460 cas d’hépatite C ont été enregistrés au cours de l’année 2012 au service interne du CHU de Tlemcen. Cette année, cette forme de maladie virale très redoutable a affecté quelque 60 personnes.
Selon les médecins spécialistes du service de médecine interne et ceux des maladies infectieuses de l’hôpital universitaire, «les causes sont multiples, mais dans la plupart des cas, le diagnostic a démontré que plus de 30% des personnes atteintes ont pratiqué des ponctions sanguines de façon traditionnelle, ce qu’on appelle communément
«hijama» et plus de 40% des enfants en bas âge ont subi des circoncisions par des praticiens guérisseurs dans des conditions extra médicales».
Les médecins tirent la sonnette d’alarme et s’interrogent sur le silence des responsables des services de santé publique qui continuent de fermer les yeux sur des pratiques archaïques, ne respectant aucune condition d’hygiène médicale et pouvant être à l’origine d’épidémies, d’autres maladies infectieuses et virales, telles d’autres formes d’hépatites, le sida ou toutes les maladies transmissibles par le sang.
Il est vrai que la hijama a pris une dimension sociale sans précédent et ceux qui la pratiquent n’observent, dans certains cas, aucune précaution de stérilisation du matériel utilisé dans cette forme de ponction sanguine que les spécialistes considèrent comme dangereuse et n’ayant aucun lien avec le traitement curatif de certaines maladies comme l’hypertension artérielle ou certaines formes d’arthrose.
«La ponction sanguine dans un point donné du corps humain n’est rien d’autre qu’une prise de sang pratiquée de façon douloureuse, risquée et n’ayant aucun lien avec la guérison de telle ou telle maladie ; au contraire, il peut y avoir complication dans le cas de tumeurs, d’une baisse de globules blancs et de leucémies qui peuvent provoquer des hémorragies avec des conséquences fatales pour les personnes atteintes de ces pathologies», affirment les médecins qui soulignent que «ce sont des centaines, pour ne pas dire des milliers de litres de sang qui sont jetés inutilement, alors que donner son sang de façon médicalisée aurait été plus judicieux pour les besoins des centres hospitaliers et sanitairement garanti pour les donneurs».
L’on apprend aussi que certains praticiens associent hijama et rokia, pour donner plus de crédibilité à leurs pratiques que le corps médical qualifie de pur charlatanisme, car dit-on, «comment peut-on guérir un cancer ou un diabète par un simple tour de magie, alors que des milliards sont consentis chaque année par les pays développés sans pour autant arriver à contenir ces formes de pathologies, sachant que des moyens technologiques énormes et des techniques de pointe sont mis à la disposition de ces centres de recherches».
Des circoncisions pratiquées à l’aide de lames de rasoir
Les circoncisions traditionnelles sont aussi sources de cette forme de contamination par l’hépatite C et les médecins s’insurgent encore une fois contre cette pratique où le strict minimum d’hygiène médicale n’est pas observé.
«L’acte se fait avec des lames de rasoir sans stérilisation et à l’air libre, soit dans un environnement non stérilisé. Dans certains cas, la lame est utilisée plusieurs fois. Comment voulez-vous qu’on soit à l’abri de certaines formes de contamination par le sang ?»
Pour ces spécialistes, la situation est alarmante et il est temps que les responsables en charge de la santé publique prennent des mesures fermes et énergiques pour éradiquer ces pratiques censées être révolues et mener des campagnes d’information pour sensibiliser objectivement les citoyens contre les risques de ces pratiques qui peuvent causer des préjudices sanitaires sans précédent.
B. Soufi