Equipe nationale, L’engouement des jeunes

Equipe nationale, L’engouement des jeunes

On les a toujours mobilisés pour le foot, c’est ce qui fait cet engouement chez eux pour le foot

Si seulement on pouvait transformer cet engouement pour les rencontres de foot en un engouement pour le pays.

Dans quelques jours aura lieu le match aller de l’épreuve du barrage menant au Mondial brésilien de 2014. Les supporters de l’Equipe nationale qui veulent assister à la rencontre, sont si nombreux qu’ils dépassent de loin le nombre limité de billets qui leur sont réservés.

A les voir ainsi, et à voir tous les supporters des équipes de foot, on ne peut s’empêcher de se demander comment se fait-il que des jeunes et des gens d’âge avancé, des deux sexes en plus, se sentent si concernés par un match de football au point qu’ils sont prêts à faire des milliers de kilomètres pour aller, dans d’autres pays, dans d’autres continents même, supporter leur équipe, et vibrer au gré des actions des joueurs sur le terrain? Comment se fait-il qu’une fois la rencontre gagnée, ils se mettent à courir dans les rues, à klaxonner, à crier leur joie, à danser, à pleurer même et que, lorsque leur équipe n’arrive pas à réaliser le résultat attendu, ils sont en proie à une peine profonde et sincère qui les rend, soit silencieux et tristes soit violents et agressifs. Quel que soit le résultat de leur équipe ces supporters ne sont pas indifférents. Ils ne le sont jamais d’ailleurs! Le profond sentiment d’implication qui envahit les millions de supporters pour un match de football et qui donne l’engouement qu’on connaît est un phénomène intéressant à analyser par les sociologues. Pourquoi? Tout simplement parce que si on arrive à comprendre le processus par lequel s’opère cet attachement si fort des gens à leurs équipes, on n’aurait certainement aucun problème à les impliquer dans le développement du pays et sa marche vers un meilleur avenir.

Qui n’a pas vu ces images des Japonais qui pleuraient de joie lorsque leur pays a décroché l’accord pour organiser les Jeux olympiques? Qui ne les a pas vus sangloter, seuls dans la rue ne réagissant à aucune télécommande? A aucune manipulation de quelque ordre que ce soit? C’est exactement de cela qu’il s’agit. Comme on est capable de «renverser le monde» pour une rencontre de foot, on doit bien être capable de le faire pour le pays. Rappelons-nous Oum Dormane, lorsque de la rue, du café, des lycées, des universités, les gens accouraient vers le stade au… Soudan.

Comme si quelque chose de «national» les faisait bouger. C’était quoi? Et pourquoi ne les fait-elle pas courir pour le développement du pays? Il y a des gens qui pleurent lorsque leur équipe perd une rencontre de foot, mais qui ne se sentent même pas concernés lorsque l’université de leur pays ne figure dans aucun classement mondial. Des gens sont envahis par une grande peine lorsque leur équipe de foot ne gagne pas un match important, mais ils ne sont même pas désolés de voir que leur pays n’arrive pas à produire sa propre nourriture. Aiment-ils l’équipe de foot plus qu’ils aiment leur pays? Ou bien ne savent-ils pas aimer leur pays? N’est-ce pas que la compétitivité du pays est plus importante que celle d’une équipe de foot quand bien même s’agit-il de l’Equipe nationale?

Supporter l’Equipe nationale ou celle du quartier est une chose qui n’est pas mauvaise, au contraire! Supporter son pays c’est encore, mieux et c’est meilleur car, lorsque la rencontre de foot s’achève, lorsque la compétition baisse rideau, le pays reste, lui, là à nous regarder dans notre impuissance à assurer notre indépendance alimentaire. Il nous regarde dans notre incapacité à assurer un enseignement de qualité, contrairement à d’autres pays qui ne sont pas meilleurs que le nôtre.

Si seulement on pouvait transformer cet engouement pour les rencontres de foot en un engouement pour le pays. Si l’on pouvait faire ressentir la joie aux gens à l’occasion des exploits que réalise le pays et si on pouvait leur faire ressentir la peine à chaque fois qu’on échoue dans quelque chose… On serait alors comme ces Japonais qui pleurent de joie, pratiquement tous, dans la rue, dans les maisons, dans les restaurants du fait que leur pays ait pu obtenir l’organisation des Jeux olympiques. Nos jeunes n’ont rien à envier aux autres jeunes des autres pays, mais ils n’ont jamais été mobilisés pour le pays. Peut-être parce que cela pourrait déranger, ou alors parce que nul n’aurait jugé utile de le faire. On les a toujours mobilisés pour le foot, c’est ce qui fait cet engouement chez eux pour le foot. C’est ce qui fait que ces jours-ci, ils discutent Equipe nationale, ils chantent équipe nationale, respirent Equipe nationale et vibrent à l’approche de la rencontre de cette Equipe nationale. Si on les avait mobilisés pour le pays, ils auraient eu le même engouement, sinon plus, pour le pays. Est-il trop tard? Certainement non. Mais qui le fera?