EQUIPE NATIONALE, COUPE D’EUROPE, PLAGE ET VACANCES, Les Algériens ont la tête ailleurs

EQUIPE NATIONALE, COUPE D’EUROPE, PLAGE ET VACANCES, Les Algériens ont la tête ailleurs
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La constitution d’un nouveau gouvernement, les crises au sein des partis, le blocage à l’APN, branchent très peu les Algériens.

L’Algérie est incontestablement le pays de tous les paradoxes! La nomination d’un nouveau gouvernement est le dernier souci des Algériens. Cela au moment où la situation politique du pays reste floue, avec un gouvernement «provisoire» qui perdure, que les discussions dans la rue tournent autour de tout, sauf… de la politique. Un petit tour dans les cafés de la capitale suffit pour s’en rendre compte. Appréciez plutôt! Nous nous attablons dans une terrasse de café de la Grande-Poste pour prendre la température. Coupe d’Europe de football, Equipe nationale, les examens de fin d’année, situation politique en Tunisie et même la crise économique qui s’aggrave en Espagne font partie de ces discussions de café. Mais pas un mot sur la situation politique du pays. En bons Algériens, nous nous mêlons de la discussion, tout en lançant notre hameçon. «Alors qu’en est-il du nouveau gouvernement algérien?», demandons-nous. Un fou rire a alors gagné tout le café qui pensait que nous blaguions. «Pourquoi? On est censé avoir un nouveau gouvernement?» nous interroge Dahmane qui, contrairement aux autres, n’a pas éclaté de rire à notre question. «Oui, normalement ils devaient désigner un nouveau gouvernement après les élections du 10 mai dernier, mais il ne l’ont pas fait», lui répond Abdellah qui se voit couper la parole par l’un de ses copains. «Arrête de nous saouler avec la politique, tout le monde s’en fout», assure-t-il.

«Le Danemark a battu la Hollande et toi tu nous parles de la politique en Algérie. Ça c’est intéressant», estime-t-il. «La politique en Algérie, c’est toujours la même chose, alors à quoi bon en parler?», ajoute-t-il. «La Coupe d’Europe de football c’est ce qui nous intéresse. La politique on la laisse à ceux qui croient au Père Noël», résume-t-il sa pensée. L’Equipe nationale de football fait également partie des sujets qui occupent les journées des Algériens. «Tu penses que nous allons gagner contre le Mali?» s’interroge un autre groupe. «On a une bonne équipe, on va aller à la Coupe du Monde», sortait des discussions de ces jeunes.

Et la Tunisie…

LG Algérie

Tout comme l’actualité du mercato estival du Championnat national. Cependant, la politique n’avait pas du tout sa place dans cette petite table de café. Bachir et Mahfoud, deux pères de famille d’un certain âge, par contre, débattaient de la politique. Mais en… Tunisie. «Il paraît que c’est calme, on peut y aller sans risque quoique les islamistes aient pris le pouvoir», assure Bachir à son ami Mahfoud. «Karim était là-bas pour son voyage de noces, il ma dit que tout allait bien», relate-t-il. «On peut donc aller passer nos vacances en Tunisie sans problème», rétorque-t-il avant de passer à l’actualité politique de la France et ses élections législatives. «C’est demain le premier tour, tu penses que les socialistes vont obtenir la majorité et conserver le gouvernement mis en place par François Hollande?», demande Bachir à Mahfoud. Les voyant très branchés politique, nous nous sommes attablés avec eux pour avoir leur avis sur la politique nationale. «Ah, ça! C’est un autre sujet qui ne fait pas partie de nos préoccupations», attestent-ils. «Pourquoi en parler vu que cela ne change rien. Avec ou sans gouvernement, c’est pareil. Le pays marche à l’envers!», analysent-ils. «Au moins comme ça, il y a des ministres en moins. Cela nous fera des économies dans le budget», plaisantent-ils en faisant référence aux ministres qui ont perdu leur portefeuille à cause de leur élection comme députés et dont les postes sont assurés par d’autres ministres chargés de deux ministères.

Après cette brève discussion avec ces quinquagénaires, dont la priorité était la planification de leurs vacances, nous nous rendons dans un endroit de débats préférés des Algériens après les cafétérias, à savoir les salons de coiffure. Chez Djamel, un coiffeur de la capitale, ce n’est pas les débats qui manquent. Très sympathique et surtout bavard, il évoque tous les sujets d’actualité avec ses clients, en plus, bien sûr, des potins du quartier. Le seul sujet qui n’a pas été abordé par Djamel et ses clients, c’est la nomination du prochain gouvernement. Même l’aggravation de la crise en Espagne a été évoquée. Mais personne ne semble vouloir parler de la politique algérienne. «Avec la Coupe d’Europe de football, l’Equipe nationale, les examens du BEM et du BAC…je ne vois pas pourquoi parler d’un sujet qui n’intéresse que les ministres», souligne Djamel. Il est vrai que dans ce salon de coiffure, le Bac était la discussion principale étant donné qu’un candidat à l’épreuve fatale faisait partie des clients. On l’interrogeait sur les sujets, les difficultés…

La discussion s’est poursuivie avec les bons plans pour les sorties nocturnes, ainsi que la fréquentation des plages en passant par les températures caniculaires. Mais la politique n’a même pas été effleurée!

La politique, c’est pathétique!

La suite de notre virée à la recherche désespérée d’Algériens qui s’intéressent à la politique s’est poursuivie dans une supérette. Cette fois-ci, les clients ont eu droit à une question des plus directes. «Quel est votre avis sur le prochain gouvernement?» était la question que nous leur avons posée. Les réponses ont été encore plus directes. «Mon fils passe demain son Brevet, alors le gouvernement est le dernier de mes soucis. Sauf si ce gouvernement assurait son BEM à mon fils», ironisait une mère de famille.

«Ce n’est pas ce nouveau gouvernement qui va me remplir mon panier», certifiait une autre dame. «Ah! désolé le match va bientôt commencer. Je dois partir, mais je vous dis juste que la politique du pays ne fait pas partie des discussions que j’ai avec mes amis, voisins ou même collègues de bureau», esquisse-t-il comme réponse avant de fuir pour ne pas rater l’évènement qui a vidé la capitale de sa foule, le match Allemagne-Portugal.

Cette petite virée dans cette grande surface alimentaire a anéanti tous nos espoirs de trouver des Algériens «politisés». Néanmoins, il nous restait un mince espoir, celui des chauffeurs de taxi et les transports publics qui sont des endroits où les Algériens aiment débattre et se lâcher. Le lendemain (hier) nous avons donc emprunté ces transports publics.

Malheureusement notre chasse a encore une fois été infructueuse. Seuls mots lâchés à propos de la politique ce sont des insultes envers nos politiciens. On est donc bien loin des débats autour de la constitution du nouveau gouvernement ou l’euphorie qui entoure ce futur gouvernement. Les Algériens s’en «foot» donc de leur avenir politique…