Entrée en lice du pétrole iranien et chute des avoirs en devises : Les finances de l’Algérie fondent

Entrée en lice du pétrole iranien et chute des avoirs en devises  : Les finances de l’Algérie fondent

La note de conjoncture pour le premier trimestre 2015 de la Banque d’Algérie, qui dresse un sombre tableau de la situation financière du pays, risque encore de s’assombrir avec le baril de Brent qui a décroché hier, à l’annonce d’un accord en vue sur le nucléaire iranien.

Première lecture de la note de la BA, ce sont les réserves de change de l’Algérie qui fondent, chutant de 178,94 milliards de dollars à fin 2014, à 159, 92 milliards. Le Gouvernement a recours aux avoirs en devises, pour payer les importations.



Dans le volet «tendances financières et monétaires», la BA fait référence à l’effondrement des recettes tirées de l’exportation des hydrocarbures, puisque le baril de pétrole «est passé de près de 110 dollars au premier trimestre 2014, à 75,38 dollars au dernier trimestre 2014 (…) puis à seulement 54,31 dollars au cours du premier trimestre 2015».

De ce fait, cette baisse a conduit à un recul de près de 50% des recettes algériennes, passées de 15,6 milliards de dollars en mars 2014, à seulement 8,7 milliards de dollars à la même période de cette année.

Hors-hydrocarbures, les exportations algériennes restent «structurellement faibles», à 419 millions de dollars au premier trimestre 2015, contre 323 millions un an plus tôt.

Pourtant, les importations algériennes ont baissé de 8,4% entre mars 2014 et 2015, passant de 14,5 milliards à 13,3 milliards de dollars, relève la Banque d’Algérie. Une baisse insuffisante pour compenser le recul des recettes.

Autre souci à se faire, le retour de l’Iran, avec ses pleines potentialités dans le marché de l’Opep. Première conséquence, le baril de Brent a décroché hier, à l’annonce d’un accord en vue sur le nucléaire iranien, ce qui autoriserait le pays à reprendre ses exportations de brut. Les valeurs liées au pétrole résistent plutôt bien.

La réaction des marchés a été très rapide. A l’annonce d’un accord en vue sur le nucléaire iranien à Vienne, le baril de Brent a immédiatement décroché.

S’il se confirme, l’accord marquerait un tournant dans les relations de Téhéran avec les pays occidentaux, et un retour du pays dans les pays exportateurs de brut. Ses réserves le classent au quatrième rang mondial pour le pétrole, et à la deuxième pour le gaz.

Hier, l’Iran et les grandes puissances du groupe P5+1 ont trouvé un accord sur le programme nucléaire de Téhéran, qui permettra une levée de sanctions qui pèsent sur la République islamique. Un autre responsable iranien a confirmé l’existence de l’accord. Le texte, dont les grandes lignes ont été fixées dans un premier texte le 2 avril, limitera le programme nucléaire de Téhéran pendant au moins dix ans, en échange de la suspension progressive des sanctions économiques qui pèsent sur l’économie du pays et notamment, sur ses exportations pétrolières.

L’Iran possède la quatrième réserve mondiale prouvée de pétrole (158 milliards de barils, soit près de 10% du total), derrière le Venezuela, l’Arabie saoudite et le Canada. Depuis plusieurs années, le pays produit autour de 2,8 millions de barils par jour. Mais sa capacité est estimée à 3,6 millions de barils par jour, selon l’Agence internationale de l’énergie. De son côté, Téhéran pense revenir au niveau de production d’avant les sanctions, soit plus de 4 millions, ce qui aura pour résultat immédiat d’inonder le marché avec un plus de production, qui fera chuter encore les prix du baril, et donc, diminuera encore les rentrées en devises pour l’Algérie.

Par Fayçal O