Epoustouflant ! En quelques se maines, pour ne pas dire bien moins, nos villes et villages sont devenus (presque) propres. En tout cas, pour ce qui est du «visible». Par on ne sait quel coup de baguette magique, les collectivités locales (aidées, paraît-il, par des associations et des comités de quartiers, tout d’un coup réveillés… à l’approche des élections locales) ont fait un travail intense et immense.
Débarrasser les rues, les ruelles, les chemins campagnards… de ses tas d’ordures qui y étaient parfois depuis des semaines et des mois, entravant la bonne circulation des personnes, mettant en danger les passants et, surtout, susceptibles de nuire à la santé des populations.
Sans parler de l’image extérieure globale ternie du pays : riche, mais à société sale. Par on ne sait quel coup de baguette magique, les services concernés ont débarrassé, parfois à coups de bulldozers, les trottoirs de bien des quartiers de ce que l’on appelle le «marché informel».
Certes, il rendait bien des services aux populations, surtout les plus pressées et les moins nanties, avec la disponibilité de produits certes bas de gamme mais à des prix bas, mais sa présence rendait intenable, sinon infernale la vie des (petits) commerces établis, contrôlés et «imposés». Sans parler de l’image extérieure globale ternie du pays : riche, mais à économie mafieuse.
On ne sait comment tout ce changement a commencé. Est-ce la brutale invasion de moustiques «inconnus» dans la région de Rouiba, une invasion qui avait obligé, les travailleurs, de la SNVI entre autres, pourtant des «durs à cuire», à cesser de travailler quelque temps, tant les «envahisseurs » étaient décidés à occuper entièrement et totalement le terrain et les ateliers.
Pour peu, on aurait vu certains de nos analystes , au nationalisme sourcilleux, accuser «la main de l’étranger» qui chercherait ainsi à «saboter» les efforts de relance de l’industrie mécanique nationale… alors que la raison était à chercher tout près, dans un oued «pourri», comme beaucoup de nos oueds, traversant sur 1 km l’usine, qui servait, depuis des années, sans que quiconque ne s’en inquiète, de dépotoir de toutes les saletés du coin, déversées par les habitants et surtout par les usines.
Est-ce la difficulté, de plus en plus visible, pour toute industrie ou commerce algérien légal, pour tout produit authentiquement national de se faire une «place au soleil» dans un pays devenu gros consommateur de tout. Est-ce le changement de gouvernement avec, à sa tête, un vieux routier de l’Algérie profonde, passé par tous les échelons de l’Administration locale… et à qui on ne «la fait pas».
Peut-être les trois conjugués! La catastrophe sanitaire frappait, désormais, non aux portes des bidonvilles (bof !), mais à la porte de nos plus beaux outils de production, ce qui est intolérable, n’est-ce pas.
Mais l’amour, du Premier ministre, pour le net, le propre et le clean (comme l’eau qu’il a géré assez longtemps) ne suffit pas en Algérie, pays au service public devenu, au fil du temps et de l’incompétence officialisée, labyrinthique et incompréhensible, rendant fou tous les citoyens raisonnables et faisant perdre au pays du temps, de l’énergie et des sommes folles.
Il fallait aussi de la détermination et de l’action concrète dans des domaines qui, quoi que l’on dise, et on le sait bien, nécessitent plus de volonté que de moyens, plus de régularité (dans l’intervention des personnels chargés ou payés pour ce faire) , plus d’engagement (des services de sécurité), moins de tolérance et de démagogie populiste (toujours cette «peur», devenue panique, des manif’ et des émeutes de quartiers, et le souci de récup’ politicienne).
Et, surtout, ne pas hésiter à agir dans des domaines certes terre à terre mais, en réalité, bien plus stratégiques que tous les beaux et longs discours sur les réformes, la nouvelle stratégie industrielle, l’adhésion ou non à l’OMC, les alliances politiques, le football professionnel… et même le quatrième mandat du Président Bouteflika….
On a enfin compris que pour réussir les grands projets, le citoyen, où qu’il soit, doit d’abord et avant tout, être «bien dans sa peau et dans sa tête», heureux dans sa ville et son village, dans son quartier, dans son douar, dans sa famille, dans son travail, dans sa ville. Se sentir libre et en sécurité,… même s’il est au chômage et sans logement.
Avec, toujours de l’espoir en un lendemain certes difficile, comme partout ailleurs, mais peut-être bien meilleur… Mais, cela ne peut se réaliser que par l’existence de services publics de qualité (postes, hôpitaux, police et services de sécurité, justice, transports, hygiène, services d’état-civil, stades et cercles culturels…) et au fonctionnement sans trop de couacs…
La nouvelle gouvernance a bien commencé, bien plus propre ou bien moins sale, c’est selon, que celles qui l’ont devancé… on attend avec impatience et angoisse, la suite après les (prochains?) changements dans les cercles étatiques comme ceux des walis, des chefs de daïras, etc. et après les élections locales !
En espérant, ici, voir les citoyens, par leur vote, lors des prochaines élections locales, donner un grand et bon coup de balai…. «devant leurs portes»… et respecter, chaque matin, le travail ingrat des «éboueurs de la terre».
PS: L’institut Abbassa a réalisé une enquête nationale en 2007(elle date, c’est vrai, mais dans certains domaines, les résultats ont empiré alors que dans d’autres, assez rares, la situation s’est objectivement nettement améliorée) sur «l’Algérien dans sa ville». 5186 sondés dont 57,3% d’hommes (Extraits. Source: www.almanachdz.com/habitat/étudesetanalyses) :
Pourcentage de mécontents (seulement très et plutôt) pour chacun des services :APC : 57,7% / Daïra : 50,6% / Wilaya : 47,4% / Services hospitaliers: 55,1% /Impôts, Administration fiscale: 35,7% / Douane : 20,4% / Police : 26,9% /Gendarmerie: 21,8% /Tribunaux, Justice : 32,5% / Services de sécurité en général : 28,5% / Protection civile: 15,5% / Sécurité sociale: 32,1% / Poste :29,2% / Téléphonie fixe:14,8% / Téléphonie mobile: 11,1% / Opgi: 33,2% /Sntf : 28,3% / Air Algérie: 29,2% / Maisons de jeunes: 38,5% / Centres culturels :39,8% / Mouvement associatif: 39,3%.