La ville d’Annaba est malade. Son environnement est agressé de façons multiples et inquiétantes à la fois, n’épargnant aucun secteur. La pollution a atteint un degré alarmant dans certaines communes, qui en compte douze.
Combien de fois la sonnette d’alarme a été tirée pour arrêter le massacre perpétré quotidiennement sur cette ville sans pour autant arriver à une réelle prise de conscience, et combien de fois des rencontres et autres actions de sensibilisation ont été organisées sans qu’il y ait de véritable déclic !
La prolifération des bidonvilles, dont pas moins de 25% sont implantés dans le chef-lieu de la commune d’Annaba, est on ne peut plus préoccupant. A Sid Harb 1, 2, 3 et 4 par exemple vivent plus de 900 familles. Des centaines de kilos de déchets ménagers sont ainsi abandonnés à l’entrée du site qu’ils occupent illicitement. S’ajoute à cela le déversement des eaux usées en pleine nature faute de réseaux d’assainissement. L’atmosphère n’est pas épargnée pour autant. Ceux qui vivent dans ce ghetto respirent un air pollué par la fumée dégagée par l’incinérateur d’une clinique implantée sur le même site à l’ouest de la ville. Autre lieu, autre atteinte à l’environnement, les 80 km de façade maritime.
Un bonheur devenu malheur faute d’avoir pu préserver cet espace vital, pollué par le déversement des déchets industriels dans les eaux de mer. A commencer par les différentes unités industrielles implantées sur le territoire de la daïra d’El-Bouni, lesquelles déversent leurs eaux usées et autres rejets industriels toxiques dans l’oued Seybouse, qui se déverse à sont tour directement dans la mer. A la plage de Sidi Salem, l’eau de mer est à longueur d’années grise avant de devenir noir en été ; à Seybouse, la baignade n’y est pas autorisée, encore moins la consommation des produits halieutiques dont regorge cette zone maritime.
En conclusion, le littoral de la wilaya d’Annaba est devenu un véritable réceptacle de toutes sortes de déchet plastique, de substance toxique et des eaux usées.
Il faut dire que 50% des usines industrielles sont responsables de cette situation, constituant ainsi un véritable danger, voire une menace réelle, pour la santé des citoyens et de la nature, au vu du dysfonctionnement généré sur l’écosystème de la région. Sur ce volet, il convient de noter que certaines espèces marines ont totalement disparu alors que d’autres sont en voie de disparition. Même constat à l’oued Seybouse, devenu un égout grandeur nature. Les cours d’eau remplis d’ordures agressent le regard, offrant un décor hideux, et les odeurs nauséabondes qu’il dégage, notamment en période de grandes chaleurs, agressent l’odorat. Par ailleurs, si le problème du transport des usagers a été réglé, un autre plus récurrent est aujourd’hui constaté, à savoir les gaz d’échappement des moteurs, devenus les principaux polluants de l’air. Cet état de fait additionné aux milliers de décharges publiques qui foisonnent dans les 12 communes implantées sur tout le territoire de la wilaya d’Annaba augure d’une véritable catastrophe. La pollution dans cette wilaya a généré un accroissement effréné du nombre de maladies liées à la pollution atmosphérique notamment.
Ainsi, la daïra d’El-Bouni, classée en tête de liste en matière de maladies respiratoires, l’asthme principalement, enregistre un taux dépassant les 48,92%, touchant notamment les moins de 8 ans. Aujourd’hui, l’heure n’est plus aux slogans ou aux opérations de sensibilisation, et encore moins aux rencontres infructueuses. C’est plutôt le moment de trouver de véritables solutions car Annaba est malade et son environnement est agressé de façon inquiétante, n’épargnant ni la terre ni la mer. Le niveau de la pollution a atteint un pic alarmant, et penser pouvoir y remédier facilement dans quelques années relève tout simplement de l’utopie. C’est maintenant qu’il faut agir car il y a péril en la demeure.