Les services de l’état civil de la commune d’Oran ont enregistré près de 2.500 naissances durant le premier semestre de cette année, soit une baisse par rapport aux années précédentes, selon un responsable de la commune d’Oran.
Cette baisse dans le nombre des naissances n’est pas forcément l’indice d’une nouvelle tendance à la baisse du taux de natalité, mais trouve plutôt son explication dans le nombre, de plus en plus élevé, des cas d’évacuation de patientes vers les établissements spécialisés sis dans différentes communes de la wilaya. Concernant la wilaya d’Oran, l’année 2010 a été marquée essentiellement par une augmentation du nombre des naissances.
Il a été ainsi recensé la naissance de 19.598 garçons et 18.611 filles soit un total de 38.209, selon l’Office national des statistiques. En 2009, la wilaya d’Oran avait enregistré la naissance de 18.217 garçons et 17. 179 filles, soit un total de 35. 396. Ce boom des naissances impose aux agents de l’état civil un rythme de travail soutenu et surtout une patience face aux exigences de bon nombre de parents qui innovent et veulent imposer des prénoms, parfois on ne peut plus extravagants. « Si le choix des prénoms était auparavant une affaire de femmes, actuellement il est devenu l’affaire de toute la famille. Même si les femmes sont mieux branchées que les hommes, surtout que bon nombre d’entre elles suivent régulièrement les programmes des chaînes satellitaires arabes, les hommes ont aussi leurs méthodes », dira un agent de l’état-civil. « Généralement, les hommes optent pour les listes de prénoms sur Internet », ajoute t-il.
« De nos jours, le choix du prénom du nouveau-né exige une large concertation, Des séances non-stop sont nécessaires pour que l’on puisse se mettre finalement d’accord sur un prénom moderne. Un prénom, orignal pas très répandu, et qui n’est porté par aucun membre de la famille et de l’entourage. On recoure toujours aux prénoms combinés, de manière à satisfaire tout le monde, dira le même agent. « Très rares sont ceux qui choisissent des prénoms anciens notamment dans les grandes villes comme Oran. »
Des prénoms qui viennent d’ailleurs Les prénoms algériens, comme Kouider, El Houari, Rabah, Khadija, Bakhta, Fatiha, Mokhtaria, Zohra… ont pratiquement, disparu des registres des naissances, ces dernières années. Toutefois, certaines familles choisissent ces anciens prénoms qui sont généralement des prénoms de l’un des grands parents comme deuxième prénom du nouveau- né. Mais, en général, les anciens prénoms ont cédé la place à des prénoms imposés par la mutation sociale, venus via les chaînes satellitaires arabes et occidentales, transformant les prénoms des Algériens en un mélange de prénoms orientaux et occidentaux et turcs, envahissant les dictionnaires des prénoms avec des Arij, Lamis, Ritaj, Rayane et Ryham, Noor, Haithem, Ragheb, Wail, Imad, Issam…
L’instruction du ministère de l’Intérieur adressée, au début des années quatre vingt-dix, à tous les services d’état civil dans les APC, stipulant la suppression des deux encyclopédies nationales relatives aux noms et prénoms algériens permis, a donné aux parents le choix. Par conséquent, ont assiste à une libanisation des prénoms algériens et peu importe le sens qu’ils ont et à un véritable bouleversement dans la liste des prénoms enregistrés. En effet, comme le vieux répertoire des prénoms de 1981, élaboré par le ministère de l’Intérieur n’est plus une référence de travail, les agents de l’état civil recourent souvent à une sorte d’ijtihad en homologuant certains nouveaux prénoms et en en refusant d’autres. « Certain citoyens imposent des prénoms qui n’ont aucun sens et ne se privent pas de solliciter, le cas échéant, des connaissances et des responsables de la ville pour que les agents concernés exaucent leurs voeux », nous confie un agent de l’état-civil.
Plusieurs nouveaux prénoms religieux ont fait leur apparition, à l’instar de « Djenna », « Niimât Allah » et « Salsabil », « Douaâ », « Tasnim », « Alaâ », « Aya ». « Il paraît que les prénoms sont remis à jour, c’est-à-dire sont à la mode, chaque deux générations », dira un père de famille rencontré au guichet des naissances de l’état-civil. « Ils nous ramènent des prénoms très difficiles à prononcer. Il faut demander aux parents de répéter deux ou trois fois pour comprendre ce qu’ils prononcent », ajoute-il. « Donner un prénom à son enfant, c’est une responsabilité devant lui et son avenir au cas où il sera humilié à cause de ce prénom, qui ne signifie rien ou signifie des choses bizarres, alors il faut faire très attention », dira un autre.