cas. « Une fois l’opération terminée, nous allons rencontrer ces jeunes par le biais de leurs représentants. Après une enquête approfondie sur le plan social, des solutions administratives seront prises », c’est ce que nous a indiqué le 1er responsable de Sidi M’Hamed. Qu’en est-il pour ceux qui n’habitent pas la commune ? Il s’est contenté de dire que « c’est la commission qui va trancher ». Sur place, des jeunes qui venaient chaque matin des quartiers défavorisés : Bourouba, Beni Messous de Tassala El Merdja…et autres, pour étaler leurs marchandises expriment leur désarroi. « Cela fait plus de sept ans que je viens à Ali-Mellah pour vendre ma marchandise et aujourd’hui je ne sais quoi faire. La région où j’habite n’est pas aussi peuplée, c’est ici que je trouve mon gagne-pain », a indiqué Mohamed, jeune vendeur illicite, venu de Bourouba. « Je pense que nous habitons tous Alger », a souligné son compagnon de Beni Messous. Des jeunes viennent aussi, chaque matin, de Boumerdès, de Tizi-Ouzou de Bouira, de Tipasa… Ils sont dans l’embarras. « Je peux vous affirmer que des milliers de vendeurs habitent dans des hôtels, des dortoirs ou dans des hammams » a indiqué un autre vendeur. « Je ne sais vraiment quoi faire, je dois absolument me débrouiller un certificat de résidence à Sidi M’Hamed pour espérer une petite table légale à Alger », souligne Hamid, venu de Sétif. « Quitte à l’acheter », dit un autre marchand qui vient de Jijel. « J’estime que cette mesure amplifie l’esprit du régionalisme dans la capitale. Le certificat de résidence n’est nullement une entrave pour nous. Nous connaissons tous des employés qui travaillent dans des APC, et certains d’entre nous connaissent même plusieurs maires », a indiqué un autre vendeur. Pour lui, on encourage les gens à aller vers la corruption et la confrontation entre les Algérois et les non-résidants de la capitale.

LE CERTIFICAT DE RESIDENCE, UNE PIECE MAITRESSE DU DOSSIER

Contacté au téléphone, Marzouk Lakrouz, P/APC de Rouiba a précisé qu’une commission mixte a été constituée en application de l’instruction interministérielle (intérieur et commerce) pour recenser les vendeurs activant dans les espaces commerciaux illégaux et proposer des solutions appropriées pour les régulariser. Selon ses propos, la commission est en train de faire le travail de sélection en étudiant les dossiers. « Parmi les pièces que doit comprendre un dossier, on cite le certificat de résidence, la non-affiliation à la Casnos, voire toutes les preuves que cette table représente la seule source de revenus… ». Le P/APC indique que les autorités locales procéderont à l’extension des deux marchés de la commune. Alger-Centre n’a pas souffert de ce genre de problème. Selon Hakim Bettache, vice-président de l’APC d’Alger-Centre et chargé du social, « 98 % des commerçants sont déclarés ». Avant d’ajouter que « les services de l’APC, en collaboration avec la police urbaine, n’ont jamais laissé les choses pourrir ». M. Bettache affirme que son service a assaini le problème de six tables fixées à la Rue de Tanger dont les propriétaires habitent le quartier. « Nous les avons convaincus de fournir des dossiers pour les aider à bénéficier de locaux dans le cadre des différents dispositifs de l’emploi comme la Cnac, l’Ansej … », a précisé M Bettache. Contactés également par nos soins, les présidents d’APC des Eucalyptus, de Baraki et de Dar El Beida déclarent pratiquement la même chose. « La priorité revient aux résidants de la commune », ont tous fait savoir. De l’autre côté, dans une récente déclaration à la radio nationale, Brahim Tirouche de l’Union nationale des commerçants et des artisans algériens se montre rassurant. « Des marchés existent pour accueillir tous les commerçants de l’informel. Nous avons beaucoup de marchés à Alger où nous pourront caser tous ceux qui travaillent dans l’informel », a-t-il indiqué. En attendant l’assainissement de la situation, des marchands d’Alger souffrent de l’incertitude pendant que les autres, surexcités, attendent des solutions moins sévères.

Abbas A. H.