Entretien avec Ibrahim Maalouf

Entretien avec Ibrahim Maalouf

Ibrahim Maalouf porte un des patronymes les plus célèbres dans le monde artistique. En effet, il appartient à une famille qui a choisi l’art dans ses différentes formes comme moyen d’expression. Il rêvait de devenir architecte, mais il a fini par choisir la musique. Ainsi, avec le bac en poche, Ibrahim Maalouf intègre le conservatoire, remporte plusieurs concours et collabore avec beaucoup d’artistes, notamment Marcel Khalifé, Vincent Delerm, Matthieu Chedid ou encore Amadou et Mariam. Musicien de talent, compositeur et arrangeur, Ibrahim Maalouf est également pianiste et trompettiste. Mais son secret réside dans son instrument : une trompette arabe (qui permet de réaliser les quarts de tons), inventée par son père Nassim Maalouf (également trompettiste) dans les années 1960. Libre et affranchi de toutes les barrières, sa musique est un va-et-vient perpétuel entre ses origines arabes et ses influences occidentales.

Liberté : Vous vous êtes déjà produit en Algérie avec Marcel Khalifé, mais c’est la première fois que vous vous produisez avec votre groupe. Des appréhensions ?

Ibrahim Maalouf : Oui, c’est la première fois que je joue avec mon groupe en Algérie, mais je me suis déjà produit il y a deux ou trois ans avec Marcel Khalifé. J’ai le souvenir d’un public réceptif et attentif, je suis de ce côté-là confiant. Mais j’ai une peur profonde : comme je parle très mal l’arabe, j’ai peur que les gens croient ou se disent que je ne veux pas parler en arabe. En même temps, c’est ma première collaboration avec le Centre culturel français. Je ne connais pas les conditions dans lesquelles on va jouer… mais je suis confiant. On va jouer des morceaux festifs et d’autres plus méditatifs, spirituels, mystiques… et je pense que le public se reconnaîtra dans certains de ces morceaux car, en général, même si l’on n’apprécie pas tout, on peut se retrouver dans une chose. De plus, je tourne avec mes musiciens depuis deux ans et demi en Europe. Dans le monde arabe, nous n’avons joué qu’une seule fois à Beyrouth. Alors, le concert de ce soir est la première scène au Maghreb.

Vous faites une musique assez éclectique et vous jouez d’un instrument très spécial : une trompette qui permet de jouer les quarts de tons. Mais si vous deviez définir votre musique ou nous la présenter, que diriez-vous ?

Je n’arrive pas à donner un nom à ma musique et je n’aime pas ça, car j’essaie de composer très librement et de ne pas être confiné dans un tiroir. Je n’ai pas de définition, je dirai que ce sont toutes mes influences, notamment la musique classique arabe, les musiques actuelles, funk… En fait, ma musique est un peu Jazz, un peu électro et très orientale, grâce à la trompette améliorée duquel je joue. C’est une invention de mon père qui a rajouté à la trompette un élément lui permettant ainsi de réaliser les quarts de tons. Il m’a donc transmis cet instrument, mais je garde tout de même une façon très personnelle de jouer. Je dirai également que mes collaborations avec d’autres artistes qui ont des univers très différents et des concepts musicaux bien définis m’ont permis d’acquérir mon identité artistique.

Vous vouliez poursuivre des études d’architecture, mais vous vous êtes orienté vers la musique. Pourquoi avoir opté pour la musique pour vous exprimer ?

Je n’ai pas choisi la musique comme moyen d’expression, c’est venu naturellement. À la maison, il y avait un piano depuis toujours, ma mère jouait de cet instrument et mon père de la trompette, donc je suis allé vers la musique naturellement. Je ne me suis même pas posé la question. Quand j’ai eu mon bac, je voulais m’inscrire à l’école d’architecture, mais tout naturellement, j’ai passé le concours du conservatoire et je l’ai obtenu. Voilà !

Vous êtes issu d’une famille d’artistes et vous portez un nom très important. Comment composez-vous avec votre héritage familial ?

Je suis très fier de ma famille. En fait, c’est une famille très libre qui a choisi de s’exprimer dans les différents métiers artistiques ; une famille qui a toujours été dans l’expression personnelle sans barrières. Avec tout ça, moi, je dois continuer à créer librement sans interdits ni barrières.

Sinon, qu’avez-vous préparé pour le public de ce soir ?

En fait, on ne va pas jouer tout l’album, mais une partie. Ces morceaux seront revisités différemment, avec d’autres nouvelles compositions et des morceaux inédits. Je ne veux pas que la scène soit une limitation de l’album, j’essaie de l’adapter parce que je pense que si je rejouait l’album sur scène, cela ne servirait à rien que les gens se déplacent : ils n’ont qu’à acheter l’album et l’écouter chez eux. Toutefois, mon disque est sorti en Europe et dans quelques pays arabes, mais je regrette qu’il ne soit pas sorti en Algérie. D’ailleurs, je prendrai quelques cd avec moi pour les offrir ce soir.