Personne n’a encore digéré la gifle prise par la sélection nationale samedi dernier, en terres marocaines face aux Lions du royaume chérifien. Un cinglant 4-0, que ni les Fennecs du désert, ni le peuple algérien ne sont prêts à oublier.
Mais bon, il ne sert à rien de se lamenter continuellement sur son sort, car cela n’apportera rien à l’équipe nationale. Ce qui est des plus évidents, c’est que le changement devient à présent inéluctable. Il y a des choses à faire bouger, que se soit au niveau de la composante du staff technique, du choix des joueurs qui seront appelés à défendre à l’avenir les couleurs nationales et même l’aspect organisationnel. Beaucoup s’interrogent sur la faisabilité de faire appel à un sélectionneur étranger, en ce moment, alors que les carottes sont presque cuites pour l’EN, au sujet de ses chances de qualification à la prochaine CAN 2012 !
Certains estiment que ça n’intéresserait pas un entraîneur d’envergure, parce qu’il lui serait difficile de prendre en mains une sélection nationale sans objectif immédiat et qui à des chances infimes de participer au rendez-vous continental de l’année prochaine. Pour notre part, nous voyons les choses autrement. Pour dire que le challenge vaut le coup pour un entraîneur, qu’il soit Algérien ou étranger, qui a de l’ambition, du plaisir et de la patience à construire quelque chose de solide et qui fera dans la durée, prêt à apporter sa pierre à un projet d’avenir bien ficelé, suffisamment étudié et réfléchi qui apportera un jour ou l’autre ses fruits. Un projet qui laissera dans les années à venir son empreinte sur l’avenir de l’équipe nationale, à laquelle une culture bien établie et des traditions doivent la caractériser et lui être associées. Comme une maison bâtie sur des piliers solides suivant des normes de sécurité qui lui assureront un maximum de pérennité. Certes, il est important pour les instances footballistiques nationales, que la sélection nationale soit toujours au top, qu’elle se doit de faire bonne figure et de représenter dignement notre pays l’Algérie, c’est pourquoi cette dernière est soumise à la pression de l’obligation du résultat.
Mais, on suppose qu’à un moment donné, il faut avoir le courage de marquer un temps d’arrêt pour se mettre autour d’une table, avec les différents acteurs concernés par la question, pour réfléchir à la politique adéquate à mettre en place, pour permettre au football national et à l’EN de faire bonne figure, réaliser des résultats probants et de glaner des titres à l’avenir. Il ne faut pas omettre de rappeler que malgré tout le prestige dont dispose l’équipe d’Algérie, elle n’a à son palmarès qu’une seule Coupe d’Afrique des Nations (1990), à laquelle nous pourrons rajouter les médailles d’or aux Jeux méditerranéens de 1975 et aux Jeux africains de 1980. Construire, bâtir, réfléchir, faire un travail de fond, ficeler un projet qui répond à une politique précise, en y mettant les moyens, avec des objectifs bien définis, voilà ce qu’il faut au football algérien.
Absence de régularité
Cela fait des années qu’on se contente d’attendre quelques résultats sporadiques, pour faire croire qu’on est arrivé et que tout se passe bien. Mais, malheureusement, on finit toujours par sombrer parce que la vérité finit toujours par vous surgir à la face. Il faut avoir le courage d’avouer, que nous ne disposons pas d’une équipe nationale d’un haut niveau, qui joue bien au ballon et qui soit capable d’enchaîner de bonnes performances dans la régularité. Une équipe capable de glaner des titres africains notamment, comme l’ont fait avant elle des sélections telles que le Cameroun, l’Egypte et le Nigeria entre autres, qui sont considérées comme des ténors du football africain.
On dira pour recadrer les choses, qu’à chaque fois que nous ne tirons pas les leçons et les enseignements nécessaires d’une situation critique ou d’échec, en agissant en conséquences, il faudra s’attendre à se qu’elle se représente.
Comme s’est d’ailleurs souvent le cas pour notre équipe nationale. Ce n’est en fin de compte que perte de temps et d’argent. La rigueur et la patience, avec les compétences nécessaires, voilà les clés de la réussite, car le football algérien dispose de joueurs talentueux et de valeurs sûres, qui nous permettent d’entrevoir l’avenir sous de bons auspices.
Finalement, ce n’est pas que la question d’enlever Benchikha pour mettre à sa place un autre sélectionneur.
Ça peut marcher une ou deux fois, voire trois, mais le même problème surgira à nouveau. Le bureau fédéral, sous la conduite de son président Mohamed Raouraoua, se réunira aujourd’hui pour voir comment traiter le dossier de l’équipe nationale, suite à la débâcle de Marrakech.
Selon nos informations, le désormais ex-sélectionneur national, Abdelhak Benchikha, devrait y assister pour que les deux parties puissent parler des raisons qui ont conduit à une telle déroute des plus inattendues pour tout le monde. Il sera aussi question, croit-on savoir, de discuter au sujet du futur sélectionneur et du choix de se dernier, d’autant plus que le temps presse, puisque le prochain match face à la Tanzanie, aura lieu au début du mois de septembre.
Pour quelle solution optera le bureau fédéral, pour une solution intermédiaire et temporaire d’ici la fin des éliminatoires, ou bien elle accordera dans son choix autant d’importance à la CAN 2012, malgré les moindres chances de qualification dont disposent encore l’EN, qu’à la reconstruction de celle-ci, selon les critères énoncés et commentés plus haut par nos soins ? Attendons de connaître ce qui ressortira de la réunion du BF aujourd’hui.
Mohamed-Amine Azzouz
Après l’amere défaite Il y a intérêt à préserver le groupe
Une défaite de l’équipe nationale suscite toujours des commentaires et ils vont bon train au gré de cette débâcle face à la formation marocaine avec des interrogations diverses et des accusations nombreuses pour n’épargner aucun acteur ou partenaire. L’entraîneur, les joueurs et même les dirigeants du football sont passés au crible et ciblés pour que l’on s’accorde à dire constamment qu’il faut tirer les enseignements. Des enseignements vite oubliés, d’ailleurs pour obéir seulement aux impératifs du moment et aux besoins du contexte, c’est-à-dire sans aucune réflexion profonde sanctionnée par une stratégie s’étalant dans le temps et dans l’espace et reposant sur des fondements guère vulnérables.
S’il est vrai que le score est sans appel, cet échec est resté en travers de la gorge pour décevoir et frustrer le commun des supporters des Verts, quelques observateurs avertis s’attendaient en fait à une telle mésaventure au vu des faits et événements, des bouleversements et des changements opérés depuis, destabilisant un groupe en mesure encore de donner et de procurer de la joie aux fans de la balle ronde. Un groupe dont l’ossature a été constitué en partie à partir de 2007 pour réaliser curieusement des exploits souvent loin des regards avant de faire un chemin et de se mettre par des résultats encourageants sous les feux de la rampe et raviver les convoitises et les hostilités également. Le Onze national a effectivement brillé et s’est illustré par des performances se permettant une double qualification au grand bonheur de tout un peuple en attente depuis 24 ans. Ces performances n’ont pas été sans effet et sans séquelle sur le physique des joueurs épuisés à l’occasion par un parcours des plus éprouvants. Il n’y a qu’à compter ces joueurs blessés en pleine phase de préparation de la Coupe du monde symbolisé par le forfait du talentueux Meghni. Bon gré mal gré, la participation à l’édition sud-africaine était honorable où l’on a pu, par exemple, découvrir les M’Bolhi, Kedir, Boudebouz et Medhi rassurant un staff technique et assurant une consolidation des assises de cette formation et une continuité dans l’œuvre de la reconstruction d’une équipe nationale compétitive. Sans un temps nécessaire à la récupération, cette équipe a repris son bâton de pèlerin pour aborder les phases éliminatoires de la prochaine compétition continentale en ratant en toute logique un départ pour conforter les appréhensions du coach de l’époque et évidemment provoquer une polémique, savamment entretenue d’ailleurs par une certaine presse et quelques cercles.
Le débat sur les locaux est remis sur table pour envenimer une situation et démobiliser même un groupe de joueurs ayant manifesté une grande fierté de porter les couleurs nationales. Le bon sens aurait été de persévérer dans la voie et assurer cette stabilité car aux yeux de pas mal de spécialistes, l’équipe était à la recherche de ses moyens pour rebondir et dominer tout un continent. Hélas, le processus fut interrompu pour revenir pratiquement à la case de départ. Un tel constat n’est point de faire porter le chapeau à l’éducateur Benchikha mais de signifier tout bonnement le caractère d’une gestion obéissant beaucoup plus à l’humeur et à la pression. La défaite contre le Maroc intervient pour rappeler aux uns et aux autres l’urgence de l’élaboration d’une approche reposant sur le long terme et sur la formation de base. Réellement, existe-t-il un championnat national digne de ce nom pour pouvoir dénicher des joueurs de talent ?
Disposons-nous d’une pelouse convenable pour accueillir un match de football ? Nos clubs accordent-ils vraiment une importance à la formation des jeunes et à la qualité de l’encadrement technique et administratif même ? Autant de questions à soulever pour comprendre la problématique de cette discipline populaire dans notre pays, percevoir une réalité amère sans doute et réagir pour une authentique relance. On peut épiloguer longtemps pour alimenter les discussions mais l’important aujourd’hui est de préserver un groupe assurément affecté par cette débâcle et de lui redonner confiance. Un enjeu de taille avant tout acte…
A. BELLAHA