Entretien de l’éclairage public : Les Oranais broient du noir

Entretien de l’éclairage public : Les Oranais broient du noir

Chaque année, ont révélé tout récemment des élus de la commune d’Oran, lors d’une session extraordinaire, sont dépensés des milliards de centimes pour l’entretien du réseau de l’éclairage public de la ville.

Or, les citoyens sont unanimes à dire que ces chiffres ne reflètent en rien la réalité sur le terrain, puisque la qualité laisse à désirer.

Le meilleur moyen pour s’en rendre compte, c’est tout simplement d’effectuer une petite balade à travers les artères du centre-ville, mais surtout dans les quartiers.

Il n’y a pas une seule rue ou ruelle où on peut dire que l’éclairage est total, lorsque ce n’est pas la nuit noire à l’exemple de plusieurs cités comme Es-Sabah, USTO, Yaghmoracen, El-Hamri, Sidi Houari, St-Antoine, Plateau St-Michel, Protin, Choupôt, pour ne citer que celles-là, car la liste est longue.

En plus des lampes qui sont grillées, l’état dans lequel se trouvent la majorité des candélabres laisse à désirer. Ces poteaux confectionnés à partir de tôle pliée, outre le fait qu’ils s’oxydent rapidement, ne résistent pas bien aux rafales de vents et surtout demeurent assez fragiles au moindre choc, et cela s’est vérifié sur place.

C’est surtout à leur base que situe le point faible, avec le socle qui se détache en premier en cas de sinistre. Serait-ce la mauvaise qualité de la peinture qui permettrait à la rouille de faire son effet dévastateur ? En tous les cas, une faille existe quelque part.

Il y également le fait qu’aucune solution permanente définitive n’a été apportée au niveau des portillons qui se font arracher ou voler, très facilement. Les câbles demeurent ainsi exposés à la portée de n’importe quel passant et notamment des enfants, puisque beaucoup sont mêmes tirés vers l’extérieur, à l’air libre, et surtout ne sont raccordés qu’au moyen de simples épissures enroulées de chatterton.

L’esthétique,le dernier des soucis

Concernant le type de lampes, lorsque celles-ci sont opérationnelles, à certains endroits, c’est pratiquement le carnaval. En effet, cela est assez courant d’avoir sur un même réseau (boulevard, avenue…) des lampes de différentes nuances (rougeâtre, verdâtre, blanchâtre …), à exemple des lampes au sodium qui côtoient celles au mercure, tout cela sans se soucier aucunement de l’esthétique.

Tout cela serait, dit-on, à mettre à l’actif de certaines entreprises sous-traitantes, qui ne jouissent pas du savoir-faire et des compétences requises dans ce domaine, sans omettre le facteur expérience. «Il ne suffit pas de changer une lampe qui grille, car encore faut-il détecter les causes qui conduisent à pareille situation, pour les résoudre de manière définitive», dira S.Belkacem, un spécialiste dans ce domaine.

Pour répondre à la situation actuelle, le budget alloué à l’E.P aurait été revu à la hausse en 2010, pour atteindre les 40 milliards de centimes. Cette augmentation s’expliquerait en grande partie par la rénovation de plusieurs axes routiers qui devraient être empruntés par les délégations officielles participant au GNL 16.

B.Mohammed, 56 ans, ancien technicien de la Sonelgaz en retraite, nous dira à ce propos : «Si c’est pour uniquement changer les lampes grillées au quotidien, on aurait dû donner plus de moyens, comme l’apport de camions échelles, à l’entreprise communale d’électricité (ex-EPCE).

D’ailleurs celle-ci, en dépit de ses moyens limités, s’acquittait très bien de sa tâche par rapport à ce qui se fait aujourd’hui, au moment où il existe, quand même, plusieurs entreprises privées sur le terrain. Comment expliquer qu’une grande partie de la ville d’Oran est continuellement dans la pénombre?».

Pour M.Amar, 68 ans, ancien monteur de lignes, il ne suffit pas de remplacer aveuglement une lampe, car cela peut se répéter indéfiniment. «A l’époque où je m’occupais de dépannage électrique, lorsqu’une lampe grillait assez souvent, il y a avait un service qui s’occupait du contrôle. On mettait alors un appareil enregistreur qu’on laissait branché jusqu’au lendemain.

Cet instrument notait toutes les variations et autres anomalies qui survenaient au niveau du courant et qui entraînaient l’anéantissement de la lampe. On procédait alors à la réfection de la cause et les lampes résistaient dès lors beaucoup mieux. Et ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres».

En attendant que les rues d’Oran retrouvent un peu de clarté à la tombée de la nuit, grâce à un éclairage performant, réalisé dans les normes, les Oranais peuvent toujours s’armer de patience et de lampes de poche, puisqu’ils ont tellement l’habitude de supporter tous les autres désagréments liés à leur quotidien.

S.A.Tidjani