Entre spéculations politiques et situation économique du pays: Vrais débats et fausses querelles

Entre spéculations politiques et situation économique du pays: Vrais débats et fausses querelles

Par 

Plus qu’une opération de marketing, c’est un forcing qui semble s’opérer à travers des «chefs d’orchestre clandestins» pour conduire au report de la présidentielle.

Ce début de décembre aura été moins marqué par un débat sur la santé économique du pays qui affiche pourtant une sérieuse précarité, que par d’intenses tiraillements et spéculations politiques sur l’issue de l’actuel quinquennat présidentiel que certains veulent avorter. Pourtant, on est à quatre mois de ce rendez-vous électoral. Une période trop courte pour exciter à ce point l’impatience des promoteurs du report. Sont-ils incapables de brider durant 120 jours encore leurs ardeurs? sur un autre plan, la période est trop longue pour focaliser l’attention des commentateurs. En quatre mois, de sérieux débats sur l’avenir économique peuvent être esquissés et des stratégies définies. Plus qu’une opération de marketing, c’est un forcing qui semble s’opérer à travers des «chefs d’orchestre clandestins pour conduire au report de la présidentielle.

Mais alors, que peuvent faire les citoyens, pourtant seuls dépositaires de la légitimité démocratique, sinon constater le déroulement d’un scénario dans lequel ils ne sont ni acteurs ni figurants? Une proposition de report faite par le très énigmatique président du MSP, Abderrezak Makri, relayée par le satellitaire président de TAJ, Amar Ghoul, et la mayonnaise a pris. La bourse des spéculations est désormais grande ouverte. Qui le premier trouvera le vrai artifice, ce sésame qui permettra de reporter un rendez-vous pourtant si proche? Autant cette brusque compassion du MPS pour le pouvoir est douteuse, autant cette soudaine liberté de ton chez Ghoul est frelatée. Or, le vrai débat semble relégué au second plan.

A l’heure de l’échec économique non assumé du pays, la question est: comment retrouver le chemin de la prospérité, de la justice sociale et de la croissance pour une paix durable? N’en déplaise au discours politique lénifiant, notre économie stagne, pour ne pas dire qu’elle recule et à moins qu’un consensus ne soit rétabli sur la question du développement économique, nous ferons face à des lendemains inquiétants. Les signaux sont tous au rouge: la montée du chômage, la grogne sociale, le phénomène des harraga, l’exode des capitaux, la corruption et la bureaucratie sont autant de sommations qui interpellent les décideurs politiques pour agir vite. Le rapport très attendu que présentera le gouverneur de la Banque d’Algérie devant les parlementaires, le 23 décembre prochain, fera office d’un sérieux diagnostic pour une médication juste.

Des sources parlementaires ayant consulté ce rapport sont catégoriques: la situation est loin d’être reluisante: Ainsi indique le rapport, l’activité économique a baissé en 2017, le rythme de croissance agricole a reculé pour la deuxième année consécutive, de même que les réserves de changes officielles sont en forte contraction en raison de la chute des prix du baril. Elles ont été estimées, selon le même rapport, à 97,33 milliards de dollars. Curieusement, c’est durant cette dégringolade économique qui risque d’éroder même le socle des conquêtes sociales, que l’Ugta a été placée sous les feux de la rampe. Que vise-t-on à travers cette tentative de déstabiliser l’Ugta et surtout, pourquoi maintenant?

Faire la paix, c’est tout un chemin et ce chemin est d’autant plus escarpé quand il s’agit d’entretenir une paix sociale.

C’est à ce challenge que s’est essayée la Centrale syndicale à ses risques et périls. On retient une constante dans la démarche, même si elle est contestée. Sidi Saïd a toujours exhorté les syndicalistes à éviter toute position radicale dans la résolution des problèmes des travailleurs. L’Ugta a adopté une philosophie de dialogue et de concertation, rapellant à chaque occasion que la lutte syndicale à laquelle appelle l’Ugta «est basée sur la confiance entre le patronat et l’Etat, ce qui permet de réaliser des acquis pour les travailleurs». Grâce à la lucidité et à la clairvoyance de sa direction, l’Ugta a eu le mérite d’adapter sa stratégie et de saisir les enjeux durant cette période difficile.

La stabilité n’est pas seulement sécuritaire, elle est aussi au plan des acquis sociaux. Le «combat» acharné pour donner toute son amplitude à la production nationale est l’un des derniers hauts faits d’armes de l’Ugta. Les promoteurs de sa déstabilisation en veulent-ils à la paix sociale?