Jean-Pierre Raffarin sera aujourd’hui en Algérie, pour une mission spéciale. Outre son cachet politique et les circonstances dans lesquelles elle intervient, cette visite portera exclusivement sur la consolidation des relations économiques entre les deux pays.
Désigné récemment au poste de «Monsieur Algérie», Raffarin a pour objectif de plaider la cause des sociétés françaises, défendre leurs intérêts et faire en sorte de leur préparer le terrain pour mieux investir et s’implanter en Algérie, durant les prochaines années. Une mission très sensible, compte tenu de la grande concurrence à laquelle font face les sociétés françaises sur le marché algérien, convoité par plusieurs pays, en quête de leur part des 280 milliards de dollars d’investissement public, programmés durant le quinquennat en cours.
Toutefois, avant d’arriver à cette étape de négociation, les relations bilatérales entre les deux pays avaient traversé une période de crise. Et ce n’est qu’après plusieurs mois de tension entre les deux capitales, que le passage à l’apaisement a été amorcé. Paris, faut-il le dire, ne voulait pas lâcher sa place de partenaire privilégié en Algérie, et a dépêché, entre autres, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, et l’ex-ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, afin de faire dissiper les nuages qui brouillent les relations bilatérales. Depuis, beaucoup de choses semblent changer.
Outre les gestes en provenance de l’Hexagone, il est à noter cette phrase du président Bouteflika, soutenant que les relations entre les deux pays «se portent bien». Mais d’autres faits, plutôt concrets, expriment la volonté de détendre, au moins momentanément, la crispation qui caractérise les relations entre Alger et Paris. A commencer par le non-lieu exprimé par la justice française dans l’affaire Mohamed Ziane Hasseni, accusé dans l’affaire de l’assassinat de l’opposant Ali Mecili.
Du côté algérien, il est à noter le blocage de la proposition de loi criminalisant le colonialisme français, pourtant soutenue par plus de 100 députés et des organisations de la société civile. S’exprimant dans un entretien qu’il avait accordé au quotidien «Liberté», Jean-Pierre Raffarin a annoncé qu’il va discuter avec les autorités algériennes d’«une dizaine de projets considérés comme stratégiques».
Il a indiqué que certaines mesures prises dernièrement, «modifient sensiblement l’environnement des affaires» en Algérie, mais «les entreprises françaises et étrangères doivent s’adapter à ces nouvelles règles». Tout en mettant en avant les arguments qu’il compte développer auprès des responsables algériens, l’envoyé de l’Elysée a rappelé que «la France est de loin le premier investisseur hors hydrocarbures» avec «une qualité des investissements», qu’il a estimé supérieure par rapport à d’autres pays.
«Monsieur Algérie», devrait rencontrer le ministre de l’Industrie, de la PME et de la promotion des investissements, Mohamed Benmeradi. Reste, néanmoins, à savoir s’il sera reçu par le président de la République et le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Dans tous les cas, Jean-Pierre Raffarin affirme, d’ores et déjà, qu’il compte «revenir régulièrement en Algérie pour poursuivre ce dialogue» et s’assurer avec ses interlocuteurs que «les choses progressent comme souhaité».
Par Aomar Fekrache