Equipe nationale : les choix de la dérive

Equipe nationale : les choix de la dérive

Disons-le de prime abord, la claque que nous avons reçue en ce début d’automne caniculaire fut affligeante, pénible et sans concession avec nos éternels espoirs de supporters chauvins et irrationnels. La première calotte venait de Serbie et se prénommait Milovan. Un oublié du football, qui dans un passé très lointain a réussi l’exploit d’emmener une excellente équipe du Ghana en quart de finale de la coupe du monde… Mais qu’est-il arrivé depuis cette coupe du monde me diriez-vous?

Depuis juillet 2010, Pep Guardiola a gagné 14 titres, Pocchetino a révolutionné le jeu de deux équipes de première ligue, Ancelotti a tout gagné avec le Real Madrid, Joachim Low s’est approché de la perfection avec l’équipe d’Allemagne et tant d’autres entraîneurs se sont recyclés, ont travaillé sur les bases d’un football qui se modernise, qui change et qui se développe. Les technologies liées aux « BIG DATA » se sont adjointes à la préparation physique pour une analyse pointilleuse et personnalisée. Des courants tactiques s’affrontent dans des réflexions approfondies sur la verticalité du 4-3-2-1 et son efficacité par rapport à des systèmes basés sur la possession, ou la force d’un 4-1-4-1 tout en maîtrise par rapport aux stratégies axées sur des contre-attaques avec un milieu très fourni et des bolides devant ainsi que l’émergence du 3-4-3 et plein d’autres combinaisons qu’on adopte sur l’échiquier vert. En gestion psychologique, on remarque aussi des approches très différentes dans la communication avec l’émergence d’un nouveau type d’échange qui se base sur les énergies amicales où l’entraîneur se met au diapason de ses joueurs. Les décisions se font par rapport à tous les paramètres et les dispositions de chacun. Tout le monde peut s’expliquer sur tout mais le coach reste bien sûr le leader (celui qui prend les décisions finales). Klopp, Simeone et Conté sont les meilleurs exemples de cette mutation. On peut aussi observer un autre mode de communication, qui est aussi exceptionnel et qui ressemblerait à une forme de passivité intelligente et qui consiste à ne pas trop influencer la composition naturelle du puzzle en insufflant tout doucement quelques petits changements périodiques qui laissent le socle aussi fort en lui apportant juste ce qui lui est nécessaire. Le maître en la matière s’appelle Ancelotti qui a toujours eu le respect de ses joueurs sans être le style de personne à dialoguer des heures durant.

Zineddine Zidane paraît être de la même patte. Sa seule « révolution » la saison précédente a été le placement de Casemiro en milieu de terrain pour apporter plus de muscle. Le reste de la composition est resté le même avec la même colonne vertébrale et les mêmes libertés, ce qui ne l’a pas empêché de gagner la ligue des champions. Qui dit communication, dit langue. Il est primordial d’avoir la maîtrise de la langue de la majorité de l’ effectif pour éviter des incompréhensions inutiles ou des pertes de temps inappropriées dans un monde professionnel qui fonctionne à une très grande vitesse. En signant le 7 janvier 2013 avec le Bayern Munich, Guardiola ne parlait pas un mot d’allemand. Six mois après, il fit sa première conférence de presse entièrement en allemand. Mais pourquoi toutes ces analyses me diriez-vous?

Tout cela pour expliquer qu’il est dans l’impossibilité pour un entraîneur d’exercer dans le haut niveau, s’il n’a pas pratiqué pendant 5 années. S’il n’a pas côtoyé le haut niveau durant autant de temps c’est qu’il n’est plus dans les standards et en plus pour le cas de monsieur Rajevac qui ne maîtrise ni le français, ni l’anglais (sachant qu’il a travaillé plus de deux ans au Ghana qui est un pays anglophone), ni l’arabe bien sûr, le fossé me paraît encore plus profond. Au lieu de faire appel à un entraîneur qui se recycle, monsieur Raouraoua a voulu recycler un entraîneur caduc. L’erreur de casting était claire dès l’annonce de la fameuse nomination et ce, pour les observateurs avérés. En s’obstinant à prendre seul toutes les décisions qu’il impose à chaque fois à un bureau fédéral fantomatique et a un peuple amoureux de football et vivant de son essence, le président de la fédération algérienne n’a pas conscience des conséquences que cela peut engendrer pour sa personne et pour l’équilibre social qui tient souvent sur quelques distractions qui peuvent s’avérer très importantes pour le bien-être de l’algérien lambda.

Ce qui est arrivé dans le vestiaire après le match du Cameroun aurait pu être la porte de secours salvatrice d’une stratégie agonisante faite et défaite par un seul homme. Les joueurs ont compris que le bateau prenait l’eau et que ses occupants allaient se noyer prématurément sans avoir réalisé un exploit qu’aucune autre génération n’avait dans les cordes. Quitte à déplaire aux analystes du café du coin! Des joueurs de ce niveau-là dans la même équipe, on n’en a jamais eu et je vous évite les détails. La réforme de 1977 a vu éclore quelques merveilles éphémères qui ont pu réaliser quelques exploits notables mais un tel vivier de bons joueurs on n’en a jamais rêvé. Les centres de formation de l’hexagone ont énormément aidé à nous donner sur un plateau d’argent cette pléiade de bons joueurs déterminés et amoureux de leur pays (je vous suggère de revoir quelques séquences des matchs de la dernière coupe du monde où l’abnégation et la rigueur dépassaient nos espérances ainsi que la fierté exprimée par nos compatriotes arborant le drapeau national). Ajoutant à ceux-là quelques phénoménaux travailleurs acharnés venus de Ain Benian, de Chlef et d’ailleurs et on se rend compte à quel point le virage de cet automne ne devait aucunement être raté.

Mais comme un malheur n’arrive jamais seul et pour nous rappeler les bons souvenirs de la descente aux enfers des années 90 et 2000 avec ses boutades algériennes et ses blagues belges, le maître des terrains jaunis veut nous faire avaler cet entraîneur au palmarès « éloquent ». Certes « revigoré » par une 13ème place sur 16 en championnat de Belgique avec Lokeren et 8 défaites en 12 matchs mais ça reste l’insipide Geoges Leekens qui a quand même gagné la Kirin cup avec l’équipe de la Belgique en 1999 (tournoi de 3 équipes disputé au Japon, La Belgique termine 1ère ex-aequo avec le Pérou en ayant réalisé deux matchs nuls et marqué un but) On se rappellera la difficulté des relations qu’avait l’empereur de Dely-Brahim avec les prédécesseurs du Serbe à chaque fois qu’ils voulaient autant soit peu imposer leurs avis et c’est cela qui le mène sûrement à choisir des entraîneurs en pré-retraite qui ne « regardent » même pas la durée du contrat qu’on leur propose et qui acceptent sans rechigner de travailler avec un staff déjà en place sans avoir à exiger au minimum un entraîneur adjoint. On sait maintenant que des staffs étoffés avec des entraîneurs qui connaissent parfaitement le football algérien dans tous ses recoins ont été marginalisés par le maître des lieux pour la seule et unique raison qu’ils ne sont pas des béni-oui-oui. N’est-ce pas Roland?

Comment expliquer pardi que les entraîneurs changent et que d’effrayantes constantes perdurent? Si ce n’est que tout se fait sur ordre du boss. Comment expliquer que la seule personne sur terre (M’bolhi) qui a pu mettre d’accord les États-Unis, la Russie et la Turquie, lui qui a été renvoyé par des clubs de ses trois pays, puisse continuer à jouer titulaire? À vivre au frais de la princesse au CTN en ayant de surcroit un entraineur personnel à temps plein sans qu’aucun driver n’ose bouger le doigt en allant chercher une solution ailleurs? Il est inconcevable, irrationnel et anti-pédagogique de ne pas être compétitif et de se retrouver sans club à ce niveau-là. Rappelons-nous que le meilleur gardien de la dernière coupe d’Afrique des nations des moins de 23 ans était algérien. Un potentiel exceptionnel qui a sillonné l’Afrique durant sa jeune carrière. Qu’on ne nous parle pas d’expérience car ce n’est plus un argument.

Je vous invite à voir du côté du Milan AC où un gardien de 17 ans est en train de faire des miracles. Les mêmes prétextes sont constamment utilisés pour nous expliquer la non convocation de Bensebaini qui a 21 ans, a disputé 29 matches en championnat de Belgique et 33 en championnat de France et qui a été un des artisans majeurs dans la qualification pour les jeux olympiques de Rio. Au nom de l’expérience, on lui a préféré entre autre lors du stage précédent le match du Cameroun un joueur qui avait 4 minutes d’expérience en ligue 1 et un autre qui jouait en 3ème division de l’insignifiant championnat suisse la saison passée, sans que ses convocations ne suivent aucune logique. Son tord se situe peut être dans son excellente formation à l’académie du Paradou qui dérange notre gourou et quelques présidents de clubs qui avec des budgets faramineux ne sont même pas capables de former un joueur valable et de haut niveau ou sûrement le fait de jouer pour l’ennemi d’hier. Miracle des miracles, il n’est pas convoqué pour le match du Nigeria. Eh oui! L’émotion est telle chez les omnipotents que des décisions peuvent se prendre sur des futilités.

On peut parler aussi de la marginalisation quasi systématique de quelques joueurs quelles que soient leurs performances et quel que soit l’entraîneur en place et cela concerne souvent des joueurs qui n’ont jamais négocié leur choix de sélection et qui sont venus dès les premiers contacts. Boudebouz a longtemps enduré cette situation mais le cas le plus édifiant en ce moment concerne le meilleur joueur du championnat de Belgique (Hanni) qui n’a eu sa chance avec aucun des entraîneurs qui se sont succédés à la barre de l’équipe nationale. Le capitaine d’Anderlecht et coéquipier de Youri Tielemans joueur de 19 ans (convoqué avec l’équipe de Belgique -4ème au classement FIFA- pour les derniers matchs de qualification pour la coupe du monde 2018) n’a jamais eu la cote du côté de Dely Brahim, faute d’avoir crié trop tôt son attachement à l’Algérie au contraire d’autres qui tergiversent sûrement le temps d’avoir quelques garanties…

Ceci dit, malgré la médiocrité de l’inconsistant Leekens et le machiavélisme de sa majesté, nous continuons contre vents et marées à espérer un miracle de nos héros d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Qu’ils soient originaires de Sarcelles, de Ain Benian, de Levallois-Perret ou de Constantine nous attendons d’eux… Nous attendons de vous des miracles car on sait que vous en êtes capables pour votre pays, pour notre pays à tous où qu’on soit sur cette terre.

B.H