En se promenant dans les villes d’Algérie, c’est presque partout le même spectacle laid et désolant. Tous ces milliers de sacs plastique, disséminés un peu partout à travers les ruelles, les places publiques, sur les arbres… dans les jardins et les champs.
C’est l’invasion de cette espèce indestructible à laquelle nous n’arrivons pas à mettre fin. Il faut dire que l’incivisme de certains citoyens, qui n’hésitent pas à se débarrasser des sachets une fois utilisés, où bon leur semble, est l’une des causes de cette pollution. Puis, le vent qui les emporte pour les éparpiller en tous lieux. En plus de leur effet nocif, ils enlaidissent les endroits où ils sont fixés. On ne voit pratiquement aucun endroit qui ne soit envahi par ces sacs plastique.
Il faut moins d’une seconde pour fabriquer un sac plastique, qui restera en moyenne 20 minutes dans vos mains et qui mettra près de 400 ans à disparaître dans la nature.
Quelques 7,7 milliards de sacs en matière plastique, sont utilisés par an en Algérie. Notre pays se place au peu enviable rang de cinquième plus gros consommateur au monde de sacs plastique, après les Etats-Unis d’Amérique, le Maroc, la France et l’Australie. A la faveur de cette donnée, il en ressort qu’une moyenne de 200 sachets sont utilisés annuellement par citoyen. Depuis l’année 2013, on annonce leur éradication mais ils sont non seulement encore là mais ils sont encore plus beau, colorés et même personnalisés avec tout genre de publicité possible. Ils résistent au temps et aux …décisions.
Il y a quelques années, la fin du sac plastique avait été annoncée, à plusieurs reprises, comme étant imminente mais il a proliféré encore plus. Un projet de loi portant interdiction de sa production était en préparation au sein du ministère chargé de l’Environnement, mais aucune suite. Une rencontre devait être organisée avec les entreprises et les associations concernées, elle n’a jamais eu lieu non plus. Le principe « pollueur-payeur » avec l’introduction de l’article 53 dans la loi de finances pour 2004, qui institue une taxe de 10,50 DA/kg sur les sacs en plastique importés ou produits localement, n’a pas donné de résultats tangibles. Le produit de cette taxe devait être destiné au Fonds national pour l’environnement et la dépollution, pour financer spécialement un système public, appelé « Ecojem », de reprise, recyclage et valorisation des déchets d’emballage qui devait permettre la prise en charge d’une partie importante des déchets recyclables. Aucune suite, également, ne semble avoir été donnée à ce projet.
Une pollution manifeste
Légers, ils s’envolent facilement. Abandonnés, jetés par mégarde, oubliés par les collectes d’ordures ménagères, les sacs présents partout et des fois à l’endroit où on les attend le moins, sont un
véritable désastre environnemental. Dans les champs, en forêt, en montagne, en mer ou sur le littoral, ils pullulent… sachant que déjà 1 seul sac abandonné suffit à dégrader la beauté du paysage. Chaque année, on estime que plus de 100 000 animaux marins, notamment des tortues, meurent emprisonnés par un sac plastique ou après avoir ingéré un déchet flottant en le confondant avec une proie. A lui seul, le plastique représente 60 à 80 % des déchets en mer. Mais le plus inquiétant est invisible. Le plastique se fractionne jusqu’à former des particules microscopiques (de l’ordre de 300 micromètres) qui contaminent le sol et l’eau et apparaissent par la suite dans la chaîne alimentaire. Les animaux marins les ingèrent et les polluants persistants se retrouvent, en bout de chaîne, dans nos assiettes. Toutes les espèces marines (ou presque) contiennent du plastique. On estime que la Méditerranée contient 250 milliards de particules plastiques, atteignant un poids de 500 tonnes qui flottent à la surface. Ces plaques de déchets résultent de l’accumulation de déchets plastiques : bouteilles vides, bouchons, sacs … et des milliards de débris. La majorité d’entre eux, fragmentés par le séjour dans l’eau, mesure moins d’un centimètre et pèse moins de 15 grammes. Cette soupe de plastique contient des déchets parfois très fins. Elle s’enfonce sous la surface sur 10 à 30 mètres de profondeur avec une densité pouvant atteindre les 750 000 morceaux par km². Ces déchets proviennent des navires et des continents, transportés par le vent et les fleuves vers la mer. Regroupés par les courants marins, ces plastiques finissent par s’agglutiner pour créer une pollution océanique sans précédent que l’on nomme Gyres ou Vortex.
Aujourd’hui, on parle même de l’existence de « continents plastiques ».