« Jumia est la première plateforme e-commerce en Afrique, présente dans plusieurs pays du continent. Lancée en 2012 dans plusieurs pays Africains grâce à des investisseurs internationaux, tels que MTN, AXA et MasterCard, notre mission est de faciliter l’accès aux produits et services grâce à internet tout en accompagnant la digitalisation du commerce local. Jumia Algérie est une entreprise 100 % de droit Algérien, avec une équipe 100% algérienne et des financements internationaux dont la société mère (holding allemande) est cotée à la bourse de Wall Street aux Etats-Unis.
Jumia a adapté l’e-commerce au contexte de notre pays, en réussissant à développer un écosystème complet comprenant une marketplace en ligne qui connecte des milliers d’entreprises et vendeurs à des millions de consommateurs et une plateforme logistique pour la livraison. Aussi, en facilitant le paiement qui s’effectue en ligne (CIB/EDAHABIA) ou à la livraison.
En chiffres, Jumia livre plus de 60 000 produits dans plus de 100 points relais dans 55 wilayas, grâce à 600 vendeurs et 100 boutiques officielles. Jumia Algérie c’est aussi plus de 100 emplois directs et des milliers d’emplois indirects (partenaires logistiques, vendeurs, fournisseurs, etc.) »
Quel est le cadre juridique actuel qui régit le commerce électronique en Algérie ?
L’Algérie a accompli de grandes réalisations dans le développement du numérique, du commerce électronique. En modernisant la réglementation et en renforçant la confiance des consommateurs, nous pouvons accélérer cette transformation digitale et accueillir les innovations tel que l’intelligence artificielle.
La loi n° 18-05 du 10 mai 2018 régit le commerce électronique en Algérie, établissant les règles générales pour les transactions en ligne de biens et de services. Elle vise à protéger les consommateurs, à encadrer les activités des fournisseurs en ligne et à assurer la transparence des transactions électroniques. Cependant, cette loi ne considère qu’un concept standard ou initial du e-commerce, à savoir une transaction entre un e-commerçant et un e-consommateur, et donc exclut la chaîne plus large du e-commerce : marketplaces, intermédiaires, logisticiens, etc.
Aujourd’hui par exemple, le concept de marketplace n’existe pas dans la loi de 2018, la définition de la “Marketplace en ligne” qui permet de connecter vendeurs et consommateurs via une plateforme numérique doit être inscrite dans la loi. Car la “marketplace” ou “Place de Marché” en ligne est un écosystème d’acteurs intégrant les vendeurs, les logisticiens, les consommateurs et la plateforme. Ceci mettra au clair les différentes responsabilités des différents acteurs pour garantir un service d’excellente qualité et une protection optimale des intervenants et du consommateur final.
En tant qu’acteur majeur du commerce électronique en Algérie, Jumia est pleinement engagée à contribuer à cette transformation et ce, en accompagnant les vendeurs locaux, en améliorant l’expérience client et en collaborant avec les autorités compétentes pour bâtir un cadre e-commerce performant et inclusif.
Les vendeurs en ligne respectent-ils réellement les obligations légales (enregistrement, transparence, conditions de vente) ?
Chez Jumia par exemple – et c’est aussi le bénéfice de la marketplace comme intermédiaire de structure et contrôle – nous avons mis en place des procédures sûres pour le paiement en ligne et à la livraison et également un système de retour garantissant aux clients la possibilité de se faire rembourser; si le produit comporte un défaut ou ne correspond pas à leurs attentes légitimes. En revanche, nous ne pouvons pas garantir la viabilité de ce système mis en place sans l’implication de tous les vendeurs, qui doivent inéluctablement respecter des critères de qualité et de transparence. Les vendeurs ont eux aussi leur part de responsabilité. Nous surveillons activement les annonces pour éviter les contrefaçons et les pratiques frauduleuses. Nous avons des règles très strictes en la matière, et nous sanctionnons tout vendeur qui ne les respecte pas.
Quels sont les droits des consommateurs lors d’un achat en ligne, notamment en cas de produit défectueux ou de non livraison ?
Jumia accorde une importance capitale à la confiance et à la sécurité, et en fait même une priorité absolue. Dès le lancement de nos opérations, nous avons mis en place un code de conduite strict pour assurer aux consommateurs une expérience sécurisée sur notre plateforme. Je dois souligner qu’il est important d’avoir un cadre législatif clair et adapté pour lutter contre les fraudes et les cybercriminalités et ce, pour mieux encadrer les acteurs légitimes et protéger les données et les consommateurs.
D’ailleurs, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations a reconnu que cette loi sur le commerce électronique présente certaines insuffisances, notamment face à la prolifération du commerce électronique informel sur les réseaux sociaux, où des particuliers proposent des produits sans cadre légal, exposant ainsi les consommateurs à des risques de fraude.
Ce constat a conduit à la mise place récente d’une commission multisectorielle. Cette commission est chargée de réexaminer et de mettre à jour la loi afin de combler le vide juridique actuel et d’assurer une meilleure régulation du commerce électronique en Algérie.
Cette initiative, que nous saluons, reflète réellement la volonté des autorités algériennes d’adapter le cadre législatif aux évolutions du commerce en ligne et de garantir une protection accrue des consommateurs dans l’environnement numérique en Algérie.
Existe-t-il des mécanismes efficaces de recours pour les consommateurs en cas de litige ?
Comme mentionné précédemment, la marketplace fournit des avantages de sécurité et contrôle des produits mis en ligne, des vendeurs, des interactions sur la plateforme et des transactions et commandes jusqu’à la livraison et même a posteriori en cas de retour ou réclamation client. Nous offrons également un service client multi-canal (téléphone, chat sur l’application, réseaux sociaux, Whatsapp…) disponible 7/7. Le consommateur a toujours Jumia comme interlocuteur dédié, même après son achat pour garantir ses droits et assurer sa satisfaction lors de ses achats en ligne.
Au risque de me répéter, les vendeurs ont bien sûr eux aussi leur part de responsabilité sur l’assortiment qu’ils proposent sur Jumia et la qualité des produits qu’ils expédient. Nous avons mis en place des mécanismes pour vérifier les annonces et les produits ainsi que des règles coercitives pour avantager les bons vendeurs et sanctionner les contrevenants (taux de retour qualité, notes client, vitesse d’expédition, annulations, etc.); cela nous permet aussi de lutter contre les produits contrefaits ou dangereux pour les consommateurs.
Le paiement électronique est-il suffisamment développé et sécurisé pour soutenir le e-commerce en Algérie ?
L’Algérie présente un potentiel considérable pour le commerce en ligne, avec une population de plus de 45 millions d’habitants, dont près de 70% ont moins de 35 ans. Cette jeunesse connectée constitue une base solide pour le développement du digital. Le développement des smartphones, déploiement du réseau 5G et baisse des prix de la data permettent aujourd’hui d’avoir une connexion internet accessible à tous. En Algérie, l’utilisation de l’Internet a atteint un nouveau record avec 36,2 millions d’utilisateurs en 2024, représentant 76,9% de la population.
En 2023, le marché du e-commerce en Algérie a atteint une valeur de plus d’un milliard d’euros, selon les données de Statista. Selon le GIE Monétique, le nombre total de transactions en ligne a atteint plus de 15 millions en décembre 2023, pour un montant total d’environ 32 milliards DZD. Le secteur des télécommunications domine les transactions en ligne, avec plus de 8,4 millions de transactions en 2023 mais une progression exponentielle des biens et services.
Malgré ces avancées notables, des défis subsistent. La faible adoption des paiements électroniques reste importante : en 2022, le montant des paiements par internet a enregistré une croissance de 62,40 % par rapport à l’année précédente, mais le paiement en espèces à la livraison reste prédominant. Jumia a construit son modèle et ses opérations en tenant compte de toutes ces spécificités locales pour assurer une conformité, efficacité et sécurité maximales pour les partenaires et consommateurs.
Nous avons conclu durant le mois de mai dernier un partenariat stratégique avec la startup Diar Dzair, qui est incontestablement un engagement sociétal dédié notamment aux consommateurs aux revenus moyens; ce partenariat offre un accès 24H24 pour effectuer leurs achats en ligne et surtout avec une facilité de paiement étalée sur plusieurs mois.
Cet ambitieux projet a pour objectif de renforcer la compétitivité dans un marché en pleine expansion et encourager également le produit algérien, qui n’a d’ailleurs rien à envier aux autres produits internationaux. Cette démarche entre nos deux partenaires s’inscrit en droite ligne avec la politique des pouvoirs publics quant à l’encouragement de la production algérienne créatrice de richesses et d’emploi directs et indirects mais aussi pour formaliser le marché et faciliter l’accès à la consommation et produits essentiels de qualité à tous les citoyens algériens.
Quels sont les principaux freins au développement du e-commerce dans le pays (logistique, confiance, législation, etc.) ?
Pour les consommateurs, une Marketplace apporte un large choix de produits, des prix compétitifs et une expérience d’achat unique et simplifiée et ce, dans un environnement sécurisé et contrôlé. Jumia ne se contente pas de la commercialisation des produits, mais elle offre aussi aux commerçants locaux un canal de vente digital clé en main, leur permettant de toucher des milliers de clients avec un simple clic et des options de visibilité riches et personnalisées.
La logistique du dernier kilomètre représente également un défi majeur. Avec un territoire aussi vaste et une urbanisation croissante, assurer des livraisons rapides et efficaces est essentiel pour améliorer l’expérience client. En modernisant ce cadre juridique et en renforçant la confiance des consommateurs, le e-commerce peut devenir un moteur de croissance économique, de création d’emplois et d’innovation en Algérie.
Je saisis cette occasion pour saluer les pouvoirs publics, qui ne lésinent pas sur les efforts en vue d’adapter les textes en fonction de l’intérêt grandissant des consommateurs. L’intérêt particulier accordé par nos autorités à la protection du consommateur e-commerce s’est notamment matérialisé par les discussions engagées autour de la mise à jour de la loi n° 18-05 de 2018, depuis sa promulgation, afin de s’adapter aux évolutions du commerce électronique.
Quelles mesures l’État pourrait-il prendre pour mieux encadrer le secteur et protéger les consommateurs ?
Pour que l’e-commerce puisse prospérer et accompagner le développement des entreprises algériennes dans le numérique, il faut renforcer le cadre réglementaire de manière à faire de la protection du e-client une priorité absolue et protéger tous les acteurs en établissant les responsabilités de chacun.
Bien que la loi 18-05 ait établi un cadre initial pour le commerce électronique, il est crucial de la réviser pour mieux encadrer le secteur, simplifier les démarches administratives pour les e-commerçants et encourager les investissements dans les infrastructures digitales.
En modernisant ce cadre juridique et en renforçant la confiance des consommateurs, le e-commerce peut devenir un moteur de croissance économique, de création d’emplois d’innovation en Algérie et aider à formaliser le marché et lutter contre l’informel.
Quelles sont vos recommandations pour les e-commerçants souhaitant exercer légalement et de manière responsable en Algérie ?
Nous sommes favorables à l’idée de renforcer la réglementation en vigueur à travers notamment des propositions d’ajustement sur la loi 18-05, qui se résument comme suit :
- Vendeurs vérifiés et produits authentifiés
- Définition claire de “Marketplace en ligne” ou Place de Marché
- Sécurisation des données clients et des paiements avec un accompagnement vers le digital
- Protection renforcée des consommateurs avec des garanties et des remboursements rapides
- Sensibilisation des e-clients pour une consommation en ligne plus responsable
- Encouragement des paiements électroniques
L’objectif de Jumia est de rendre le commerce électronique accessible à tous, en créant un environnement où les vendeurs, grandes marques locales ou internationales présentes en Algérie ou petits commerçants, peuvent atteindre un large public, et où les consommateurs, de Tamanrasset, Constantine ou Alger peuvent faire des achats en ligne en toute sécurité et se les faire livrer près de chez eux ou à domicile. Jumia c’est le e-commerce adapté à l’Algérie, à ses traditions, ses habitudes de consommations et ses contraintes. Aujourd’hui Jumia est en pleine expansion partout, dans les grandes villes mais aussi en région, dans l’Ouest, l’Est, les grands plateaux et également le Grand sud via ses partenaires logistiques et son réseau de point relais grandissant.