L’envolée des prix du maïs et du soja, deux composants de l’aliment de volaille et de bétail, sur le marché mondial va immanquablement engendrer la hausse des prix des viandes blanches et rouges. Une hausse qui devrait se poursuivre dans les prochaines semaines.
Cette hausse des prix décourage les importateurs qui boudent le maïs et le soja. Les importations algériennes de ces deux produits ont considérablement diminué durant le 1er semestre 2012 par rapport à la même période de 2011. La hausse est de 30% pour le maïs et de 76% pour le tourteau de soja depuis janvier, selon les sites spécialisés.
Actuellement, la tonne de maïs coûte 250 euros et celle du tourteau de soja 547 euros. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur les cours des matières premières alimentaires publié en fin de semaine, les cours du maïs et du soja se sont littéralement envolés, 45% pour le maïs (depuis la mi-juin) et 30% pour le soja (depuis début juin). L’institution prévoit la poursuite du renchérissement des prix de ces produits jusqu’en 2015 au moins. Selon une source au ministère de l’Agriculture, «il n’y a pas assez de maïs et de soja sur le marché local». «L’offre a baissé et la production de poulet a donc diminué», a-t-elle déclaré. «Ce qui explique l’envolée des prix sur le marché et cela va se poursuivre dans les prochains mois, parce que les récoltes de maïs et de soja ont été affectées par la sécheresse aux Etats-Unis», a expliqué la même source.
En effet, la hausse des prix du soja et du maïs est due à la baisse des récoltes aux Etats-Unis affectées par la sécheresse qui sévit dans ce pays, premier exportateur mondial de maïs. Ravagées par une sécheresse exceptionnelle, les terres du premier pays exportateur au monde ne devraient pas donner plus de 10,8 milliards de boisseaux (274 millions de tonnes), soit la plus faible récolte depuis six ans.
Dans son rapport sur l’offre et la demande mondiales publié, vendredi dernier, le ministère américain de l’Agriculture a revu en forte baisse ses perspectives de récolte de maïs. En ce qui concerne le soja, les prévisions ne sont pas bonnes non plus. Les Etats-Unis ont abaissé leurs prévisions de récolte de 12% en un mois. Les analystes sondés par «Reuters» estiment que les stocks de soja pourraient chuter à leur plus faible niveau depuis plus de trente ans.
Pour sa part, le ministre de l’Agriculture Rachid Benaïssa a demandé à ses structures un rapport sur la situation pour préparer les mesures à prendre en vue de juguler la hausse des prix des viandes.
Aussi, l’État pourrait recourir aux subventions des prix du maïs et du soja, sous forme de réduction des taxes à l’importation, comme il le fait pour d’autres produits de première nécessité.
Depuis plusieurs mois, les prix des viandes ne cessent d’augmenter. Pour rappel, le kilo de viande ovine dépasse les 1.200 dinars contre 850 dinars il y a une année. Le poulet a pris des ailes cet été et se retrouve proposé à 350 DA le kilo. L’Office national de l’aliment de bétail (Onab) cède ses poulets à 260 dinars le kg, mais sa faible présence sur le marché n’a pas eu d’impact sur les prix et n’arrive pas à jouer son rôle de régulateur.
Sihem Oubraham