Eradication de marchés informels : Entre social et légalité

Eradication de marchés informels : Entre social et légalité
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Les autorités publiques ont décidé depuis quelque temps d’éliminer les marchés informels et de mettre fin aux commerces pratiqués par des vendeurs à la sauvette au niveau des grandes villes du pays.

Une action réglementaire considérée indispensable, mais qui reste aux yeux des citoyens et de différents intervenants sollicités à ce propos incomplète.



Les personnes versées dans ces activités informelles sont dans la plupart des cas des jeunes sans emploi ou des gens qui ne peuvent pas compter sur leurs maigres salaires pour subvenir à leurs besoins.

En dépit des interventions et des descentes régulières des policiers, les vendeurs à la sauvette continuent à occuper les trottoirs et des lieux publics pour proposer divers produits, de l’alimentation, de l’habillement et des produits cosmétiques. Pratiquement toutes les grandes villes du pays sont aujourd’hui touchées par ce phénomène qui perdure depuis plusieurs années.

«Que voulez-vous que je fasse ? Rester assis et ne rien faire ? Il n’y a pas beaucoup de travail en Algérie», c’est la réponse récurrente exprimée par ces vendeurs. Le commerce informel reste selon eux leur seule ressource pour joindre les deux bouts.

La majorité de ces jeunes préfèrent également exercer comme des «trabendistes», pour ne pas «trimer toute la journée dans un chantier pour un salaire maigre».

Durant le mois de Ramadhan, les autorités publiques ont toléré les marchés informels. Certaines ruelles ont été occupées pendant tout le mois sacré offrant aux clients différents produits, y compris les articles scolaires et les livres. Les policiers ont reçu l’ordre de ne pas intervenir, ce qui a fait dire à certains que l’Etat a adopté une vision sociale à l’égard de ces franges de la population.

Et maintenant le débat s’enclenche. Faudrait-il autoriser le marché informel, car il permet aux démunis de gagner leur vie ou éradiquer ce phénomène étant donné ses conséquences sur le commerce et l’économie du pays ?

Dans ce débat, il apparaît que la solution d’éradication est salutaire, mais elle doit être menée en tenant compte de l’insertion de ces franges de populations dans la vie active. Il faut dire que malgré les hausses des salaires effectuées depuis les deux dernières années, les revenus des ménages restent insuffisants pour répondre aux différents besoins.

Les données venant d’organismes internationaux, à l’instar du Programme des Nations unies pour le développement indiquent que le nombre de pauvres en Algérie dépasse les 10 millions

Des Algériens vivant en dessous du seuil de pauvreté. La répartition inégale du revenu national est soulignée avec une donnée de moins de 20% des habitants qui détiennent un peu plus de 50% des richesses du pays. Le chômage chez les jeunes demeure également élevé, en dépit de la mise en œuvre des différents dispositifs d’insertion et de création d’activité.

L’échec scolaire est aussi un facteur à prendre en compte, avec un chiffre effarant de plus 500 000 élèves, issus de tous les paliers confondus, qui se retrouvent dans la rue annuellement. Ils sont nombreux parmi eux qui ne suivent pas des formations professionnelles en vue de décrocher un diplôme (plombier, comptable, maçon, artisan…).

Toutefois, ces facteurs ne justifient pas selon certaines intervenants l’existence de marchés informels. La préservation de la santé du consommateur, la lutte contre la concurrence déloyale face à des producteurs et commerçants honnêtes et le blanchiment d’argent sont autant de raisons à prendre en compte pour éradiquer ce phénomène.

Devant cet état de fait, l’Etat est appelé à jouer un rôle déterminant en trouvant les solutions aussi bien pour les commerçants que pour les jeunes sans emplois.

Par Farouk B.