Epuisées par le Ramadhan, les familles face aux nouvelles dépenses de la rentrée scolaire

Epuisées par le Ramadhan, les familles face aux nouvelles dépenses de la rentrée scolaire

Le Ramadhan entame sa dernière semaine et met, encore une nouvelle fois, les pères de familles à rude épreuve: composer avec ce qui reste de leurs bourses pour gérer les derniers jours du mois sacré et acheter pour leurs enfants les vêtements de l’Aïd mais aussi les affaires scolaires pour la rentrée des classes.

Pour la deuxième année consécutive, la rentrée scolaire coïncide avec Aïd El Fitr qui marque la fin du mois de jeûne. Une coïncidence qui n’est pas tout à fait souhaitée, selon l’avis de plusieurs citoyens rencontrés par l’APS dans différents marchés de la capitale.

« Pour cette année, les vêtements de l’Aïd seront ceux pour la rentrée. Mais cet avantage n’a plus d’importance avec les prix élevés des habits et des articles scolaires », se plaignait une mère de famille accompagnée de ses deux enfants, un garçon à la quinzaine et une fille qui fera son baptême du feu avec les classes durant ce mois de septembre. D’après cette dame venue prospecter les tendances du marché de l’habillement au niveau de Kouba, « les vêtements pour enfants semblent plus chers que ceux des adultes ».

« Avec des pantalons de pas moins de 1.600 DA, des chaussures d’au moins 2.000 DA ou des pulls de 800 à 1.000 DA, il faudrait entre 6.000 et 7.000 DA pour habiller un enfant en classe moyenne et l’équiper avec tout ce qu’il faut pour entamer l’année scolaire », a-t-elle commenté.

La situation n’est pas très différente dans les autres quartiers de la ville d’Alger où les prix des habits et des articles scolaires demeurent chers, alors que les gens qui s’en plaignent continuent, tout de même, d’acheter pour satisfaire les caprices de leurs enfants quitte à achever se qui reste de la bourse déjà épuisée par le Ramadhan. « Les prix sont très chers, surtout quand il s’agit des vêtements de marque ou de bonne qualité. Mais je n’ai pas le choix car ma fille devrait être bien habillée pour entamer sa première année au lycée », a reconnu une autre dame, rencontrée cette fois-ci, à l’intérieur d’un magasin d’habillements importés dans la rue Hassiba Benbouali à Alger centre.

Les magasins de luxe ne sont pas les seuls à avoir réussi à attirer les gens, puisque la production locale, bien que d’une qualité souvent moins bonne, connaît encore un certain engouement auprès d’une bonne tranche de la société algérienne. Avec des modèles à la mode et des prix moins élevés pour les deux sexes, les vêtements portant le label « Made in Algeria » ont pu résister, tant bien que mal, à la mondialisation et surtout à l’invasion de la production chinoise.

« Il est bien évident que ces vêtement sont des imitations de grandes marques internationales, mais je pense que beaucoup de gens trouvent ici ce qui leur convient », a confié un vendeur d’habits de garçons au marché de Douera (banlieue ouest d’Alger) en assurant avoir réussi à établir un certain équilibre dans le rapport très tendu qualité-prix. Les articles proposés à des prix très abordables par ce commerçant font de son magasin un véritable refuge pour les familles à petites bourses, notamment en périodes d’occasions spéciales (fêtes, rentrée scolaire…). A l’image d’un nombre d’autres magasins, ce commerçant affirme s’approvisionner auprès de petits industriels privés de textiles et de chaussures implantés dans différentes régions de l’Algérois.

L’industrie nationale de textiles a connu une forte reprise ces deux dernières années à la faveur d’un sensible regain de l’intérêt des Algériens aux couleurs nationales (survêtements, maillots de foot, drapeaux, écharpes…) après la qualification des Verts à la Coupe du monde 2010. Selon les résultats d’une enquête réalisée par l’Office national des statistiques (ONS) auprès des chefs d’entreprises et publiée en avril dernier, l’activité industrielle des textiles et cuirs a poursuivi au cours du 4e trimestre 2009 sa tendance haussière entamée au 3e trimestre. Malgré la hausse des prix de vente des textiles et une stabilité de ceux des cuirs, la demande en produits fabriqués a augmenté, révélait cette enquête.

Par ailleurs, les prix des articles scolaires ont, pour leur part, connu une forte hausse essentiellement due, selon des grossistes, à la baisse de l’offre dans l’industrie du papier en raison de la crise financière mondiale de 2008-2009. Les prix de cahiers de différents volumes et formats ont grimpé de 15% à 25% par rapport à la rentrée précédente. Même constat pour les autres affaires comme les cartables, stylos, crayons ou protège-cahiers.

Durant cette période de double dépense, les familles démunies attendent avec impatience le versement de la prime spéciale de scolarité de 3.000 DA par élève décidée par le président de la République. Pour la rentrée 2010, quelque trois millions d’élèves bénéficieront de cette prime, alors que l’enveloppe financière consacrée, à cet effet, est de 900 milliards de centimes, selon le ministère de l’Education nationale. Mais au vu de la tendance infernale du marché, cette prime ne pourrait cependant couvrir qu’une infime partie des interminables dépenses relatives à la scolarisation.