Le taux de croissance annuel, très appréciable, et le niveau élevé de la qualité de sa gamme de production sont révélateurs de la performance qu’enregistre depuis quelques années l’Entreprise publique économique Enap. Autant d’indices positifs qui poussent de l’avant la compagnie.
Toutefois, celle-ci ne cesse d’afficher ses ambitions de conquérir le marché. Ainsi, l’ENAP compte développer de nouveaux projets pour diversifier sa gamme de produits comme la production d’encres et de résines polyester, dans un marché en pleine expansion, en vue de contribuer à la réduction des importations, a indiqué dimanche à Alger son P-DG. « L’ENAP va se lancer dans la fabrication des encres d’emballage et d’impression ainsi que de résines polyester de matériaux composites utilisés surtout dans les secteurs de l’industrie et de la construction », a indiqué Hocine Hani dans un entretien à l’APS. Ainsi, l’entreprise projette la fabrication d’encres à Oued Smar (Alger) à hauteur de 2.500 tonnes/an en vue de répondre à une demande nationale estimée à 5.000 tonnes/an et de réduire les importations, a précisé le même responsable.
« Nous allons produire, dans une première phase, l’encre d’emballage (packaging) à base d’eau et ensuite on passera à la production d’encre d’impression à base de solvant. C’est une nouvelle gamme de produits car l’entreprise ne produit qu’une quantité très limitée d’encre de sérigraphie », a-t-il avancé. L’ENAP prévoit également la production de résines polyester de matériaux composites utilisées surtout dans les secteurs de l’industrie, de la construction ainsi que dans la filière automobile au niveau de ses trois complexes de Lakhdaria (Bouira), de Souk Ahras et de Sig (Mascara), a fait savoir ce responsable. Le marché de résines polyester, une matière jusque-là importée, connaît une croissance annuelle de plus de 8%.
Détenue par la SGP-GEPHAC (Chimie-Pharmacie), l’ENAP qui jouit d’une bonne santé financière compte financer, par ses propres moyens, ces deux nouveaux projets d’un montant de près de 2 milliards DA, selon M. Hani. Le partenariat est souhaité pour le transfert d’expertise, ce qui permettra à l’entreprise de renforcer sa présence sur le marché et de diversifier sa gamme de produits mais « nous comptons beaucoup plus les réaliser seuls si on ne trouve pas de partenaire », a-t-il souligné.
Le même responsable a même évoqué la possibilité de pénétrer les marchés extérieurs pour l’exportation, dans deux ou trois ans, si l’entreprise dégage un surplus de production. Et pour satisfaire et fidéliser ses clients, l’ENAP va mettre sur le marché, durant ce 1er semestre 2014, de nouveaux produits de qualité, à l’instar d’une super laque sans odeur, une peinture décorative acrylique et nacrée et des peintures satinées.
Vers le partenariat entreprise-université dans la recherche
Le développement du partenariat entreprise-université n’est pas en reste. L’ENAP envisage de construire prochainement un centre de recherche à Alger dédié aux peintures, résines et émulsions (mélange chimique) en partenariat avec les universités. L’objectif étant l’amélioration des produits de l’entreprise, la création de nouveaux produits et le développement de résines et émulsions.
Au plan formation, M. Hani affirme que le « problème crucial » de l’entreprise reste la formation en raison de l’absence d’instituts spécialisés dans l’industrie de la peinture et de la fabrication de résines et émulsions. Pour y remédier, outre l’organisation de séminaires de courte durée sur des thèmes très techniques liés à ce métier, les anciens ingénieurs de l’ENAP assurent des formations internes pour les jeunes, a-t-il précisé. Ce cadre dirigeant a évoqué, par ailleurs, les contraintes rencontrées par cette entreprise, notamment la concurrence déloyale et la contrefaçon. « Certains opérateurs utilisent le label de l’ENAP, alors que d’autres diluent ses produits pour les écouler sur le marché », a-t-il déploré. Au plan commercial, l’entreprise approvisionne les institutions et les entreprises publiques et privées en différents produits.
A titre d’exemple, elle a signé une convention avec le groupe Sonatrach pour fournir à l’ensemble de ses filiales des peintures industrielles pour la protection des installations pétrolières. « Les ingénieurs et techniciens de l’entreprise ont consenti beaucoup d’efforts pour fournir à ce groupe pétrolier des produits de qualité conformes aux standards internationaux importés auparavant de grandes compagnies étrangères », a indiqué M. Hani. En l’espace de deux ans (2012-2013) cette entreprise publique a vendu des produits de protection industrielle dans le Sud pour environ 1,8 milliard DA. En 2013, l’ENAP a réalisé un chiffre d’affaires de 13,68 milliards DA contre 13,02 milliards DA en 2012, soit une évolution de 5%.
Sur une demande nationale en peintures et vernis estimée à 220.000 tonnes, l’ENAP produit 145.000 tonnes, le reste est assuré par d’autres producteurs (55.000 t) et l’importation (20.000 t). L’entreprise, qui emploie environ 2.000 travailleurs, produit surtout les peintures pour l’industrie, le bâtiment, la carrosserie et certaines matières premières comme les résines et les colles.
Elle regroupe six unités de production situées à Lakhdaria (Bouira), Oued Smar et Chéraga (Alger), Oran, Sig (Mascara) et Souk-Ahras ainsi que deux unités commerciales à Alger et Sétif. Notons enfin, que l’industrie de la peinture connaît sans cesse des innovations, c’est-à-dire la création de peintures très spécifiques et dont les sociétés algériennes ne connaissent pas le processus de production, c’est pourquoi, elles doivent être à la recherche de partenaires de métier pour produire sur place et non pas laisser le champ libre à l’importation.
Lila Soltani