Il est vrai que les contraventions et les amendes inscrites dans le nouveau texte législatif ont été revues de fond en comble, notamment les amendes révisées à la hausse, mais cette loi comporte un côté préventif et pédagogique à forte valeur ajoutée.
Annoncé pour le 15 mars dernier par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, à l’occasion du Salon international de la sécurité, le permis à points tarde à voir le jour en Algérie.
Pourquoi ce document attendu depuis des années n’est-il pas entré en vigueur alors que les textes qui le régissent ont été promulgués par le ministère des Transports ? Pourquoi maintient-on le retrait du permis de conduire alors que ce système a montré ses limites et s’inscrit en porte-à-faux avec la stratégie nationale de la prévention routière qui vise, à moyen terme, à juguler l’hécatombe routière ? À première vue, le gouvernement n’a, jusqu’ici, lancé aucun avis d’appel d’offres pour sélectionner un opérateur spécialisé pour l’opérabilité de ce système qui se suffirait des données nationales de la biométrie. Aussi, les wilayas n’ont pas mis tous les moyens pour réaliser les centres de formation spécialisés chargés de dispenser les modules appropriés aux automobilistes après le retrait total des points. À ce sujet, il faut savoir que ces centres sont chargés de “rééduquer” les réfractaires au code de la route et les récidivistes pour pouvoir passer de nouveau leur permis de conduire, et ce, six mois après l’expiration de leur permis. Ces raisons et tant d’autres font que le ministère des Transports tarde, au même titre que le ministère de l’Intérieur, à lancer ce nouveau système.
En parallèle, les services de sécurité, dont la Gendarmerie et la Sûreté nationales, n’ont pas lésiné sur les moyens pour acquérir les dernières technologies en matière de lutte contre la drogue et les psychotropes au volant, ainsi que des alcootests et éthylomètres, mais aussi des radars plus performants pour lutter contre les excès de vitesse qui causent près de 80% des sinistres sur nos routes. Certes, ces technologies, par ailleurs acquises à coup de millions d’euros, contribueraient sensiblement à dissuader les réfractaires au code de la route et à se conformer à la réglementation en vigueur.

Mais, est-ce suffisant pour mener à terme la politique nationale de prévention et de sécurité routière ? Les faits et les chiffres remettent en cause, un peu plus chaque jour, cette politique qui induit un manque à gagner et pour l’économie nationale, au plan de la prise en charge des victimes des accidents qui s’élève à 100 milliards de dinars, et pour les automobilistes, notamment les transporteurs de voyageurs et de marchandises, qui voient leurs activités gelées après le retrait du permis de conduire. Il est vrai que les contraventions et les amendes inscrites dans le nouveau texte législatif ont été revues de fond en comble, notamment les amendes révisées à la hausse, mais cette loi comporte un côté préventif et pédagogique à forte valeur ajoutée. Rappelons que le directeur du Centre national de prévention et sécurité routières (CNPSR), Ahmed Naït Hocine, avait annoncé en octobre 2017, lors de son passage au Forum d’El Moudjahid, que l’entrée en vigueur du permis à points était prévue le premier semestre 2018 et que “l’opération de remise aux citoyens du permis électronique biométrique est prévue fin 2017, en attendant sa généralisation au niveau national”.
FARID BELGACEM